Actualités of Friday, 12 September 2025

Source: www.camerounweb.com

Double jeu: voici le vrai visage de Cabral Libii

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À moins d'un mois du scrutin présidentiel du 12 octobre 2025, l'opposition camerounaise peine toujours à trouver son unité. L'exemple le plus frappant de cette division vient de Cabral Libii, candidat du Parti Camerounais pour la Réconciliation Nationale (PCRN), qui multiplie les signaux contradictoires sur la question cruciale d'une éventuelle coalition.


Lors de son passage dans l'émission "Journal Afrique" de TV5 Monde, le jeune politicien de 43 ans a livré un discours pour le moins paradoxal. Pressé par le journaliste sur sa propre implication dans les appels à la coalition qu'il prône publiquement, Cabral Libii a minimisé l'urgence de cette union : "La priorité pour les Camerounais actuellement, ce n'est pas de coaliser."

Cette déclaration surprend au regard de ses récentes sorties médiatiques où il appelait justement à un rassemblement de l'opposition. "Je vais vous étonner : historiquement, depuis 1992, les trois premiers à chaque élection présidentielle remportent plus de 95 % des suffrages", a-t-il justifié, suggérant que l'électeur camerounais fait déjà ses choix de manière "rationnelle".


Ce positionnement marque un net changement de cap par rapport aux déclarations de Cabral Libii il y a quelques mois, quand il s'était dit prêt à renoncer à sa candidature pour un "projet de transition". Aujourd'hui, il propose plutôt un processus en trois étapes : "un projet commun, une stratégie commune pour la surveillance du vote, et des critères objectifs pour désigner l'un d'entre nous."


Cette évolution soulève des questions sur ses véritables intentions. S'agit-il d'une stratégie mûrement réfléchie ou d'un repositionnement tactique pour préserver ses chances personnelles ?

Dans la même intervention, le leader du PCRN n'a pas hésité à critiquer les "septuagénaires" de l'opposition, qu'il appelle à se regrouper pour "éviter la confusion". Cette attaque générationnelle, dirigée notamment vers des figures comme John Fru Ndi ou Ni John Fru Ndi, peut certes séduire une jeunesse en quête de renouvellement politique.

Cependant, cette approche risque également d'approfondir les fractures au sein d'une opposition déjà très divisée. Les observateurs politiques s'interrogent sur la pertinence de ces clivages générationnels quand l'enjeu principal reste l'alternance démocratique.

Le cas Cabral Libii illustre parfaitement les défis auxquels fait face l'opposition camerounaise. Entre les ambitions personnelles légitimes de chaque candidat et la nécessité stratégique de s'unir face au pouvoir en place, les leaders peinent à trancher.

"Cette année, une surprise se prépare au Cameroun… Les Camerounais se mobilisent pour mettre fin à la fraude électorale", a conclu Cabral Libii, sur une note d'optimisme. Reste à savoir si cette "surprise" viendra d'une opposition unie ou d'une fragmentation qui pourrait, paradoxalement, profiter au camp au pouvoir.


Avec le scrutin qui approche à grands pas, le temps presse pour l'opposition camerounaise. Les électeurs attendent des réponses claires sur la stratégie à adopter. La posture ambiguë de Cabral Libii – entre appels à l'union et préservation de ses intérêts politiques – reflète une opposition qui continue de chercher son chemin vers une alternative crédible.

La question demeure : l'opposition saura-t-elle dépasser ses divisions internes pour proposer un front uni, ou assistera-t-on à une nouvelle dispersion des voix qui pourrait compromettre les chances d'alternance que réclament de nombreux Camerounais ?