Le Fonds mondial de lutte contre le Sida, la tuberculose et le paludisme a mené une enquête au Cameroun sur le détournement des fonds Covi-19 au ministère de la Santé. Le journaliste Boris Bertolt, informé de la situation, la décrit.

Le scandale Covid-19 continue de faire des vagues au Cameroun. Une délégation du Fonds mondial de lutte contre le Sida, la tuberculose et le paludisme est arrivé au Cameroun le 7 avril 2025 pour examiner plusieurs cas de mauvaise gestion liés aux subventions octroyées au pays. La délégation était conduite par Mark Edington, chef de la division de gestion des subventions au Fonds mondial.

L'enquête du Fonds mondial de lutte contre le Sida, la tuberculose et le paludisme portait sur le cycle de financement octroyé au Cameroun entre 2021 et 2024. Plus précisément l'affaire des 238 congélateurs acquis d'occasion dans le cadre de la lutte contre la Covid-19 pour laquelle le Fonds mondial de lutte contre le paludisme, le VIH et la tuberculose a reçu des accusations de détournement liées à l'achat de réfrigérateurs et à des vols de médicaments.

Au cours de leur visite au Cameroun, Mark Edington et sa délégation ont rencontré des conseillers de la présidence de la République, du Premier ministère, le ministre de la Santé, Manaouda Malachie et le ministre des Finances, Louis Paul Motaze. Mais, l'un des arrêts majeurs de cette visite aura été la rencontre avec les magistrats de la chambre des comptes qui ont mené plusieurs enquêtes sous hautes instructions du président de la République, Paul Biya et du Tribunal criminel spécial qui a également ouvert une enquête sur la gestion des fonds Covid-19 et qui avait d'ailleurs délivré un mandat d'amener pour l'audition du secrétaire général de la présidence de la République, Ferdinand Ngoh Ngoh.

Cette visite du Fonds mondial de lutte contre le Sida, la tuberculose et le paludisme est intervenue au moment où était attendu le verdict de la Chambre des comptes dans le cadre d'une procédure engagée contre quatre fonctionnaires du ministère de la Santé pour « faute de gestion ». Ils ont tous été condamnés à des amendes allant de 1 500 à 3 000 euros (1 million à 2 millions de francs CFA).

Depuis 2004, le Cameroun a déjà reçu 655 milliards de francs CFA du Fonds mondial de lutte contre le Sida, la tuberculose et le paludisme. Une bonne partie a été détournée.