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Actualités of Friday, 30 December 2022

Source: www.camerounweb.com

Deuil : l’hommage inspiré de Wilfried Ekanga

MRC Wilfried Ekanga MRC Wilfried Ekanga

Le militant du MRC Wilfried Ekanga a pris sa plume pour rendre hommage au Roi Pelé mort à 82 ans.

Dieu est mort !
ET DIEU ETAIT NOIR !!!
Le Père, le Fils, le Saint-Esprit

Trois, comme le nombre de Coupes du Monde à son d'actif ; trois, comme le nom de la ville natale de l'artiste ( « Tres Coracoes », c'est-à-dire « les Trois Cœurs ») ; trois, comme le nombre de mariages contractés par l'homme à la vie privée orageuse, sur laquelle on ne s'étalera pas ici. Ce qui est certain, c'est que l'individu aimait évoluer par paquets de Trinité. Il s'appelait Pelé, et on l'appelait le Roi.
Ne vous y trompez pas : il y a Pelé, et il y a les autres. À une époque où les pelouses n'étaient qu'un champ de patates, où les défenseurs commettaient des attentats sans prendre de carton, où le matériel d'entraînement et la logistique médicale n'avaient rien à voir avec ce qu'on a aujourd'hui, Edson Arantes do Nascimento a défié les règles de la logique et du rationnel. À une époque où les caméras ne vous suivaient pas partout pour immortaliser le moindre de vos mouvements, de vos buts, de vos actions d'éclat, il a éclaboussé de sa légende trois générations ! Oui, avant lui le foot n'était qu'un sport ; avec lui c'est devenu un art, une chanson, une symphonie.

Si Maradona est appelé le Roi par les Argentins, si Eusebio est appelé le Roi par les Portugais, Pelé est appelé le Roi par... le monde entier ! Et personne n'a envie de débattre dessus, car ça ne se débat pas. Le maître absolu, c'est lui ! Et alors que les Ballons d'Or n'existaient pas encore pour les ressortissants non-européens, l'homme aux 77 buts en 92 rencontres sous les couleurs de la Seleçao (1283 buts au total, dont près de 800 homologués) a rendu au monde du football LA copie parfaite, la plus belle feuille d'examen qu'on ait jamais vue dans l'histoire du ballon rond. De ses débuts en 1956 à l'âge de 16 ans à sa retraite en 71, il aura martyrisé les adversaires les plus intrépides, de la France de Raymond Kopa au Portugal du fameux Eusebio, et il est à ce jour le meilleur buteur de l'histoire de la Coupe Intercontinentale, disparue en 2004.
LA COUR DES GRANDS, DES TRÈS TRÈS GRANDS
Un but en quarts, un triplé en demies, un doublé en finale. Six buts en trois matches d'une Coupe du Monde (1958) où il a pourtant commencé sur le banc... et à 17 ans ! Voilà ce qu'on retient du parcours démoniaque d'un magicien qui ne ressemble à personne d'autre. Ce que Pelé fait sur les terrains n'est pas normal ; c'est un fou. Et ce ne sont pas ses 643 buts en seulement 656 matches avec le FC Santos qui diront le contraire. Celui que le gouvernement brésilien désigne comme « Trésor National » dès 1962 pour empêcher son transfert vers les géants d'Europe (Real, Milan...) pratique un sport que nul ne comprend. Il n'y a aucune explication cohérente à ce qu'on le voit faire sur le pré vert. L'homme est un miracle ambulant, un talent sauvage et sans pitié.

Mais lors du Mondial chilien de 62, après son premier match et un but contre le Mexique, le jeune homme voit son muscle le lâcher et est contraint d'abandonner la compétition. Fort heureusement, ce Brésil-là vient d'un autre univers, et même sans son joyau pour la suite, il remporte le tournoi, aidé par les 4 buts d'un autre sorcier, un dribbleur né, Manuel Garincha, surnommé « l'ange aux pieds en arc » ! Oui, celui-là même dont le stade porte le nom dans la capitale Brasilia, et où le Cameroun se fera corriger 4-1 face au Brésil de Neymar en 2014

Effrayés par les performances d'un OVNI tombé accidentellement sur terre depuis les étoiles, les adversaires vont élaborer, lors du mondial 66 en Angleterre, un « Plan anti-Pelé », visant à anéantir la machine de guerre avec tous les moyens de bord ! C'est ainsi que lors du premier match, après son but habituel - évidemment -, il est broyé une première fois par un défenseur bulgare, et va assister à la rencontre suivante face à la Hongrie sur le banc. Il revient lors du troisième match opposant le Brésil au Portugal, et est victime d'un autre tacle assassin par une sentinelle portugaise, qui nécessitera de gros bandages. Avec son chef d'orchestre découpé comme une saucisse, la Seleçao quitte la compétition à la stupeur générale.
Mais ne dit-on pas jamais 2 sans 3 ?

