Derrière le procès de l'assassinat de Martinez Zogo se joue une guerre bien plus vaste : le duel sans merci entre Léopold Maxime Eko Eko, l'ancien patron tout-puissant des renseignements extérieurs, et Jean-Pierre Amougou Belinga, le baron de la presse accusé d'avoir commandité le crime. Selon des documents judiciaires et des sources sécuritaires exclusives obtenues par Jeune Afrique, ce procès historique met à nu les luttes fratricides qui déchirent l'élite camerounaise depuis des années.

Le procès a révélé des tensions palpables entre les deux hommes. Eko Eko, l'ancien patron de la DGRE, maintient avec force n'avoir eu qu'"une relation strictement professionnelle" avec Belinga, se limitant à avoir décliné une invitation à un baptême. Pourtant, les juges ont devant eux le témoignage accablant de Justin Danwe, ancien chef des opérations de la DGRE, qui a reconnu avoir organisé l'enlèvement de Martinez Zogo sur ordre présumé de Belinga.

"Comment le directeur général pouvait-il ignorer une opération d'une telle envergure menée par son propre service ?", s'interroge un procureur sous couvert d'anonymat. La défense d'Eko Eko rétorque en brandissant les réformes qu'il avait initiées à la DGRE, notamment l'obligation d'un ordre écrit pour toute action sensible - une procédure qui n'aurait pas été suivie dans ce cas.