Le secrétaire général de la présidence et le patron du RDPC ont tenu une rencontre stratégique ce vendredi pour coordonner la campagne du président sortant. Une réconciliation qui met fin aux tensions internes et confirme la mainmise de Ngoh Ngoh sur la machine électorale.
Les deux hommes forts du système Paul Biya ont enterré la hache de guerre. Ferdinand Ngoh Ngoh, secrétaire général de la présidence, et Jean Nkuete, secrétaire général du comité central du RDPC, se sont rencontrés ce vendredi au palais de l'Unité pour une discussion stratégique sur la candidature du président sortant à la présidentielle d'octobre.
Cette rencontre intervient dans un contexte de tensions latentes entre les deux institutions. Comme l'avait révélé Jeune Afrique, l'absence de Ferdinand Ngoh Ngoh des listes communiquées par Jean Nkuete lors du remaniement du 25 mars dernier des instances du RDPC avait fait croire à un désaveu du secrétaire général de la présidence.
Il n'en était manifestement rien. La rencontre de ce vendredi confirme que Ngoh Ngoh reste "bel et bien au cœur de la stratégie de Paul Biya", malgré les spéculations sur une possible mise à l'écart. Les deux hommes ont visiblement choisi de faire front commun face aux défis de la campagne présidentielle.
Selon nos informations, les discussions ont porté sur la coordination entre le Comité stratégique de préparation de la campagne de Paul Biya, dirigé par Ferdinand Ngoh Ngoh, et les structures officielles du RDPC. Cette synchronisation était devenue urgente après que le secrétaire général de la présidence a pris les devants en lançant ses consultations avec les élus des dix régions du pays.
Le choix du palais de l'Unité pour ces consultations avait d'ailleurs "provoqué quelques remous en interne, certains y voyant une mise à l'écart du parti au profit du secrétariat général", selon nos sources. La rencontre avec Jean Nkuete semble viser à apaiser ces tensions et à clarifier les rôles de chacun.
Cette entrevue consacre néanmoins la prééminence de Ferdinand Ngoh Ngoh dans la gestion de la campagne présidentielle. Depuis le 1er juillet, date à laquelle il a dévoilé l'existence de son comité stratégique informel, le secrétaire général de la présidence a pris les commandes de la machine électorale.
Ses consultations avec les responsables des dix régions ont permis de confirmer aux délégations que "le président serait bel et bien candidat à sa succession". Un rôle d'annonceur qui traditionnellement revenait aux instances du parti, mais que Ngoh Ngoh s'est approprié.
La rencontre entre les deux hommes était d'autant plus nécessaire que le RDPC traverse une période de turbulences internes. L'élu local Léon Theiller Onana continue de réclamer un congrès, qui n'a plus été réuni depuis 2011, et s'est même déclaré candidat à la présidentielle sous les couleurs du RDPC.
Face à ces "voix discordantes", Ferdinand Ngoh Ngoh a recommandé "une mobilisation sans faille sur le terrain", tout en indiquant que "des stratégies de conquête électorale seraient bientôt définies". La coordination avec Jean Nkuete devrait permettre de mettre en œuvre ces stratégies de manière cohérente.
Cette montée en puissance de Ferdinand Ngoh Ngoh continue d'alimenter les spéculations sur l'état de santé de Paul Biya et sur "l'absence du président, qui permettraient à son secrétaire général de gouverner par procuration". Une perspective qui nourrit les discours de l'opposition depuis des années.
La rencontre avec Jean Nkuete peut aussi être interprétée comme une tentative de normaliser la situation en associant les structures officielles du parti aux décisions prises par le secrétaire général de la présidence. Une façon de montrer que Paul Biya reste aux commandes, même s'il délègue l'opérationnel à son bras droit.
Cette coordination entre les deux hommes forts du système intervient à un moment crucial. Avec la date limite de dépôt des candidatures fixée au 21 juillet, l'annonce officielle de la candidature de Paul Biya devient urgente. Selon certaines indiscrétions rapportées par Jeune Afrique, elle serait "contenue dans une lettre que le président s'apprête à adresser à ses compatriotes".
Le président se passerait ainsi de l'aval du bureau politique du RDPC, dont la convocation avait été envisagée puis abandonnée. Dans l'entourage présidentiel, on répète que "les statuts de la formation au pouvoir font à eux seuls de Paul Biya le candidat de droit du RDPC".
La rencontre entre Ferdinand Ngoh Ngoh et Jean Nkuete marque donc une étape importante dans la préparation de la campagne présidentielle. Elle confirme que, malgré les tensions internes, le système Paul Biya reste capable de se mobiliser pour un nouveau mandat, sous la houlette de son secrétaire général de la présidence devenu maître d'œuvre de la stratégie électorale.