Vous-êtes ici: AccueilActualités2023 05 31Article 725957

Actualités of Wednesday, 31 May 2023

Source: Le jour n°3927 du 30 mai 2023

Enterrer la hache de guerre : un nouvel espoir surgit dans le Noso

La guerre fait des victimes dans le Noso La guerre fait des victimes dans le Noso

La guerre anglophone dans un livre Nord-Ouest/Sud-Ouest. Le document publié par le Centre des droits de l’homme et de la démocratie en Afrique centrale sensibilise pour la fin du conflit.

En octobre 2016, une manifestation des enseignants et des avocats, originaires des régions du Nord-Ouest et Sud-Ouest Cameroun est organisée dans la ville de Buea pour dénoncer le trop plein d’enseignants et des magistrats francophones dans les instances judiciaires et dans les universités du Nord-Ouest et du Sud-Ouest.

Les deux manifestations réprimées par les forces de sécurité vont recevoir le renfort des autres corps sociaux. Buea et Bamenda se sont embrasés affectant le plus rapidement d’autres localités de ces deux régions. Les populations dans la rue dénoncent la marginalisation à laquelle elles font face.

Il s’en est suivie une vague d’arrestations, de destructions, de pillages de viols, d’enlèvements et de demandes de rançon. Quelques mois plus tard, les séparatistes décident de prendre les armes pour combattre l’armée régulière. Sur le plan humain, des morts du côté des civils et des militaires continuent d’être enregistrés jusqu’en 2023 dans le cadre de ce conflit.

Les images atroces de la guerre jointes en annexe de l’ouvrage, ainsi que les témoignages de certaines femmes victimes de viol et de personnes victimes d’enlèvement suffisent pour témoigner des conséquences de cette crise qui continue de paralyser la vie dans les deux régions.

Voilà la cause immédiate de ce qui est désormais appelé « la guerre anglophone ». Mais avant novembre 2016, il ressort que les populations des régions du Nord-Ouest et du sud-Ouest ressortissants du « Southern Cameroon », trainent des frustrations depuis 1961, période à laquelle cette partie du pays s’est ralliée à la République du Cameroun. Les revendications corporatistes de novembre 2016 n’étaient qu’un moyen d’exprimer ces frustrations qui datent des décennies.

Cette histoire est racontée dans un ouvrage intitulé : « Dans l’œil du cyclone entre le diable et la mer bleue profonde, les voix non entendues de la guerre anglophone au Cameroun ». L’ouvrage publié par le Centre des droits de l’homme et de la démocratie en Afrique centrale (CHRDA) a été présenté ce 23 mai 2023 à la Fondation Friedriech Ebert à Yaoundé.

Cet ouvrage a été rédigé avec la collaboration de plusieurs leaders d’opinion. « Ce livre ne se veut pas un autre livre sur l'histoire, la politique ou d'autres aspects généraux et vagues de la guerre anglophone. C'est tout à fait une autre chose. Il s'agit de la transcription sur papier de nombreuses voix hurlantes d'une foule. La foule est composée de tous ceux qui sont impliqués ou engagés dans la guerre anglophone. Quelques-unes de ces voix sont connues de tous, et leurs propos sont fréquemment entendus. Mais beaucoup d'autres ne sont pas entendues assez souvent. C'est parce qu'ils sont petits, soit par leur stature physique - comme les enfants - soit par leur stature sociale - comme les femmes des marchés et les enseignants, les artistes et les personnes déplacées. Nous voulons que tous les Camerounais s’arrêtent un moment et comprennent que cette guerre ne nous profite en rien. Il est question de réunir toutes les composantes sociales ainsi que les décideurs à travailler pour résoudre de manière pacifique cette crise », déclare Felix Agbor Balla, président et fondateur du CHRDA.