Actualités of Monday, 23 June 2025
Source: www.camerounweb.com
Une enquête exclusive dévoile les rouages secrets du système de protection présidentielle à quatre mois de l'élection
À l'approche de l'élection présidentielle camerounaise, une investigation exclusive de Jeune Afrique lève le voile sur l'organisation ultra-sophistiquée qui entoure Paul Biya depuis quatre décennies. Derrière la façade institutionnelle se cache un réseau sécuritaire complexe, forgé par la peur et perfectionné par l'expérience.
Le traumatisme fondateur de 1984
Selon les révélations de Jeune Afrique, c'est bien la tentative de coup d'État du 6 avril 1984 qui a façonné l'actuel dispositif sécuritaire camerounais. Cette date charnière a transformé radicalement l'approche sécuritaire du régime Biya, passant d'une protection classique à un système de défense multicouche unique en Afrique centrale.
L'enquête de Jeune Afrique révèle comment Paul Biya a méthodiquement restructuré son appareil sécuritaire après cet événement traumatisant, transformant la Garde républicaine en Garde présidentielle et créant un réseau d'institutions spécialisées dont lui seul maîtrise tous les rouages.
Les architectes de la sécurité présidentielle
Le stratège militaire : Général Emmanuel Amougou
Jeune Afrique révèle le rôle central du général de brigade Emmanuel Amougou, chef d'état-major particulier du président, véritable chef d'orchestre de la protection présidentielle. Cette figure méconnue du grand public coordonne discrètement tous les aspects militaires des déplacements de Paul Biya et constitue le lien entre le palais et les forces armées.
Son influence s'étend bien au-delà du protocole militaire : il supervise la coordination stratégique entre les différentes branches sécuritaires, faisant de lui l'un des hommes les plus puissants mais les plus discrets du régime.
L'homme de confiance : Ivo Desancio Yenwo
Depuis 2004, selon les informations exclusives de Jeune Afrique, Ivo Desancio Yenwo dirige la Direction de la sécurité présidentielle (DSP) avec une autorité absolue. Son parcours illustre parfaitement la logique du système Biya : récompenser la fidélité éprouvée dans l'épreuve du feu.
Originaire de la région anglophone du Nord-Ouest, Yenwo s'est illustré en 1984 en contribuant directement à faire échouer le coup d'État. Cette loyauté sous pression lui a valu la confiance totale de Paul Biya pour les missions les plus sensibles : protection rapprochée du couple présidentiel et sécurisation des résidences.
Jeune Afrique révèle que la DSP sous sa direction fonctionne comme un service parallèle, avec des agents souvent en civil qui forment le premier cercle de protection, invisible mais omniprésent.
Le commandant opérationnel : Colonel Raymond Jean Charles Beko'o Abondo
L'enquête de Jeune Afrique met en lumière le rôle crucial du colonel Beko'o Abondo à la tête de la Garde présidentielle. Sous sa direction, cette unité d'élite a considérablement renforcé ses capacités, notamment avec la formation de 700 nouveaux commandos en février 2024 au Centre d'entraînement et de recyclage des unités au combat.
Plus révélateur encore, Jeune Afrique dévoile que c'est à lui que Paul Biya a confié l'enquête sensible sur l'affaire Hervé Parfait Mbapou, témoignage de la confiance absolue du président envers cet officier.
Les zones d'ombre du système
Le retour en grâce de Joseph Fouda
Jeune Afrique révèle un épisode méconnu mais significatif : la mise à l'écart temporaire puis la réhabilitation du contre-amiral Joseph Fouda. Impliqué dans l'affaire Mbapou, ce conseiller spécial en matière de défense et de sécurité a retrouvé ses fonctions après une période d'éloignement.
Cette révélation de Jeune Afrique illustre la complexité du système Biya : même les plus proches collaborateurs peuvent connaître des disgrâces temporaires, mais les compétences techniques spécialisées, comme la gestion des communications sécurisées présidentielles, finissent par l'emporter sur les considérations disciplinaires.
Un système unique en Afrique
L'investigation de Jeune Afrique révèle que le modèle sécuritaire camerounais se distingue par sa sophistication et sa redondance. Contrairement à d'autres régimes africains qui s'appuient sur une garde prétorienne unique, Paul Biya a créé un système de sécurité à géométrie variable, avec des institutions qui se complètent et se surveillent mutuellement.
Cette architecture complexe, dont Jeune Afrique dévoile aujourd'hui les rouages, explique en partie la longévité exceptionnelle du régime Biya dans un contexte régional marqué par l'instabilité politique.
Les enjeux de l'élection présidentielle
À quatre mois de l'élection présidentielle, ces révélations de Jeune Afrique prennent une dimension particulière. Le défilé du 20 mai 2025, 43e en tant que président pour Paul Biya, n'était pas qu'une simple cérémonie protocolaire, mais une démonstration de force et de contrôle de l'appareil sécuritaire.
L'enquête de Jeune Afrique montre comment, année après année, cette mise en scène du pouvoir sert à rassurer les fidèles et à dissuader les opposants, dans un contexte où chaque élection présidentielle camerounaise soulève des questions sur la capacité du président octogénaire à briguer un nouveau mandat.
Les révélations exclusives de Jeune Afrique confirment que Paul Biya demeure le seul véritable maître de ce système complexe qu'il a patiemment construit. Cette architecture sécuritaire unique en Afrique, forgée par le traumatisme de 1984 et perfectionnée au fil des décennies, constitue l'une des clés de compréhension de la longévité politique exceptionnelle du président camerounais.
Alors que le Cameroun se dirige vers une nouvelle échéance électorale sous haute tension, ces révélations de Jeune Afrique éclairent d'un jour nouveau les mécanismes qui maintiennent Paul Biya au pouvoir depuis plus de quatre décennies, faisant de lui l'un des dirigeants les plus durables du continent africain.