Un appel à la raison au cœur des tractations présidentielles
À l'approche de l'élection présidentielle d'octobre 2025, alors que l'opposition camerounaise peine à trouver une voie commune, Abel Elimbi Lobé, figure politique et responsable du mouvement Kwatal, a livré une analyse sans concession des maux qui minent les forces d'opposition au Cameroun.
Dans une publication remarquée sur sa page Facebook, l'homme politique s'en est pris directement à une pratique qu'il juge destructrice : l'habitude de qualifier de "faux opposants" ceux qui osent exprimer des positions critiques au sein même de l'opposition.
"C'est un vrai signe de stupidité", a-t-il déclaré avec véhémence, dénonçant cette tendance qu'il considère comme contre-productive. Selon Elimbi Lobé, cette attitude révèle une incapacité fondamentale à accepter le débat interne et la remise en question, pourtant essentiels à toute progression politique.
L'autocritique comme condition sine qua non du progrès
Le responsable de Kwatal a martelé un principe qu'il estime fondamental : "Aucune opposition politique ne peut progresser sans autocritique". Cette déclaration, au cœur de son message, constitue un véritable plaidoyer pour une opposition mature, capable de se remettre en question et d'évoluer.
Cette prise de position intervient dans un contexte particulièrement tendu, où les tentatives de coalition entre les différentes formations de l'opposition se heurtent régulièrement à des querelles personnelles et des accusations mutuelles de compromission avec le pouvoir.
Elimbi Lobé a également mis l'accent sur la nécessité de préserver les fondements sociétaux dans toute démarche de changement politique. "En critiquant, protégeons d'abord les acquis, la sécurité sociale, l'ordre de la société et nos cultures", a-t-il souligné, établissant ainsi une hiérarchie claire des priorités.
Cette approche pragmatique contraste avec certains discours de rupture totale et témoigne d'une vision politique qui privilégie la continuité institutionnelle et sociale aux révolutions brutales.
Dans une métaphore particulièrement frappante, l'homme politique a défendu l'importance de la mémoire collective : "Nul n'a le droit d'effacer l'histoire d'un peuple ou d'un pays pour un rêve ou une prison dorée." Il a comparé l'histoire d'un peuple à une "boussole pour l'avenir de ce peuple", soulignant son rôle de guide dans les choix politiques à venir.
Cette position traduit une mise en garde contre les tentations de table rase que peuvent nourrir certaines ambitions politiques, qu'Elimbi Lobé associe à des "prisons dorées" - une allusion possible aux mirages du pouvoir qui peuvent aveugler les acteurs politiques.
Les propos d'Abel Elimbi Lobé interviennent à un moment charnière où l'opposition camerounaise tente, non sans difficultés, de se structurer face au parti au pouvoir. Son appel à l'unité et à la responsabilité politique transcende les querelles partisanes pour interroger les fondements même de l'action politique d'opposition.
Ce plaidoyer pour une opposition mature et autocritique pourrait influencer les débats internes qui agitent actuellement les différentes formations politiques, alors que l'échéance présidentielle approche et que les enjeux de rassemblement deviennent cruciaux.
Par cette prise de position, Elimbi Lobé se positionne comme une voix de la raison dans un paysage politique souvent dominé par les passions et les ambitions personnelles. Son message encourage une réflexion profonde sur les méthodes et les valeurs qui doivent guider l'opposition pour espérer incarner une alternative crédible au pouvoir en place.
Cette approche réflexive pourrait ouvrir la voie à un renouvellement des pratiques politiques au sein de l'opposition camerounaise, condition préalable à toute perspective de changement significatif dans le pays.