Actualités of Thursday, 18 December 2025

Source: www.camerounweb.com

Deuil national: quelque chose de lourd se trame, Issa Tchiroma enlève la joie à Paul Biya

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Un geste inédit vient de secouer le paysage politique camerounais en cette période festive. Ce mercredi 17 décembre 2025, depuis Paris, la « Présidence élue de la République du Cameroun » a décrété une période de deuil national du 20 décembre 2025 au 2 janvier 2026. Une décision sans précédent qui transforme les célébrations de fin d'année en acte de résistance politique.

Par la voix de Me Alice Nkom, porte-parole du président élu Issa Tchiroma Bakary, cette instance parallèle au pouvoir de Yaoundé a rendu public un communiqué officiel aussi solennel qu'audacieux. Le ton employé ne laisse aucun doute sur la gravité de la démarche : il s'agit d'une confrontation frontale avec le régime en place.


Cette décision intervient dans un climat social explosif, marqué par ce que le texte qualifie sans détour de « tragédies récentes qui ont endeuillé de nombreuses familles camerounaises ». Loin d'être une simple déclaration de principe, ce deuil national s'inscrit dans une stratégie politique de mobilisation et de contestation du pouvoir établi.


Pour justifier cette mesure exceptionnelle, le communiqué pointe du doigt plusieurs événements tragiques qui ont secoué le Cameroun ces derniers mois. « L'assassinat impuni de notre frère Moussa Alhadji et la répression violente à Meiganga » figurent en tête des griefs énoncés.


Mais les accusations ne s'arrêtent pas là. Les signataires dénoncent avec véhémence « la politique de violence, d'arrestations arbitraires et de négligence délibérée des autorités ». Deux cas précis sont mis en avant pour illustrer cette situation : « la mort en détention d'Anicet Ekane et la dégradation des conditions de Djeukam Tchameni ».
Ces accusations graves dessinent le portrait d'un système judiciaire et sécuritaire défaillant, où les droits fondamentaux seraient bafoués et l'impunité régnerait en maître.



Face à cette situation qu'elle juge intolérable, la « Présidence élue » franchit un cap symbolique majeur en appelant les Camerounais à boycotter les célébrations de fin d'année. « Nous ne pouvons festoyer tandis que nos proches sont victimes d'un pouvoir injuste », martèle Me Alice Nkom dans le document.
L'appel se veut précis et mobilisateur : « Portons du noir les 25 décembre et 1er janvier, observons une minute de silence quotidienne à midi, et mettons en berne toute marque de liesse ». Un protocole de deuil détaillé qui vise à transformer les jours de fête en journées de recueillement collectif et de protestation silencieuse.

Comme le dit un proverbe camerounais évoqué dans le communiqué : « quand la case du voisin brûle, l'eau n'est jamais loin ». Autrement dit, le malheur qui frappe certains citoyens aujourd'hui peut toucher n'importe qui demain. D'où cet appel à la solidarité nationale face à ce qui est présenté comme une dérive autoritaire.

Pour la « Présidence élue », ce protocole de recueillement dépasse largement le simple hommage aux victimes. Il se veut un acte politique fort, une déclaration de guerre pacifique au régime en place. « Cet acte de recueillement est un devoir de mémoire et une résistance pacifique contre l'oubli et l'impunité », précise le communiqué avec solennité.


En appelant à la solidarité des forces vives de la nation, l'organisation conclut sur une note à la fois grave et porteuse d'espoir : « leur sacrifice rappelle qu'un Cameroun juste et digne reste à bâtir ». Un message clair adressé à tous ceux qui aspirent à un changement politique au Cameroun.

Pour l'heure, les autorités officielles de Yaoundé n'ont pas encore réagi à cette déclaration fracassante. Aucun communiqué du gouvernement, aucune réponse du ministère de la Communication, aucune prise de position de la présidence de la République. Ce silence peut être interprété de multiples façons : dédain, stratégie d'évitement, ou peut-être préparation d'une riposte à venir.
Les autorités n'ont pas non plus répondu aux allégations concernant les conditions de détention mentionnées dans le communiqué, ni aux accusations d'assassinats et de répression violente. Un mutisme qui alimente les spéculations et renforce le sentiment d'impunité dénoncé par l'opposition.

Les observateurs de la vie politique nationale suivent cette situation avec une attention particulière, d'autant plus qu'elle intervient à l'approche des grands rassemblements de la Nativité. Traditionnellement, les fêtes de fin d'année sont des moments de liesse populaire, de retrouvailles familiales et de manifestations publiques de joie.

Transformer ces moments festifs en périodes de deuil et de protestation constitue un pari risqué mais audacieux. Reste à savoir si les Camerounais répondront massivement à cet appel au boycott, ou si les festivités traditionnelles prendront le dessus sur les considérations politiques.

Il convient de rappeler que la « Présidence élue de la République du Cameroun » représentée par Issa Tchiroma Bakary est une structure politique contestée, non reconnue par les institutions officielles camerounaises. Cette instance parallèle revendique une légitimité électorale que le pouvoir de Yaoundé lui dénie totalement.

Néanmoins, par ce type d'actions symboliques fortes, cette organisation tente de s'imposer comme une alternative crédible dans le paysage politique camerounais. Le succès ou l'échec de cet appel au boycott des festivités constituera un test significatif de sa capacité de mobilisation réelle sur le terrain.
Les prochains jours diront si ce deuil national décrété depuis Paris trouvera un écho dans les villes et villages du Cameroun, ou s'il restera une déclaration politique sans suite concrète.