Jeune Afrique a recensé les foyers de tension à travers le pays. La violence s'est propagée comme une traînée de poudre depuis le Nord vers l'Ouest, l'Est et la capitale économique.
Le Cameroun s'embrase. Au lendemain de la proclamation de la victoire de Paul Biya avec 53,66% des suffrages, Jeune Afrique a pu cartographier l'extension géographique de la contestation qui touche désormais au moins cinq régions du pays.
Tout a commencé à Garoua, fief d'Issa Tchiroma Bakary. Selon les informations exclusives de Jeune Afrique, les premiers tirs ont retenti à la mi-journée lundi, à proximité du domicile de l'opposant. Des tireurs positionnés sur les toits auraient visé les partisans du leader du FSNC, qui campent par dizaines devant sa résidence depuis le 12 octobre. Deux gardiens auraient été tués.
La cible des attaques révèle une dimension vengeresse : Jeune Afrique a appris que les établissements appartenant à Yérima Dewa, transfuge du FSNC passé au camp Biya, ont été méthodiquement incendiés. Son complexe scolaire Cosbilasa et l'Institut supérieur portant son nom sont partis en fumée, tout comme l'usine des Boissons du Cameroun.
La contestation s'est ensuite propagée selon un schéma précis documenté par Jeune Afrique. Dans le Nord, à Ngong (40 km de Garoua), ce sont les symboles du pouvoir RDPC qui ont été visés : résidence du maire, antenne d'Elecam, véhicule du commandant de compagnie. À Guider, c'est le parquet qui a brûlé.
Dans l'Ouest, Jeune Afrique a recensé des incidents à Bafang (permanence RDPC incendiée) et Bandja (poste de péage et sous-préfecture détruits). Plus à l'Est, à Bertoua, plusieurs véhicules de police ont été incendiés, tandis qu'à Mandjou, le sous-préfet a été grièvement blessé lors d'une attaque.
Même la capitale n'a pas été épargnée. Jeune Afrique rapporte que la proclamation des résultats s'est déroulée dans une ambiance de ville-morte. Écoles, services administratifs et commerces sont restés portes closes. Des heurts ont éclaté dans les quartiers populaires de Mokolo, Briqueterie et Tsinga, ainsi qu'au lieu-dit Warda, près du Palais des sports.
L'analyse de Jeune Afrique révèle que la géographie de la contestation épouse celle des bastions de l'opposition et des zones où le RDPC est historiquement fragile. Le conseiller spécial d'Issa Tchiroma Bakary, Ousmane Karamoko, joint par Jeune Afrique, dénonce "des actes d'intimidation politique" visant à décapiter le mouvement de contestation dans ses fiefs.
En fin de journée lundi, Jeune Afrique a constaté que les manifestations se poursuivaient à Bafoussam et Maroua, malgré le renforcement du dispositif sécuritaire. La question demeure : le pouvoir en place pourra-t-il endiguer cette vague de contestation qui prend une dimension nationale ?









