Une correspondance sensible révélée par le lanceur d'alerte Boris Bertolt met en lumière les tensions au sommet de l'État camerounais


Une révélation explosive du lanceur d'alerte Boris Bertolt jette un éclairage troublant sur les coulisses du pouvoir camerounais en 2024. Selon ses informations, le ministre de l'Économie, de la Planification et de l'Aménagement du territoire, Alamine Ousmane Mey, aurait été empêché par Ferdinand Ngoh Ngoh de se rendre aux États-Unis pour participer aux Assemblées générales du Fonds monétaire international (FMI) et de la Banque mondiale.

Face à cette entrave majeure à l'exercice de ses fonctions ministérielles, Alamine Mey aurait pris l'initiative inhabituelle d'écrire directement au président Paul Biya pour s'enquérir de sa situation. Dans sa correspondance, le ministre aurait posé une question directe au chef de l'État : bénéficiait-il toujours de sa confiance ?

La réponse présidentielle, selon Boris Bertolt, aurait été sans équivoque : "Oui, vous avez ma confiance". Cette assurance du président contraste avec l'opposition rencontrée par le ministre de la part du Secrétaire général de la présidence.

Cette révélation intervient dans un contexte où les relations entre les différents pôles de pouvoir camerounais semblent tendues. Les Assemblées annuelles 2024 du FMI et de la Banque mondiale se sont tenues à Washington du 21 au 26 octobre, constituant un rendez-vous crucial pour les responsables économiques des pays membres.

Pour le Cameroun, ces assemblées revêtent une importance particulière compte tenu des relations suivies que le pays entretient avec ces institutions financières internationales. Le 3 octobre 2024, soit quelques semaines avant les assemblées, Alamine Mey recevait à Yaoundé une délégation du FMI conduite par Cemile Sancak dans le cadre des 7èmes Revues des Programmes.

Paradoxalement, pendant cette période, le ministre Alamine Mey continuait d'exercer ses fonctions officielles. Le 17 octobre 2024, il participait à Yaoundé à la cérémonie de célébration des 60 ans de la Banque africaine de développement en Afrique centrale, où il exprimait sa "profonde satisfaction vis-à-vis des actions de la Banque au Cameroun".
Lors de cet événement, le ministre déclarait attendre de la BAD qu'elle "inspire de grandes ambitions, incarne une vision de développement inclusif et durable, et soit un modèle de robustesse et de gouvernance exemplaire". Ces propos, tenus quelques jours avant les assemblées du FMI, prennent une résonance particulière au regard des révélations de Boris Bertolt.

Cette affaire soulève des interrogations sur les mécanismes de décision au sein de l'exécutif camerounais. Comment un ministre peut-il être empêché par le Secrétaire général de la présidence de participer à des rencontres internationales relevant directement de son portefeuille ministériel ? Cette situation révèle les zones d'ombre du fonctionnement institutionnel camerounais.
La révélation de Boris Bertolt, connue pour ses dénonciations sur la gouvernance camerounaise, ajoute un nouvel épisode aux tensions récurrentes observées au sommet de l'État. Elle met également en lumière le rôle central joué par Ferdinand Ngoh Ngoh dans l'architecture du pouvoir camerounais.