Le leader de l'UNDP officialise sa rupture d'alliance avec le parti au pouvoir et affiche une assurance remarquable dans ses ambitions présidentielles lors du Comité central élargi de son parti.

Le Palais des Congrès de Yaoundé a vibré ce samedi 28 juin 2025 au rythme d'une déclaration politique majeure qui pourrait redéfinir l'équilibre des forces en vue de la présidentielle d'octobre. Bello Bouba Maïgari, figure historique de l'Union Nationale pour la Démocratie et le Progrès (UNDP) et personnalité influente du Grand Nord camerounais, a franchi le Rubicon en annonçant officiellement sa candidature à l'élection présidentielle.

Devant les militants de l'UNDP réunis en Comité central élargi, l'ancien allié du Rassemblement Démocratique du Peuple Camerounais (RDPC) n'a laissé place à aucune ambiguïté. "Je serai le futur président du Cameroun après l'élection d'octobre prochain", a-t-il déclaré avec une assurance qui témoigne de sa détermination à conquérir la magistrature suprême.

Cette proclamation directe, rare dans le paysage politique camerounais où les déclarations d'intention restent souvent mesurées, marque une rupture stylistique avec les codes habituels de la communication politique nationale. Le "digne fils de Baschéo", comme il aime à se présenter, affiche ainsi une confiance qui pourrait refléter une stratégie électorale assumée.

La déclaration de Bello Bouba Maïgari consacre officiellement la rupture entre l'UNDP et le RDPC, mettant fin à près de trois décennies d'alliance politique. Cette séparation, qui couvait depuis plusieurs mois selon les observateurs, transforme radicalement la donne politique dans le septentrion camerounais.
L'UNDP, parti fondé en 1991, avait progressivement évolué vers une alliance de fait avec le pouvoir central, permettant à Bello Bouba Maïgari d'occuper plusieurs postes ministériels et de maintenir une influence significative dans sa région d'origine. Cette rupture marque donc un tournant stratégique majeur pour les deux formations politiques.

L'entrée en lice de Bello Bouba Maïgari s'ajoute à celle d'Issa Tchiroma Bakary, autre figure du Grand Nord et ancien ministre démissionnaire, créant une dynamique inédite dans cette région stratégique du Cameroun. Cette double candidature illustre l'effervescence politique qui gagne le septentrion, traditionnellement considéré comme un bastion de soutien au pouvoir central.
Cette recomposition politique dans le Grand Nord pourrait avoir des répercussions importantes sur l'équilibre électoral national, compte tenu du poids démographique et de l'influence politique de cette région dans l'architecture institutionnelle camerounaise.

La candidature de Bello Bouba Maïgari, portée par un parti disposant d'une base militante organisée et d'une implantation territoriale significative, notamment dans les régions de l'Extrême-Nord, du Nord et de l'Adamaoua, pourrait modifier les calculs électoraux traditionnels.
L'UNDP, forte de son expérience politique et de ses réseaux locaux, représente potentiellement une alternative crédible pour les électeurs du Grand Nord qui souhaiteraient s'émanciper du vote d'allégeance au RDPC tout en restant dans une logique de représentation régionale.
Une stratégie de conquête assumée
L'assurance affichée par Bello Bouba Maïgari ("Je serai le futur président") suggère une stratégie de communication offensive, visant probablement à galvaniser ses troupes et à projeter une image de leader présidentiable. Cette approche directe contraste avec la prudence habituelle des candidats d'opposition camerounais.

Cette posture pourrait également viser à créer une dynamique positive autour de sa candidature, en projetant l'image d'un homme politique confiant dans ses chances de succès et capable de rassembler au-delà de sa base traditionnelle.

Malgré cette assurance affichée, Bello Bouba Maïgari devra relever plusieurs défis majeurs pour concrétiser ses ambitions. Il lui faudra notamment démontrer sa capacité à élargir son influence au-delà du Grand Nord, à construire des alliances stratégiques avec d'autres forces politiques et à proposer un projet de société convaincant pour l'ensemble des Camerounais.
La concurrence avec Issa Tchiroma Bakary sur le même segment électoral du septentrion pourrait également compliquer sa stratégie, risquant de diviser les voix de cette région et d'affaiblir l'impact politique de ces candidatures dissidentes.

L'officialisation de la candidature de Bello Bouba Maïgari s'inscrit dans un mouvement plus large de recomposition du paysage politique camerounais à l'approche de la présidentielle d'octobre 2025. Avec les défections successives d'anciens alliés du RDPC, l'élection s'annonce plus ouverte et plus compétitive que les précédentes.

Cette dynamique de rupture avec le parti au pouvoir pourrait encourager d'autres figures politiques à franchir le pas, contribuant ainsi à diversifier l'offre électorale et à enrichir le débat démocratique national.