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Actualités of Sunday, 13 November 2022

Source: L'Oeil du Sahel du 14-11-2022

Douala : 1000 Nordistes «arnaqués» dans un litige foncier à Manoka

Il y a un chef de 3e degré du nom de Yaouba Mama qui avait signé ce protocole Il y a un chef de 3e degré du nom de Yaouba Mama qui avait signé ce protocole

Soucieux d’explorer de nouveaux espaces face au boom démographique que connait la ville de Douala, des fils du Septentrion ont trouvé en l’île de Manoka, dans l’arrondissement de Douala 3e, un repaire. Ils ont cru avoir trouvé la
«terre promise», jusqu’à ce que la désillusion s’invite à leur rêve.
Selon des témoignages, ils représentent 90% des souscripteurs pour l’acquisition de 600 lots de 400 m2 dans cette île. «Yaouba Mama, qui représentait la communauté nordiste a plus contacté ses frères parce que c’était une belle opportunité d’avoir des terrains pour construire et sortir de la location à Douala où il n’y a plus d’espaces», raconte une source.

Mais, poursuit un chef de communauté nordiste, « Le représentant du chef de Dongo au canton Missipi, qui n’est plus de ce monde, avait organisé une escroquerie. Il appelait chaque chef de communauté du Grand-Nord et prenait de l’argent pour donner du terrain à ces ressortissants nordistes. Il y a eu une sorte de protocole
d’accord.

Il y a un chef de 3e degré du nom de Yaouba Mama qui avait signé ce protocole avec le représentant du chef, pour l’achat de 600 lots de 400 m2. Ce, pour un montant de 220 000 FCfa par lot. Et selon cet accord, les 220 000 FCfa, c’était pour ériger un pot afin de relier les arrondissements de Douala 3e et Douala 6e, et encourager les gens à aller habiter à Manoka comme il n’y a plus d’espaces dans la ville de Douala. Les gens se sont enregistrés et ils ont commencé à faire le faux. Le représentant du chef a perçu environ 57 millions FCfa.
Voyant que les gens et les nordistes en particulier s’intéressent aux terrains, le représentant du chef a doublé la mise, voire triplé les prix. Donc, il fallait désormais débourser 660 000 FCfa par lot». D’après les témoignages des victimes nordistes, Yaouba Mama ne va pas accepter cette augmentation, et va entrer en disgrâce auprès du représentant du chef. Un certain Yaya Madi fait son entrée en scène. Une autre brouille survient, et finalement, le nommé Yaya
Mamoudou est aux avantpostes des négociations foncières. «

Les souscripteurs, après investigation, se sont rendus compte qu’ils ne traitent
qu’avec le représentant, pas le chef lui-même. Ils sont allés à Buea, pour rencontrer le chef du village Dongo. Ce dernier leur a dit ne pas être au courant de ce qui s’est passé avec son représentant qui se trouve être son frère. Et quand il a demandé à son frère ce qui s’est passé, le représentant lui a craché qu’il n’est plus chef. C’est comme ça que la bataille entre les deux a commencé», susurre une source. Mais, indique un chef de communauté, « le véritable problème qui se pose, c’est que l’argent que le représentant prenait était apparemment partagé avec le sous-préfet. Bref, le chef a cherché à trouver un terrain d’entente avec les Nordistes qui ont acheté le terrain chez son frère. Ils se sont dit qu’il y aura un lotissement où ces gens seront recasés. Le chef a donc effectué une descente pour recaser les victimes et le sous-préfet s’est opposé. Toute la communauté du Grand-Nord s’est aligné derrière le vrai chef. Evidemment le représentant du chef était du côté du sous-préfet».

660 000 FCFA PAR LOT

Anang Ndong-Wallang Walter, sous-préfet de Manoka, s’est montré très ouvert, s’indignant de la tournure que l’affaire a prise sur les réseaux sociaux. « J’ai demandé au chef de Dongo qui lui a dit que je lui ai attribué le terrain, il ne m’a jamais répondu. Ici à Manoka, on n’a pas de terrain, donc, je n’ai jamais fait un papier à qui que ce soit. C’est plutôt le chef qui a initié cette bande de brigands. Je l’ai interpellé plusieurs fois, il n’a jamais répondu. Il menace les gens et maintenant, c’est lui qui joue la victime», a-t-il déclaré d’emblée.

De toutes les manières, en tant qu’autorité administrative, il précise avoir arrêté toute transaction foncière dans le campement de Missipi et le village Dongo. Et d’accuser que «le chef est en train de vendre les terrains parce que j’ai demandé à certaines personnes qui les a installées, ils m’ont dit que c’est bien le chef. Il m’a dit le lui foutre le camp et a menacé mon adjoint. Il monte des brigands pour maltraiter des villageois avec les machettes. Il dit être protégé par certaines autorités. Et comme il a écrit, ça n’a pas marché, il a décidé d’opter pour les réseaux sociaux. Mais les réseaux sociaux ne m’intimident pas ; si quelqu’un veut savoir ce qui se passe, il n’a qu’à venir dans mon bureau. Il y a de multiples plaintes de ce que ce chef fait dans son village».

Le sous-préfet se lâche particulièrement, en affirmant que : « Il a rencontré les chefs de communauté du Grand-Nord et leur a dit que leur ennemi, c’est moi. J’ai aussi rencontré ces chefs et je leur demandé si je peux refuser aux gens de s’installer dans mon unité. Encore que les gens n’aiment même pas s’installer à Manoka, et du coup, comment je peux refuser ? Je leur ai demandé de venir présenter leur projet. Mais j’ai envoyé au moins 20 convocations, personne ne s’est pointé, jusqu’à ce que l’affaire se retrouve sur les réseaux sociaux. Même le chef n’est pas venu, il ne m’a rien dit et a préféré tout faire seul.

Maintenant, s’ils prennent les terrains, comment vont faire les autochtones de ce campement ?» S’estimant désabusé par le chef traditionnel, le sous-préfet confie : « Quand vous me voyez sortir de mes gongs dans l’extrait de la vidéo, c’est parce que le chef m’avait déjà tellement manqué de respect. Sauf que ce n’est qu’une partie de la vidéo qui a été postée sur les réseaux sociaux».

Accusé vertement par le sous-préfet, Sa majesté Nouck Nouck Job de Dieu, chef de Dongo, s’est prêté au jeu des contre-arguments. « Mon représentant n’a pas posé de tels actes, mais c’est un membre de ma famille, de regrettée mémoire, qui en était l’auteur. Nos frères du Grand-Nord étant naïfs, avaient cru, un tant soit peu, que ce membre de ma famille était effectivement le chef traditionnel ; ils s’étaient laissés berner. Informé de la situation, sachant pertinemment que c’était un membre de la famille, je me suis dit que je n’ai aucun intérêt qu’il se retrouve incarcéré», a-t-il dit.