Issa Tchiroma Bakary a de nouveau pris la parole dans le style qui lui est tant particulier. Dans une sortie exclusive, l'homme politique devenu plus célèbre par la force des choses, qui croit dur comme fer avoir remporté l'élection présidentielle du 12 octobre passé, est catégorique. Paul Biya et le Rassemblement démocratique du peuple camerounais (RDPC) ne le feront pas ses désister de sitôt.
Dans l'intervention de Tchiroma, on l'entend dire : « Camerounaises, Camerounais, mes chers compatriotes, depuis la proclamation de résultats tronqués, arrachés à la vérité des urnes par le Conseil constitutionnel, notre pays traverse une tension inédite. Une fois encore, la volonté du peuple a été confisquée, la souveraineté populaire piétinée. Mais cette fois, le peuple s'est levé. Debout, digne, courageux, il a dit non à la confiscation du pouvoir.
Dans toutes les régions, du Nord au Sud, de l'Est à l'Ouest, les Camerounais se sont exprimés pacifiquement, avec la seule arme que leur accorde la Constitution : leur voix. Et pourtant, cette voix a été accueillie par le fracas des armes. Les balles réelles ont répondu aux chants de liberté. Nos parents, nos enfants ont été fauchés dans la fleur de l'âge, et les marches pacifiques ont été transformées en répression aveugle, avec des délits de faciès.
Aujourd'hui, le bilan provisoire est lourd : arrestations arbitraires de leaders politiques, d'acteurs de la société civile, de créateurs de contenus et de milliers de manifestants, des centaines de morts et de blessés, des familles entières plongées dans le deuil, rappelant les épisodes traumatisants de 1984.
Pendant que le peuple pleure ses martyrs, les responsables de cette tragédie festoient sans pudeur, exhibant sur les réseaux sociaux leur cynisme et leur mépris du peuple. Dans une vidéo devenue virale, le président du Conseil constitutionnel lui-même, dans l'ivresse du champagne, s'est vanté d'avoir « assuré » la victoire du président sortant.
Quelle honte pour notre République ! Mais que ceux qui croient que la peur nous fera plier se trompent lourdement : un peuple qui a perdu la peur est un peuple invincible. Camerounaises, Camerounais, malgré ce climat de terreur orchestré pour nous faire reculer, nous n'allons pas céder.
Je vous appelle donc, du lundi 3 au mercredi 5 novembre, à observer des villes mortes. Que le pays tout entier se fige, pour que le monde entier sache que nous résistons et que nous ne céderons pas. Gardons nos commerces fermés, suspendons nos activités, restons chez nous, en silence, pour montrer notre solidarité et rappeler à ce régime que la force d'une économie, c'est son peuple et ce peuple ne le reconnaît plus comme son leader.
Peuple camerounais, l'heure n'est plus à la peur ni à la division. Restons debout, unis, fiers et solidaires face à ceux qui, dans un cynisme machiavélique, invoquent la paix tout en semant la terreur et en régnant sur la misère et le sang. Restons calmes, mais déterminés. Restons dignes, mais inflexibles.
Je vous le répète : notre victoire ne sera pas volée. J'ai pris l'engagement ferme de ne jamais vous trahir et je ne faillirai pas. C'est la raison d'être du reste de ma vie. C'est ensemble que nous remporterons cette victoire. Que Dieu bénisse le Cameroun. Gloire et honneur à nos martyrs et vive la République ». Le régime de Paul Biya est prévenu, c'est sûr qu'il s'apprêtera à répondre.
 
            
        


 
 








