Actualités of Sunday, 10 August 2025

Source: www.camerounweb.com

Douala : Le projet secret de restauration du palais des rois Bell dévoilé

Jeune Afrique révèle en exclusivité les détails du projet de restauration de l'ancienne résidence royale de la dynastie Bell, relancé discrètement par le ministère de la Culture en avril 2025. Un chantier qui cristallise les enjeux mémoriels au cœur de la capitale économique camerounaise.

Un projet tenu secret jusqu'à présent vient d'être révélé par Jeune Afrique. Le gouvernement camerounais a discrètement relancé en avril 2025 la restauration du palais des rois Bell, cette "Pagode" construite en 1905 et aujourd'hui en ruine dans le quartier de Bonanjo à Douala.

Selon les révélations exclusives de Jeune Afrique, ce projet associe le ministère de la Culture, la Communauté urbaine de Douala et la chefferie Bell dans une démarche inédite de réconciliation mémorielle. L'objectif, comme l'a appris Jeune Afrique, est de transformer le site en "centre d'interprétation historique".

Cette information, révélée en exclusivité par le magazine, marque un tournant dans la politique patrimoniale camerounaise, longtemps accusée de négliger l'héritage des royautés traditionnelles.

Dans un entretien exclusif accordé à Jeune Afrique fin juin dans son palais de Bonanjo, Jean-Yves Eboumbou Douala Manga Bell, roi du canton Bell depuis 2012, livre ses motivations profondes : "Ce n'est pas une nostalgie du trône. C'est une exigence de vérité historique. Ce lieu est une balise."
Ces déclarations exclusives à Jeune Afrique révèlent l'enjeu identitaire majeur que représente cette restauration pour les populations duala. "Il faut que les jeunes générations se réapproprient le sens de leurs racines. Car qui ne sait pas qui il est ne sait pas où il va", confie-t-il au magazine.
L'héritage douloureux de 1914
L'enquête exclusive de Jeune Afrique replace ce projet dans son contexte historique tragique. Le palais est le symbole d'une résistance qui s'est soldée par la pendaison du roi Rudolf Douala Manga Bell en 1914, accusé par l'administration coloniale allemande d'avoir attisé la révolte contre les expropriations du plateau Joss en 1910.

Jeune Afrique révèle que cette mémoire douloureuse explique l'importance symbolique accordée aujourd'hui à la restauration de l'édifice, classé monument historique mais laissé à l'abandon pendant des décennies.

L'investigation de Jeune Afrique décrit pour la première fois les spécificités architecturales de cette résidence royale, construite pour le roi Auguste Manga Ndumbe Bell. L'édifice présente une "architecture hybride mêlant gothique européen et influences locales", une originalité qui justifie son surnom de "Pagode" donné par l'écrivain Louis-Ferdinand Céline lors de son séjour à Douala en 1916-1917.

Cette description exclusive de Jeune Afrique souligne l'importance patrimoniale d'un bâtiment qui témoigne des syncrétismes culturels de l'époque coloniale.

L'enquête de Jeune Afrique révèle également les liens entre ce projet de restauration et l'écosystème culturel existant. Le centre Doual'Art, fondé en 1991 par la princesse Marilyn Douala Manga Bell et son époux Didier Schaub, se trouve "à quelques pas" du palais en ruine.


Dans une interview exclusive accordée à Jeune Afrique, la princesse explique cette proximité géographique n'est pas fortuite : elle s'inscrit dans une démarche globale de "mise en scène où la mémoire et la ville dialoguent avec la création".

L'entretien exclusif de Jeune Afrique avec le roi Jean-Yves Eboumbou Douala Manga Bell révèle sa philosophie de la continuité dynastique : "Le sens de la continuité dynastique, pour nous, c'est l'enracinement. Retrouver sa place dans la communauté, comme le cœur est à sa place dans le corps. Une ville sans mémoire perd son équilibre."