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Actualités of Wednesday, 17 August 2022

Source: www.bbc.com

De Dos Santos à Mugabe - les querelles sur les inhumations des ex-dirigeants

Les querelles sur les inhumations des ex-dirigeants Les querelles sur les inhumations des ex-dirigeants

Dans notre série de lettres de journalistes africains, la Ghanéenne Elizabeth Ohene parle des conflits qui éclatent autour des lieux de sépulture des dirigeants africains.

Je ne suis pas sûre de pouvoir proposer une théorie catégorique pour l'instant, mais il me semble qu'être président en Afrique signifie qu'il y aura une certaine controverse sur votre lieu de repos à votre mort.

J'ai suivi le différend concernant le lieu d'enterrement de l'ancien président angolais José Eduardo dos Santos, décédé en Espagne le 8 juillet.

L'actuel président João Lourenço et la quatrième épouse de M. Dos Santos veulent ramener son corps au pays pour des funérailles nationales et un enterrement dans un mausolée - ce que nous appellerions ici au Ghana un enterrement digne de ce nom.

Mais sa fille Welwitschia "Tchizé" dos Santos souhaite des funérailles privées et une tombe discrète en Espagne, où ses enfants pourront lui rendre visite.

Elle dit avoir le soutien de certains de ses frères et sœurs qui font l'objet d'accusations de corruption en Angola et pourraient être arrêtés s'ils rentraient.

L'un des enfants Dos Santos affirme que l'État n'a aucune obligation constitutionnelle d'assumer la responsabilité de l'enterrement de son père et que la décision doit revenir à la famille.

Cet argument sur les droits de l'État sur le corps d'un président mort semble être récurrent.

En 2019, une situation étrangement similaire s'est produite au Zimbabwe, lorsque Robert Mugabe est décédé près de deux ans après que le président actuel Emmerson Mnangagwa, soutenu par l'armée, ait mis fin à ses 37 ans de pouvoir.

Tout le monde pensait que M. Mugabe serait enterré au Heroes' Acre national dans la capitale, Harare.

Après tout, c'est lui qui avait construit Heroes' Acre et il avait supervisé l'enterrement de nombre de ses anciens camarades de la lutte de libération, dont Sally, sa première épouse.

M. Mnangagwa a commencé à construire un mausolée impressionnant pour le leader indépendantiste, mais la famille de M. Mugabe n'en a pas voulu, pas après qu'il ait été chassé du pouvoir et trahi par ses lieutenants.

Après des semaines de discussion, la famille a eu gain de cause et M. Mugabe, héros incontesté de la lutte de libération du Zimbabwe, a été enterré dans son village natal, en l'absence de tout représentant officiel.

Même Kenneth Kaunda, premier président zambien après l'indépendance et pacifiste par excellence, n'a pu trouver un lieu de repos l'année dernière sans qu'une dispute n'éclate.

Selon la famille, il voulait être enterré à côté de sa femme et non sur le site officiel désigné par le gouvernement.

Pour l'instant, la famille n'a pas insisté sur ses droits et "KK" - comme on appelle affectueusement feu M. Kaunda - repose au parc commémoratif de l'ambassade dans la capitale, Lusaka.

De l'exil aux honneurs

Ces disputes autour de cadavres agités ne sont pas nouvelles. Ici, au Ghana, nous sommes rompus à ces questions.

Notre premier dirigeant - Kwame Nkrumah - est mort alors qu'il recevait un traitement médical à Bucarest, en Roumanie.

Il a d'abord été enterré à Conakry, en Guinée, où il vivait en exil. Son corps a ensuite été ramené au Ghana. Des funérailles nationales ont eu lieu dans la capitale, Accra, et il a été enterré dans son village natal de Nkroful.

Des années plus tard, un mausolée digne de ce nom a été construit à Accra, où le corps a été transporté et enterré.

De temps en temps, il y a des murmures de sa famille à Nkroful demandant que son corps leur soit rendu.

En 2012, notre président John Evans Atta-Mills est décédé pendant son mandat et il n'a pas été facile de lui trouver une sépulture.

Certains membres de sa famille souhaitaient que le corps soit envoyé dans son village natal pour y être enterré, mais cet argument n'a pas trouvé beaucoup d'écho à l'époque.

Le premier endroit où le gouvernement a creusé une tombe pour son inhumation a été abandonné car jugé inadapté. Il a finalement été enterré dans un parc.

Il était alors entendu que le parc servirait de lieu de repos pour tous les présidents du Ghana.

Depuis lors, un autre ancien président - Jerry Rawlings - est décédé.

Non seulement il n'a pas été conduit là où repose le président Atta-Mills, mais sa famille, dans son village natal, a accusé le gouvernement de s'être approprié le corps.

Il a été enterré dans un cimetière militaire à Accra, avec tous les honneurs militaires.

Il y a quelques semaines, nous avons célébré le 10e anniversaire de la mort d'Atta-Mills.

Sa tombe fait toujours l'objet de discussions : qui doit s'en occuper et quelle inscription doit y figurer.

Certains membres de sa famille souhaitent toujours que son corps soit exhumé du parc public d'Accra et transporté dans son village natal pour y être enterré.

Je dois donc conclure que l'un des risques d'être président en Afrique est qu'il n'y aura pas de lieu de repos pour votre corps lorsque vous mourrez.