Yaoundé, Cameroun - Alors que la machine électorale du RDPC se met en marche pour la présidentielle d'octobre 2025, des informations exclusives révèlent que les marchés d'acquisition des gadgets de campagne ont été attribués à des entreprises liées à l'entourage familial de Paul et Chantal Biya.


Selon nos sources, les contrats portant sur la production et la fourniture des articles de campagne - pagnes à l'effigie du président sortant, t-shirts, casquettes, téléphones portables personnalisés et autres gadgets promotionnels - auraient été remportés par des sociétés appartenant ou liées aux enfants du couple présidentiel et à leurs proches collaborateurs.


Cette attribution des marchés s'inscrit dans un contexte où le RDPC déploie des moyens considérables pour cette campagne, comme en témoignait récemment la prestation très remarquée de Robert Nkili, vice-président du Sénat, arborant "une chemise en pagne à l'effigie de Paul Biya" lors d'une messe à Akonolinga.

L'ampleur de cette commande reflète l'ambition du parti présidentiel de saturer l'espace public avec les symboles de la candidature de Paul Biya. La création d'une "cellule cybernétique" chargée notamment de la communication numérique, annoncée dans l'organisation de campagne du 23 juillet, s'accompagne donc d'un volet matériel tout aussi important.

Les gadgets concernés ne se limitent pas aux traditionnels supports textiles. La gamme inclut des objets technologiques personnalisés, notamment des téléphones portables aux couleurs de la campagne, illustrant la volonté du RDPC de moderniser ses outils de communication tout en conservant les codes classiques de la propagande électorale.

Cette attribution des marchés intervient dans un contexte où Ferdinand Ngoh Ngoh, secrétaire général de la présidence, s'est imposé comme le véritable maître d'œuvre de la campagne présidentielle. Malgré son absence ostensible de la réorganisation officielle du RDPC en mars dernier, il bénéficie du soutien de la première dame Chantal Biya et a su placer ses alliés aux postes clés de l'équipe de campagne.

L'équipe officielle de campagne, dirigée par Jean Nkuété mais composée essentiellement d'"alliés, de soutiens ou de proches de Ferdinand Ngoh Ngoh", pourrait avoir facilité ces attributions de marchés en faveur de l'entourage familial présidentiel.

Cette pratique s'inscrit dans une logique bien établie au sein du pouvoir camerounais, où les grandes opérations publiques bénéficient traditionnellement aux réseaux proches du sommet de l'État. Les campagnes électorales, par leur envergure et leurs budgets conséquents, constituent des opportunités particulièrement prisées.

La multiplication des "événements pour mobiliser toutes les couches de la population", comme la récente rencontre avec les chefs traditionnels du Littoral organisée par Ferdinand Ngoh Ngoh au Palais de l'unité, nécessite une logistique importante et des volumes considérables de matériel promotionnel.

Si les montants exacts de ces contrats ne sont pas connus, l'ampleur de la campagne du RDPC - qui vise un huitième mandat pour Paul Biya - laisse présager des enjeux financiers considérables. La stratégie de communication massive déployée par le parti présidentiel depuis plusieurs mois requiert des investissements substantiels en matériel promotionnel.


Cette révélation illustre une fois de plus les interconnexions entre pouvoir politique et intérêts économiques au Cameroun, où les proximités familiales et les réseaux d'influence continuent de structurer l'attribution des marchés publics, même dans le contexte sensible d'une campagne électorale.




Alors que Paul Biya se prépare à briguer un nouveau mandat face aux défis sécuritaires et économiques du pays, cette affaire révèle les coulisses moins reluisantes d'une machine électorale où les intérêts familiaux semblent primer sur la transparence démocratique.