L'année 1970 apporte quelques innovations. C'est notamment la première coupe du Monde en couleur à la télévision. Et justement, le Brésil aussi a repris des couleurs. L'œil imbibé du désir de vengeance, Pelé - déjà le Roi avant le sacre - va exorciser tout ce qu'il croisera sur son passage, en commençant par les pauvres Anglais (vaniqueurs de l'édition précédente), puis les Roumains (à qui il colle un petit doublé pour dire bonjour), avant de croiser l'Uruguay en demies. Les Auriverde ont pour mission de faire oublier le cauchemar de 1950 et la défaite au légendaire stade Maracana, face aux Uruguayens. 3 buts à 1 plus tard, c'est chose faite, avec un Pelé qui n'a pas marqué, mais qui a décoloré la télévision des salons de tous les ménages avec des actions de grande classe. Ses buts, il les réserve pour la finale, et c'est l'Italie qui va payer la facture au stade Azteca de Mexico. Le numéro 10 envoie trois passes décisive et un but, et deveint le seul être vivant à avoir remporté trois fois le Mondial. La planète entière comprend alors ce qu'elle savait déjà en fait : un monstre vit parmi nous !

DEPLOIE TES AILES

Et pourtant, le maître prend la décision de quitter l'équipe nationale dès l'année suivante, à seulement 33 ans, car il considère qu'« il vaut mieux partir quand on veut que tu restes plutôt que quand on veut que tu partes ». Après quelques années supplémentaires au FC Santos à causer des nuits blanches à ses vis-à-vis, il s'exile aux USA au sein du New York Cosmos, pour populariser une discipline qui n'intéresse pas grand monde chez l'oncle Sam. Et ça va marcher - évidemment ! -. 66 buts plus tard, il en devient l'un des symboles majeurs, avec dans la besace le championnat local, remporté en 77 aux côtés du Kaiser allemand, le double Ballon d'Or Franz Beckenbauer. Pelé en termine meilleur joueur avec 13 buts et 10 passes, et ça commence à en faire trop. À croire que les autres joueurs ne sont que des troncs d'arbre !

Et puisque tout a une fin, le Seigneur du football prendra sa retraite définitive la même année, pour devenir le symbole, le mythe, la légende qu'il est aujourd'hui, et qu'on nous raconte depuis notre naissance. Un fait exceptionnel se produit d'ailleurs en 1969, au cours d'une tournée africaine du FC Santos. Alors que Pelé et sa bande croisent le fer face au Nigeria à Lagos en pleine guerre du Biafra (1967-1970), les deux camps qui s'affrontent décident d'un cessez-le-feu d'environ 48 heures le temps du match, et Samuel Ogbenmudia, gouverneur de la région frontalière d'avec les séparatistes, décide d'ouvrir le pont à la circulation afin de permettre aux passionnés de foot d'assister à la rencontre, et de voir de leurs propres yeux, celui dont on se demande s'il existe vraiment.

Aujourd'hui Pelé n'existe plus ; le Roi est mort ! Et pourtant, le Roi vit ; Pelé existera toujours, puisqu'il a toujours existé depuis que nous existons. Toute la terre dit adieu et merci à un champion d'exception, à une entité mystérieuse dont personne n'a osé vraiment contester la couronne. Pendant 82 années irréelles, nous avons eu la preuve que Dieu existe... et qu'il est noir !
EKANGA EKANGA CLAUDE WILFRIED

( À faire à la maison : Combien de Ballons d'Or aurait-il remporté s'il n'y avait pas eu ces règles discriminatoires ? Et s'il avait dans le même temps évolué au Real Madrid ?

Finalement il vaut mieux ne pas savoir. Car ça aurait été un chiffre barbare pour les cœurs fragiles )