Tout commence par devenir clair dans l'affaire Martinez Zogo. S'agissant du cas de Léopold Maxime Eko Eko, ancien patron de la Direction générale de la recherche extérieure (DGRE), l'ex directeur des opérations du même service, James Elong, fait des éclairages, comme le relaie le lanceur d'alerte Boris Bertolt.
James Elong Lobe, commissaire divisionnaire de police, a occupé pendant près de neuf années les fonctions de directeur des opérations à la DGRE. À ce poste central de la DGRE, il avait une connaissance approfondie des procédures opérationnelles, des circuits de décision, ainsi que des règles hiérarchiques et éthiques qui encadrent strictement les missions et les actions de la direction des opérations.
Son témoignage au tribunal militaire le 17 décembre 2025 revêt une importance particulière du fait qu'en sa qualité de conseiller technique numéro un, il a été désigné le 12 novembre 2021 coordonnateur des activités de la direction des opérations par décision interne de l'ex directeur général de la DGRE, Léopold Maxime Eko Eko.
Cette décision organisationnelle n'était ni fortuite ni symbolique. Elle intervenait dans un contexte de rupture de confiance entre Léopold Maxime Eko Eko et Justin Danwe, à la suite des comportements et d'initiatives hors service de ce dernier, jugés incompatibles avec les consignes militaires, la discipline et l'éthique professionnelle exigées au sein de la DGRE.
La désignation de James Elong Lobe visait précisément à reprendre la coordination, le contrôle et la traçabilité des activités opérationnelles. À la barre, James Elong Lobe a rappelé un principe cardinal du fonctionnement de la direction des opérations : aucune mission ne pouvait être menée sans trace écrite. Aucune. Même lorsqu'une instruction était donnée verbalement, elle devait impérativement être formalisée par écrit.
Le document de référence s'appelait l'ordre des opérations, équivalent strict de l'ordre de mission dans l'administration publique, mais avec un niveau de détail et de confidentialité renforcé.
Cet ordre des opérations précisait systématiquement la nature exacte de la mission ; les équipes mobilisées ; les moyens logistiques engagés ; la chaîne hiérarchique de commandement et de compte rendu ; la durée et le cadre d'exécution de la mission.
Le commissaire divisionnaire James Elong Lobe a également confirmé que la direction des opérations disposait d'un parc automobile interne conséquent et fonctionnel, destiné exclusivement aux missions et actions opérationnelles.
En cas de besoin supplémentaire, la direction des opérations de la DGRE disposait de moyens financiers pour gérer des « cas imprévus » afin d'acquérir des véhicules ou des motocycles, même en urgence.
Il a été formel sur un point essentiel : aucune « sous-traitance » logistique n’était autorisée. La réquisition de véhicules appartenant à des personnes privées était strictement interdite, pour des raisons évidentes de confidentialité, de sécurité des agents et de protection de l'opération. Ces éléments techniques et procéduraux fragilisent profondément le récit initial attribué à Justin Danwe, largement relayé sur les réseaux sociaux, selon lequel un véhicule personnel de l'ex DGRE aurait été utilisé.
Au fil des témoignages judiciaires, il est désormais établi que le véhicule impliqué dans l'enlèvement de Martinez Zogo était l'un des véhicules de Martin Savom, notamment la Prado noire et non un véhicule relevant de la dotation ou de la responsabilité personnelle du DGRE de l'époque.
Sur la question du carburant, James Elong Lobe a également apporté une précision décisive : les fonds liés à une mission validée par l'ordre des opérations sont retirés auprès de la direction des affaires générales (DAG), après validation hiérarchique. Ils ne sont jamais remis de main à main par le DGRE.
Par ailleurs, la DGRE dispose d'une soute de carburant interne, permettant d'approvisionner l'ensemble des véhicules engagés avant toute descente et tout déploiement sur le terrain. Ce témoignage, strictement technique et procédural, met en évidence le caractère rigoureusement encadré des missions et des actions de la direction des opérations de la DGRE.
Il rappelle une réalité essentielle : les opérations de la DGRE obéissaient à des règles écrites, traçables, hiérarchisées et contrôlées, conformément aux standards normaux d'une agence de renseignement et d'intelligence de cette envergure.









