Actualités of Monday, 8 December 2025

Source: www.camerounweb.com

EXCLU - Marc Brys brise le silence : "Ma décision dépend du MINSEP, pas de la FECAFOOT"

Le technicien belge attend la position officielle du ministère des Sports et ignore délibérément Samuel Eto'o


Dans un silence assourdissant qui dure depuis l'annonce de son limogeage par la FECAFOOT le 1er décembre, Marc Brys a enfin accepté de s'exprimer. Dans des propos exclusifs recueillis par notre rédaction, le sélectionneur belge des Lions Indomptables adopte une posture aussi claire que stratégique : il n'attend qu'une seule réaction, celle de son véritable employeur, le ministère des Sports (MINSEP).

"Pour le moment je ne veux pas réagir sur le sujet. Ce qui est important pour moi c'est la décision du MINSEP et non celle de la FECAFOOT. Alors je veux observer et voir comment les choses vont se passer", nous a confié Marc Brys après plusieurs tentatives de contact.
Cette déclaration, mesurée mais ferme, traduit le positionnement juridique et politique du technicien flamand. En refusant de reconnaître l'autorité de la fédération présidée par Samuel Eto'o dans cette affaire, Brys renvoie la balle dans le camp du gouvernement camerounais, qui l'a nommé en mai dernier sur instruction du président Paul Biya.


Le ton se durcit lorsque le sélectionneur évoque les limites de sa communication : "Mais pour mon opinion à moi est claire, je ne veux pas parler du sujet avec des personnes qui ne sont pas impliquées."
Un message à peine voilé adressé à tous ceux qui, dans l'entourage de la FECAFOOT ou ailleurs, tenteraient de l'amener à se prononcer prématurément. Marc Brys semble avoir bien compris que cette crise dépasse largement le cadre sportif pour devenir un bras de fer institutionnel entre Samuel Eto'o et le pouvoir central.


L'attitude du technicien belge n'a rien d'improvisée. En attendant la réaction du MINSEP, Brys place le ministère des Sports face à ses responsabilités. Soit Narcisse Mouelle Kombi assume le limogeage et négocie les indemnités de départ, soit il conteste la décision d'Eto'o et réaffirme l'autorité de l'État sur la gestion de l'équipe nationale.

Cette position de principe est d'autant plus compréhensible que Marc Brys perçoit un salaire mensuel de 45 000 euros versé directement par le MINSEP, et non par la fédération. Son contrat, qui court jusqu'au 30 septembre 2026, le lie juridiquement au ministère des Sports. Une réalité contractuelle qu'il brandit désormais comme un bouclier face aux décisions unilatérales d'Eto'o.


Ce silence de Marc Brys met une pression maximale sur le ministère des Sports, qui se trouve aujourd'hui dans une impasse. D'un côté, réagir officiellement reviendrait à entrer en conflit ouvert avec Samuel Eto'o, dont les soutiens au sein de la présidence de la République ne sont plus un secret. De l'autre, ne rien faire équivaudrait à abandonner un cadre technique nommé sur instruction du chef de l'État, au risque de créer un dangereux précédent.
Selon nos informations, des instructions auraient été données par la présidence à Narcisse Mouelle Kombi de temporiser, le temps que Paul Biya et son entourage tranchent définitivement sur l'attitude à adopter face au président de la FECAFOOT.

En restant ferme sur ses positions, Marc Brys rappelle également l'aspect financier du dossier. S'il devait être officiellement démis de ses fonctions, l'État camerounais devrait lui verser au minimum 450 000 euros correspondant aux dix mois de salaire restants, sans compter les éventuelles indemnités de rupture anticipée de contrat.


Une facture qui s'ajouterait aux sommes dues aux autres membres du staff technique également écartés par Eto'o, alors que le Cameroun traverse une période économique difficile. Un argument que le technicien belge connaît parfaitement et qui renforce sa position dans cette négociation silencieuse.


Pendant ce temps, David Pagou, le nouveau sélectionneur nommé par la FECAFOOT, se trouve dans une position inconfortable. Comment préparer sérieusement une CAN lorsque la légitimité même de votre nomination est contestée ? Comment construire une dynamique d'équipe quand plane l'ombre d'un possible retour en arrière si le MINSEP décide de réaffirmer l'autorité de Marc Brys ?
La préparation des Lions Indomptables pour le tournoi marocain s'en trouve gravement compromise, à trois semaines du coup d'envoi.

Cette prise de parole exclusive de Marc Brys met en lumière l'absurdité d'une situation où personne ne sait vraiment qui commande : la fédération ou le ministère ? Samuel Eto'o ou Paul Biya ? Dans un pays où le football est historiquement un enjeu politique majeur, cette confusion des pouvoirs risque de coûter cher aux Lions Indomptables.

Le technicien belge, lui, a choisi son camp : celui de la légalité contractuelle. En s'accrochant à son employeur officiel et en ignorant la FECAFOOT, il oblige l'État camerounais à clarifier enfin qui détient réellement l'autorité sur la sélection nationale.


"Je veux observer et voir comment les choses vont se passer", a conclu Marc Brys. Cette phrase résume parfaitement l'expectative dans laquelle se trouve le football camerounais. Une expectative qui ne pourra pas durer éternellement, la CAN 2025 approchant à grands pas.


Le MINSEP devra bientôt sortir de son mutisme. Et lorsqu'il le fera, sa décision aura des répercussions qui dépasseront largement le seul cadre sportif. Il s'agira de savoir si l'État camerounais peut encore imposer ses choix face à une fédération dirigée par l'un des plus grands footballeurs de l'histoire du pays, mais dont les méthodes de gouvernance divisent profondément.


Marc Brys, de son côté, attend. Patiemment. Mais fermement. Et son silence en dit parfois plus long que bien des déclarations fracassantes.