Le ministre des Sports évoque la Coupe du Cameroun mais évite soigneusement la crise avec la FECAFOOT

Alors que le football camerounais traverse l'une de ses crises les plus graves avec le limogeage de Marc Brys et la guerre ouverte entre le ministère des Sports et la FECAFOOT, le Pr. Narcisse Mouelle Kombi a publié ce mardi 3 décembre un communiqué qui... ne parle absolument pas du sujet. Un silence assourdissant qui interroge sur la stratégie du ministre face à Samuel Eto'o.


Dans une note d'information datée du 3 décembre 2025, le ministre des Sports et de l'Education Physique annonce qu'il présidera le jeudi 4 décembre la deuxième réunion préparatoire de la cérémonie de clôture de la saison sportive 2024-2025 et de remise solennelle des trophées aux clubs vainqueurs de coupes.
Cette rencontre sera également couplée à la finale de la Coupe du Cameroun de football qui opposera la Colombe Sportive du Dja et Lobo à la Panthère Sportive du Nde. Un événement sportif majeur qui se déroulera à 13 heures dans la salle VIP du Palais Polyvalent des Sports de Yaoundé.

Le communiqué précise que cette réunion aura pour objectif "l'évaluation des préparatifs au sein des différentes commissions d'organisation" et que "des appuis de l'État seront remis aux deux équipes finalistes au cours de cette réunion."

Ce qui frappe dans cette note d'information, c'est surtout ce qu'elle ne dit pas. Pas un mot sur Marc Brys, le sélectionneur des Lions Indomptables nommé par le ministère en avril 2024 et limogé par la FECAFOOT quelques jours seulement après la réélection de Samuel Eto'o.

Pas un mot sur la légalité contestée de ce licenciement, alors que Marc Brys lui-même a rappelé que son contrat liait le ministère et non la fédération, et que le ministre ne l'avait pas révoqué.

Pas un mot sur les 11 griefs détaillés par la FECAFOOT contre le technicien belge, ni sur les accusations de manipulation et de "bloqueurs affamés" qui circulent dans le milieu du football camerounais.

Ce mutisme du ministre Mouelle Kombi peut s'interpréter de deux manières. Soit il s'agit d'une stratégie calculée visant à laisser retomber la pression avant de réagir, soit c'est un aveu d'impuissance face au rouleau compresseur Samuel Eto'o, fraîchement réélu et plus puissant que jamais.

En choisissant de communiquer sur un événement sportif classique plutôt que sur la crise institutionnelle qui secoue le football camerounais, le ministre envoie un signal ambigu. Est-ce une manière de normaliser la situation et de reconnaître implicitement la victoire de la FECAFOOT ? Ou prépare-t-il une réponse plus structurée qui viendra ultérieurement ?


Pour Marc Brys, ce silence doit résonner comme un abandon. Le technicien belge, nommé par le ministère des Sports en avril 2024 malgré l'opposition farouche de Samuel Eto'o, se retrouve aujourd'hui seul face à la tempête.
Dans ses récentes déclarations, Brys a d'ailleurs souligné ce paradoxe : "Mon contrat court jusqu'en septembre. C'est un contrat avec le ministre, et il ne m'a pas renvoyé." Une phrase qui sonnait comme un appel au soutien, resté sans réponse jusqu'à présent.

Si le ministère ne réagit pas pour défendre son ancien protégé, cela signifierait que l'autorité gouvernementale capitule face à l'autorité fédérale dans la gestion de l'équipe nationale. Un précédent lourd de conséquences pour l'avenir des relations entre l'État et les fédérations sportives au Cameroun.

La finale de la Coupe du Cameroun entre Colombe Sportive du Dja et Lobo et Panthère Sportive du Nde, prévue pour le 4 décembre, se déroulera donc dans un contexte particulièrement tendu.

Difficile d'imaginer que la question Marc Brys et le conflit MINSEP-FECAFOOT ne seront pas évoqués dans les coulisses de cette cérémonie. D'autant que Samuel Eto'o, en tant que président de la fédération, sera également présent à cet événement majeur du calendrier footballistique camerounais.
Les deux hommes, Mouelle Kombi et Eto'o, se retrouveront-ils face à face ? Échangeront-ils sur la crise en cours ? Ou maintiendront-ils une distance glaciale, symbole d'un divorce définitivement consommé ?

En évitant soigneusement le sujet qui fâche, le ministre Mouelle Kombi laisse de nombreuses questions sans réponse :

Le ministère des Sports reconnaît-il la légitimité du licenciement de Marc Brys par la FECAFOOT ?

Le contrat liant Brys au ministère est-il toujours valide juridiquement ?
L'État compte-t-il défendre les prérogatives du ministère face aux décisions unilatérales de la fédération ?

Quelle sera la position officielle du gouvernement camerounais sur cette crise institutionnelle ?


Au-delà du cas spécifique de Marc Brys, c'est toute la question de la gouvernance du football camerounais qui est posée. Si une fédération peut licencier un sélectionneur nommé par le ministère des Sports sans que l'État ne réagisse, cela crée un précédent qui pourrait modifier en profondeur l'équilibre des pouvoirs dans le sport camerounais.

Samuel Eto'o sort manifestement renforcé de cette épreuve de force. Sa réélection triomphale, suivie du limogeage de Brys et du silence du ministère, consacre sa toute-puissance sur le football camerounais.

Pour l'heure, les observateurs du football camerounais attendent toujours une prise de position claire du ministre Mouelle Kombi. Son communiqué du 3 décembre, centré sur des aspects purement organisationnels, ne satisfait personne et alimente toutes les spéculations.

Le ministre prendra-t-il finalement la parole pour clarifier la position du gouvernement ? Ou considère-t-il que le chapitre Marc Brys est définitivement clos et qu'il est temps de passer à autre chose ?