Actualités of Thursday, 5 June 2025

Source: www.camerounweb.com

Eneo-Actis : les dessous d'une négociation à 78 milliards de FCFA

Le rachat des parts d'Actis dans Eneo par l'État camerounais révèle les complexités juridiques et financières qui entourent les désinvestissements au Cameroun. Jeune Afrique lève le voile sur les coulisses d'une négociation où chaque détail compte.

Dans ses révélations exclusives, Jeune Afrique confirme que le fonds britannique Actis a accepté l'offre camerounaise de 78 milliards de francs CFA (près de 119 millions d'euros) pour céder ses 51% dans Eneo. Cependant, David Alderton, négociateur en chef d'Actis et dirigeant de Cameroon Power Holdings (CPH), a posé une condition sine qua non : tous les arriérés dus par Eneo à Actis devront être intégralement réglés avant la finalisation de l'accord.
Cette exigence, révélée par Jeune Afrique, concerne notamment les arriérés au titre des contrats de services techniques et de personnel. Une clause qui pourrait compliquer le processus de finalisation et retarder le transfert effectif des parts.

Jeune Afrique dévoile un aspect méconnu de cette négociation : les fonds qu'Eneo doit à Actis sont actuellement bloqués par la Banque des États de l'Afrique centrale (BEAC). Cette situation résulte de l'application stricte de la réglementation des changes entrée en vigueur en mars 2019.
Selon les informations exclusives de Jeune Afrique, Actis espère une intervention du gouvernement camerounais auprès de la Banque centrale pour débloquer ces fonds. Une telle intercession renforcerait le pouvoir de négociation de Yaoundé, suggère un analyste cité par le magazine. Cependant, les négociateurs camerounais se montrent réticents, estimant que ce volet ne les concerne pas directement.

Jeune Afrique révèle l'urgence politique qui pèse sur ce dossier. Les négociateurs les plus optimistes tablent sur un horizon de trois mois pour boucler la transaction. Cette échéance serrée s'explique par le calendrier électoral : il faut finaliser le rachat avant que les esprits ne soient accaparés par la campagne présidentielle d'octobre.

Cette révélation de Jeune Afrique souligne l'enjeu politique majeur que représente ce dossier pour l'administration Biya. Le succès de cette opération pourrait constituer un atout électoral, démontrant la capacité de l'État à reprendre le contrôle de ses secteurs stratégiques.

Dans ses investigations, Jeune Afrique met en lumière le rôle central de la Société nationale d'investissements (SNI) dans ce processus. La Commission technique de privatisation et des liquidations (CTPL), jadis rattachée au ministère des Finances, a été intégrée à la SNI, le capital-investisseur public. Cette restructuration administrative, révélée par Jeune Afrique, illustre la volonté de l'État de centraliser la gestion de ses participations stratégiques.