Actualités of Monday, 8 September 2025

Source: www.camerounweb.com

De pourfendeur à laudateur: Prof Nkou Mvondo sans pitié avec le professeur Owona Nguini

Prof  Nkou Mvondo sans pitié avec  le professeur Owona Nguini Prof Nkou Mvondo sans pitié avec le professeur Owona Nguini

Dans une déclaration qui fait déjà polémique sur les réseaux sociaux, l'analyste politique Nkou Mvondo a livré une analyse cinglante de l'évolution du professeur Owona Nguini, distinguant trois périodes distinctes dans le parcours de l'intellectuel camerounais. Entre nostalgie du contradicteur d'antan et critique voilée du "converti" d'aujourd'hui, ces propos relancent le débat sur les ralliements politiques au Cameroun.



Les mots sont pesés, la métaphore est claire. Nkou Mvondo n'y va pas par quatre chemins pour évoquer la transformation du professeur Owona Nguini, jadis figure emblématique de l'opposition intellectuelle au Cameroun. Dans une sortie qui ne manquera pas de faire réagir, l'analyste politique distingue désormais trois périodes dans la vie publique de l'universitaire.


"Il y a eu Owona Nguini 1 et Owona Nguini 2. Owona Nguini 1 était très lucide, Owona Nguini 2 a été baptisé à la sardine et au pain. J'espère pour nous tous qu'un jour nous aurons un Owona Nguini 3 qui ressemblera à Owona Nguini 1, celui que nous avons tous adulé et aimé", a déclaré Nkou Mvondo, faisant référence de manière imagée à ce que beaucoup perçoivent comme un ralliement motivé par des considérations matérielles.


Cette analyse fait écho à une transformation qui continue de diviser l'opinion publique camerounaise. Le professeur Owona Nguini, fils de l'ancien ministre Joseph Owona, était effectivement reconnu pour ses analyses critiques du système politique camerounais avant son rapprochement progressif avec le pouvoir en place à partir de 2016.


Son participation au colloque sur l'action humanitaire de la première dame Chantal Biya avait déjà suscité des interrogations, rapidement amplifiées par sa promotion au grade de maître de conférences après 16 ans d'attente. Pour ses détracteurs, cette promotion tardive mais opportune constituait la preuve d'un "deal" avec le régime.


Le revirement s'est confirmé avec ses positions sur la crise anglophone et ses critiques répétées contre Maurice Kamto, leader du MRC, amenant ses anciens admirateurs à parler de "trahison intellectuelle".


En 2019, lors d'un meeting de remerciement au président Paul Biya organisé par le ministre Jean De Dieu Momo, Owona Nguini avait lui-même tenté de justifier son évolution : "Dans la vie, tout le monde a le droit de faire des choix, et tout le monde a la possibilité de changer ses choix. On peut penser une chose aujourd'hui, et on se rend compte qu'on avait pensé dans le mauvais sens."
Il avait même évoqué la conversion de saint Paul pour défendre son ami Jean De Dieu Momo, autre figure de ce que l'opposition considère comme des "retournements de veste" spectaculaires.


Les propos de Nkou Mvondo, formulés avec une ironie mordante, semblent porter un double message. D'une part, ils actent définitivement la "mort" de l'Owona Nguini contestataire que "nous avons tous adulé et aimé". D'autre part, ils appellent implicitement à un retour aux sources, à une renaissance de la lucidité intellectuelle qui faisait la réputation du professeur.
Cette interpellation publique survient dans un contexte politique tendu où la question de l'indépendance des intellectuels face au pouvoir reste centrale. Elle relance également le débat sur la frontière entre évolution légitime des idées et opportunisme politique.


Reste à savoir si l'intéressé répondra à cet appel voilé au réveil de sa conscience critique, ou s'il assumera définitivement son choix de proximité avec le pouvoir. En attendant, les réseaux sociaux camerounais s'emparent déjà de cette nouvelle polémique, preuve que la question des ralliements continue de passionner l'opinion publique.