À quelques semaines de l'élection présidentielle du 12 octobre 2025, les consultations stratégiques se poursuivent au plus haut niveau de l'État camerounais.
Ce jeudi 4 septembre 2025, le Palais de l'Unité à Yaoundé accueillera les chefs traditionnels de la région du Centre, dans le cadre des concertations préparatoires à la prochaine échéance électorale. Cette rencontre, organisée par le Ministre d'État Ferdinand Ngoh Ngoh, Secrétaire général de la Présidence de la République, s'inscrit dans la continuité des échanges initiés au nom du Chef de l'État avec les différentes composantes de la société camerounaise.
L'objectif affiché de cette rencontre est de discuter des enjeux du scrutin présidentiel avec les dépositaires de la tradition dans la région du Centre, considérée comme l'un des bastions politiques du pouvoir en place. Selon les sources officielles, les chefs traditionnels vont réaffirmer, dans le respect des institutions républicaines, leur attachement au leadership du Président Paul Biya, candidat déclaré à sa propre succession.
Cette audience programmée avec les autorités traditionnelles du Centre intervient après plusieurs rencontres similaires organisées depuis le début du mois avec d'autres personnalités influentes : chefs religieux, leaders communautaires et notables de diverses régions du pays.
Ces réceptions au Palais présidentiel continuent d'alimenter la controverse. Plusieurs acteurs de la société civile dénoncent ce qu'ils qualifient de "mélange des genres" et d'utilisation des moyens de l'État à des fins électoralistes. Selon ces voix critiques, de telles activités de soutien au candidat Paul Biya devraient plutôt avoir lieu au siège du Rassemblement démocratique du peuple camerounais (RDPC), le parti au pouvoir.
Philippe Nanga, coordonnateur de l'ONG Un monde avenir, avait récemment exprimé ses préoccupations face à ce "ballet au palais de l'Unité", y voyant des "actes de fraude" et un "effet symbolique très fort qui crée de la confusion".
Face à ces critiques, les responsables du parti présidentiel maintiennent leur position. Le député RDPC Engelbert Essomba Bengono avait défendu ces audiences en soulignant que "le président de la République incarne l'unité nationale" et qu'il était donc légitime que les composantes de la nation soient reçues par celui qui représente l'État camerounais.
Il convient de rappeler que c'est Jean Nkuete, Secrétaire général du comité central du RDPC, qui a été officiellement désigné pour coordonner la campagne nationale du Chef de l'État, selon la circulaire du 16 juillet signée par Paul Biya.Paul Biya, âgé de 92 ans et au pouvoir depuis 1982, brigue un huitième mandat présidentiel lors du scrutin prévu le 12 octobre 2025. Face à lui, onze candidats de l'opposition peinent à trouver une stratégie commune pour contester sa candidature, ce qui pourrait faciliter sa réélection.
La multiplication de ces rencontres au Palais de l'Unité témoigne de l'importance accordée par le pouvoir en place à la mobilisation des soutiens traditionnels dans cette course électorale, tout en soulevant des questions sur l'équité du processus démocratique au Cameroun.