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Actualités of Tuesday, 27 June 2023

Source: Le Jour N°3947

Du poisson pourri au port de Douala : qui va payer?

15 milliards de Fcfa de pertes 15 milliards de Fcfa de pertes

L’importateur Congelé du Cameroun (Congelcam) et la Régie du Terminal à Conteneurs (RTC) se rejettent la responsabilité de conteneurs avariés.
Le conflit ouvert entre l’importateur de produits halieutiques, Congelcam et la Régie du Terminal à Conteneurs (RTC) du port autonome de Douala a connu de nouveaux développements. La trame du litige reste la même. Congelcam accuse la RTC d’avoir débranché certains conteneurs de stockage laissant ainsi pourrir une importante partie de la cargaison de poissons importés par l’opérateur.

La RTC rejette ces accusations en bloc et se plaint de ce que Congelcam a voulu utiliser ses magasins comme espace de stockage. Une réunion de crise visant à concilier les parties en conflit a été tenue par le ministre du commerce, Luc Magloire Mbarga Atangana, le 07 juin 2023 à Yaoundé. La consultation très houleuse a débouché sur la décision de faire sortir les conteneurs du port après des inspections appropriées pour éviter de mettre des produits avariés sur le marché. 432 conteneurs avariés A l’arrivée, on enregistre un résultat déconcertant et des pertes historiques de l’aveu même des hauts responsables de Congelcam. Sur un total de 764 conteneurs inspectés, Congelcam a identifié 432 conteneurs impropres à la consommation contre 332 conteneurs de bonne qualité. Soit un taux de 57 % de conteneurs au contenu avarié.


Emmanuel Ndjoumessi, Dg Gttma, l’un des transporteurs de Congelcam plaide : « nous avons payés tous les frais, y compris la douane sur l’ensemble de tous les conteneurs. Lorsque nous avons voulu sortir nos conteneurs, nous avons constaté qu’il y avait parmi qui étaient avariés et nous avons stoppé. La RTC nous a obligé à sortir les 640 conteneurs tout en sachant qu’ils avaient laissé délibérément ces conteneurs non branchés et que ça avait provoqué des avaries. Mais nous avons dit que l’empoisonnement de la population ne pouvait jamais passer par nous.»

15 milliards de Fcfa de pertes

Face à cette situation inédite, Congelcam ne décolère pas. Levi Deffo, l’avocat de l’entreprise renchérit. « Nous avons des pertes d’environ 60% de ce qui avait été importé. Il y a plusieurs niveaux des pertes. Des frais payés en amont en vue d’enlever. Le premier débat, consistait à dire que nous avons bloqué le port. Que nous n’avons pas enlevé soit disant parce qu’on n’avait pas où entreposer. Au final on parle des pertes de l’ordre de 14 à 15 milliards de Fcfa », fulmine-t-il. Cette version est une fois encore fermement contestée par la RTC. « L’importateur des produits halieutiques qui n’a pas les infrastructures de stockage nécessaires pour les milliers de conteneurs importés aux mépris des textes, entend faire payer la RTC ses égarements. Le PAD-RTC est-il responsable des poissons pourris dans les conteneurs frigorifiques stocké sur le terminal à conteneurs. NON », écrit le Port autonome de Douala dans un communiqué parvenu à notre rédaction le 26 juin 2023.

« La RTC ne peut répon- dre des avaries »

tion en vigueur, la Régie du Terminal à containers (RTC) du Port autonome de Douala souligne qu’elle ne peut en aucun cas répondre des avaries, vols ou incendies causés à la marchandise pendant cette période . La RTC convoque le décret N.85/1278 du 26 septembre 1985 portant règlement de la police et de l’exploitation dans les domaines portuaires dont l’article 40 stipule que: « durant la période d’entreposage, les marchandises sont sous la responsabilité des acconiers lorsqu’elles sont sur les quais, terre-pleins et dans les hangars ». La RTC rappelle qu’ « en 2015, Congelcam avait engorgé le Terminal à Conteneurs alors géré par l’ancien concessionnaire Douala International Terminal. Le 23 mai 2015, après une réunion tripartite pouvoirs publics-acteurs du secteur maritime et portuaire-importateurs de poisson, le relevé des conclusions consensuelles en son point 2 dit: « pour le futur, et ce, à compter du 25 mai 2015, le principe opposables à tous sera celui de l’enlèvement direct. Le recours aux installations de DIT (devenu RTC) ne devant intervenir que de manière exceptionnelle et ponctuelle ».

Qui va payer ?

De plus, la RTC cite le décret du 26 septembre 1985 en son article 43 qui dit: « les marchandises avariées ou détériorées, les matériaux cassés et les déchets restant sur les quais, les terre-pleins doivent être enlevés sans délais par le propriétaire ». Elle souligne en outre que face aux milliers de conteneurs de Congelcam, elle a été « obligé d’investir en augmentant les bornes de branchement allant de 250 à 730 bornes et acquérant de nouveaux générateurs pour satisfaire un seul importateur et en refoulant plusieurs navires à cause de l’engorgement de la plate-forme, perdant ainsi des centaines de millions ».


Au delà des implications sanitaires que Congelcam dit avoir maitrisé, le poisson avarié étant systématiquement sous le contrôle des autorités compétentes, il reste l’épineuse question de la lourde note engendrée par ce litige. Congelcam dit ne pas vouloir rentrer dans un bras de fer et privilégie une solution à l’amiable pour sortir de l’impasse. La RTC pour sa part affirme ne pas se sentir concernée par la sulfateuse assourdissante soulignant que Congelcam paye là le prix de « ses propres turpitudes ».