Actualités of Saturday, 18 October 2025

Source: www.camerounweb.com

EXCLUSIF —Arrestation d'Issa Tchiroma: Paul Biya affirme ne pas avoir autorisé la militarisation de Garoua

Image illustrative Image illustrative

Le chef de l'État confie à ses conseillers qu'il ignorait les opérations de déploiement militaire massif dans la capitale du Nord


Dans un entretien privé avec l'un de ses conseillers, Paul Biya aurait déclaré n'avoir ni ordonné ni même être informé de la militarisation massive de la ville de Garoua, intervenue dans le contexte post-électoral du 12 octobre 2025.
Ces révélations, obtenues en exclusivité, soulèvent des questions cruciales sur les chaînes de commandement et la gouvernance de crise au sein de l'appareil d'État camerounais.


Depuis le scrutin présidentiel du 12 octobre, la ville de Garoua, capitale de la région du Nord, a connu un déploiement militaire d'une ampleur exceptionnelle. Chars d'assaut, effectifs blindés et postes de contrôle ont transformé le paysage urbain, alimentant les craintes de la population civile et suscitant les critiques nationales et internationales.


Or, selon les confidences du chef de l'État à son conseiller, ces opérations auraient été menées sans son aval préalable — voire à son insu.



Cette confession présidentielle révèle un dysfonctionnement majeur : un écart potentiel entre les ordres du sommet de l'État et leur exécution sur le terrain. Si les propos attribués à Paul Biya sont exacts, cela soulève plusieurs hypothèses préoccupantes.


Soit les commandants militaires ont agi de leur propre initiative, anticipant des troubles à l'ordre public. Soit ils ont reçu des instructions d'intermédiaires n'ayant pas consulté la présidence. Soit encore, il existe une fragmentation du pouvoir exécutif qui échappe partiellement au contrôle présidentiel.
Une telle situation remettrait en question la cohérence de la chaîne de commandement et l'effectivité du pouvoir central — des enjeux critiques en


Cette déclaration intervient au moment où la légitimité du scrutin est contestée par des segments importants de la population. L'opposition et certains observateurs internationaux ont dénoncé les « déploiements militaires disproportionnés » comme autant de tentatives d'intimidation électorale.
Si le chef de l'État n'était effectivement pas au courant, cela pose une question embarrassante : qui gouverne vraiment le pays en ce moment critique ?
Inversement, si cette affirmation doit être interprétée comme une tentative de distanciation face à des opérations impopulaires, elle révèle une stratégie de communication où le chef de l'État se positionne comme victime d'une machine administrative qu'il ne contrôlerait plus entièrement.



Les habitants de Garoua ont rapporté une présence sécuritaire suffocante. Des curfews informelles, des arrestations préventives et des checkpoints omniprésents ont marqué les jours suivant l'élection. Des vidéos circulant sur les réseaux sociaux montraient des résidents terrifiés par l'ampleur du dispositif militaire.
Cette militarisation massive contrastait fortement avec la promesse présidentielle d'une « élection paisible et transparente ». Elle a également alimenté les récits de l'opposition selon lesquels le régime aurait prévu à l'avance de museler toute contestation.



Qu'il soit véridique ou stratégique, cet aveu présente un dilemme politique pour le chef de l'État. Soit il admet une perte de contrôle sur l'appareil sécuritaire — ce qui sape sa légitimité. Soit il tente de se dédouaner de responsabilité dans des opérations impopulaires — ce qui crée l'impression d'une présidence fantoche.
Dans les deux cas, la confiance envers l'intégrité du processus électoral et la cohérence du commandement d'État s'en trouve affectée.



Au moment où le Conseil Constitutionnel procède au dépouillement des procès-verbaux électoraux, ces révélations sur les dysfonctionnements administratifs ajoutent une couche supplémentaire de complexité à la crise post-électorale camerounaise.


Le besoin d'une transparence complète — tant sur les résultats électoraux que sur les décisions sécuritaires — devient d'autant plus pressant que la légitimité institutionnelle du processus ne cesse de s'éroder.