Actualités of Wednesday, 12 November 2025

Source: www.camerounweb.com

EXCLUSIF : la formation du nouveau gouvernement retardée par Issa Tchiroma

Alors que Paul Biya souhaite intégrer des figures de la société civile, la crise déclenchée par Issa Tchiroma Bakary perturbe les plans de recomposition et complique la recherche de nouveaux profils.

La publication du nouveau gouvernement, attendue depuis la réélection de Paul Biya à la présidentielle d’octobre 2025, tarde à se concrétiser. Selon des sources proches de la présidence, ce retard s’explique en grande partie par la situation volatile dans le Grand Nord, où la contestation menée par Issa Tchiroma Bakary continue de mobiliser. L’opposant, réfugié au Nigeria mais gardant une influence certaine dans sa région d’origine, contrarierait ainsi les plans de Yaoundé en maintenant une pression populaire et en empêchant un retour au calme nécessaire à toute reconfiguration politique.

Si le chef de l’État exprimerait sa volonté d’ouvrir son exécutif à des « visages connus de la société civile », selon les termes d’un proche collaborateur, cette ambition se heurte à une double difficulté : d’une part, la méconnaissance personnelle de ces personnalités par le président, d’autre part, un contexte régional qui rend périlleuse toute initiative d’élargissement.


« Le président veut innover, mais lui-même ne connaît personne dans ce milieu », confie une source gouvernementale sous couvert d’anonymat. Les intermédiaires chargés de prospecter peineraient à identifier des personnalités crédibles, acceptables à la fois par le pouvoir et par une opinion publique de plus en plus méfiante. La situation dans le Nord, où les partisans de Tchiroma restent actifs, ajoute à la complexité : comment intégrer des représentants d’une région en proie à une défiance aussi marquée envers le pouvoir central ?

En maintenant la pression depuis l’extérieur et en s’érigeant en figure incontournable du Nord, Issa Tchiroma Bakary force le régime à reconsidérer ses équilibres internes. « Toute nomination doit désormais être évaluée à l’aune de son impact sur la stabilité dans le Grand Nord », analyse un diplomate en poste à Yaoundé. L’opposant, bien qu’affaibli selon certaines sources, réussit ainsi à peser indirectement sur la composition du futur gouvernement – une forme d’influence à distance que le pouvoir ne peut ignorer.

Alors que les rumeurs de négociations secrètes entre les deux camps circulent toujours, une chose est certaine : la crise post-électorale, loin de s’achever, reconfigure en profondeur les rapports de force et les stratégies de gouvernance. Le prochain gouvernement, quel qu’il soit, devra composer avec l’ombre portée de Tchiroma sur le Nord… et désormais, sur les arcanes du pouvoir.