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Actualités of Monday, 24 October 2022

Source: www.camerounweb.com

Elèves assassinés à Kumba : les auteurs du crime identifiés, énorme surprise pour la population

Assassinat des élèves à Kumba Assassinat des élèves à Kumba

C’est toujours dans les mémoires. Les sept (07) élèves assassinés à Kumba ne sont pas oubliés. Justice n’a pas encore été rendu, c’est là où le bât blesse. Le journaliste Michel Biem Tong a décidé de faire bouger les lignes avec sa plume.

2 ans après : les assassins de 07 élèves à Kumba et leurs commanditaires à Yaoundé courent toujours / retour sur une opération de marketing politique qui a mal tourné

Ce fut une opération savamment montée par le pouvoir camerounais : (1) on forme des escouades de tueurs qui font irruption dans des écoles en zone anglophone, abattent ou enlèvent des élèves (2) les cyber-activistes grassement payés par le régime montent au créneau sur les réseaux sociaux pour condamner les « terroristes sécessionnistes » (3) on attend la réaction de l’opinion et de la presse internationales en défaveur du mouvement indépendantiste anglophone.

Le 24 octobre 2020, des hommes armés non-identifiés font irruption au Mother Fransisca Bilingual Academy of Fiango-Kumba et tirent sur des jeunes élèves. 7 seront tués et 13 autres blessés. Alors qu’on s’attendait à ce que le gouvernement camerounais annonce l’ouverture d’une enquête pour élucider les circonstances de ce drame, il s’est plutôt précipité à accuser le camp des indépendantistes anglophones.

Quelques secondes seulement après l’attaque, les activistes proches du régime ont rué dans les brancards sur les réseaux sociaux pour déclarer que ce sont les groupes armés indépendantistes anglophones qui ont assassiné ces enfants.

Un certain Cyrille Ntollo, proche parent du conseiller économique de Paul Biya, Ayem Mauger, est même allé jusqu’à attribuer des déclarations au leader séparatiste incarcéré Ayuk Tabe, déclarations selon lesquelles ce sont les combattants obéissant à son rival et successeur à la tête du Interim Government, Sako Ikome, qui ont abattu ces jeunes élèves alors que sur son compte Twitter ce 24 octobre 2020, Ayuk Tabe avait comparé ce massacre à celui de Ngarbuh commis le 14 février 2020 par des soldats camerounais.

Pourtant, d’après les investigations menées par l’auteur de ces lignes à l’époque, cette attaque du Mother Fransisca Bilingual Academy a été perpétrée par une escouade de 5 soldats camerounais en civil qu’accompagnait un combattant séparatiste repenti.

La veille s’est tenue à Elongo Garden Hotel de Kumba une réunion secrète en prélude à cette opération. Une réunion présidée par le préfet de Meme, Chamberlain Ntou’ou Ndong.

Le plan caché de ces opérations ciblant des établissements scolaires en zone anglophone visait à amener les gouvernements occidentaux (dont les USA), les ONG et médias internationaux à désigner le mouvement indépendantiste anglophone comme une organisation terroriste qui vise principalement les couches vulnérables dont les enfants.

C’était peine perdue puisque quelques heures après l’attaque, les Etats-Unis, l’Union européenne tout comme l’Union africaine ont dans leurs communiqués respectifs, condamné l’acte criminel non pas des séparatistes mais des « hommes armés non-identifiés ».

Le 2 novembre 2020, l’ONG Human Right Watch qui, visiblement, ne croyait pas à la thèse incriminant les séparatistes, a exigé dans un rapport l’ouverture d’une enquête indépendante avec le concours de l’Union africaine.

Prise au dépourvu, dos au mur, le pouvoir Biya ne sera réduit qu’à faire des mises en scènes peu convaincantes en vue de sauver ce qui peut encore l’être :
Ce même 24 octobre 2020 : Le préfet Chamberlain Ntou’ou Ndong ordonne l’arrestation par la police de la fondatrice de l’école attaquée, Judith Forbindia tout comme le principal de l’école et 2 enseignants (sans doute des témoins gênants de ce crime d’Etat).

Le 28 octobre 2020: le gouvernement camerounais annonce que General Wounky, chef de groupe armé séparatiste qui se trouvait en première ligne de l’attaque de l’école à Kumba (comment le sait-il ?), a été neutralisé par des soldats camerounais.

Le 20 novembre 2020: Le ministre de la Défense, Joseph Beti Assomo, déclare sur les antennes du Poste National de la Cameroon Radio and Television (Crtv) que les enquêtes ouvertes par son ministère de la Défense sont presque bouclées et que 3 des assassins des 7 élèves sur les 9 qu’ils étaient ont été neutralisés. (Comment les militaires qui ont mené l’opération savaient que les personnes ciblées et tuées étaient impliquées dans l’assassinat des élèves ?).

Le 2 décembre 2020: Le préfet de Meme, Ntou’ou Ndong, présente aux caméras des chaîne de télévision locales un certain Ngwa Neba à qui il donne du « commandant Zabra » et qu’il accuse d’être l’un des assassins de Kumba.

Le 6 septembre 2021: Le Tribunal militaire de Buea condamne 4 jeunes gens à la peine de mort à l’issue d’un procès dont nul n’était au courant de l’ouverture. Parmi ces jeunes gens condamnés à la peine capitale se trouvait un certain Ymeli Gildas, arrêté avant la survenue du massacre des élèves.

Dans un rapport publié le 22 octobre 2021, Human Right Watch a écrit : « les victimes du massacre de Kumba ont le droit de s’attendre à une véritable enquête et à ce que les responsables soient traduits en justice dans le cadre d’un procès équitable. Mais au lieu de cela, les autorités camerounaises semblent avoir imposé un simulacre de procès devant une juridiction militaire, avec un résultat prédéterminé, et aboutissant à un verdict de peine capitale, qui est pourtant illégale en vertu du droit international des droits humains ».

Tout porte à croire que seule la justice internationale pourra essuyer les larmes des familles de ces enfants assassinés car le régime Biya, réputé pervers et diabolique, a selon toute évidence décidé de noyer un crime d’Etat dans une parodie de procès.