Actualités of Sunday, 29 June 2025
Source: www.camerounweb.com
L'analyste politique s'interroge sur les motivations et le timing de la démission du ministre de l'Emploi, à quatre mois de l'élection présidentielle.
La démission d'Issa Tchiroma Bakary de son poste de ministre de l'Emploi et de la Formation professionnelle continue de faire réagir la classe politique camerounaise. Invité de l'émission Canal Presse sur Canal 2 International, l'analyste politique Armand Okol a livré une lecture critique de cette décision, y voyant un révélateur des dysfonctionnements au sein de l'exécutif.
Pour Armand Okol, la démission d'Issa Tchiroma revêt une dimension particulièrement significative au regard de son portefeuille ministériel. "Le ministre Issa Tchiroma qui, quand-même, était le ministre de l'Emploi et de la Formation professionnelle... Je ne sais pas si vous vous rendez compte parce que ce qui manque le plus dans notre pays, c'est l'emploi", a-t-il souligné.
L'analyste insiste sur le paradoxe de la situation : "Que celui qui est en charge de l'emploi et qui doit apporter de l'emploi à la majorité des Camerounais, lui-même se trouve à démissionner, ça questionne." Cette observation met en lumière l'ironie d'une démission dans un secteur considéré comme prioritaire pour le développement du pays.
Au-delà du cas particulier de Tchiroma, Armand Okol y voit un indicateur plus large des tensions au sein du gouvernement. "Là vous avez la preuve de la cacophonie qu'il y a au sein du gouvernement", affirme-t-il, suggérant que cette démission révèle des dysfonctionnements structurels dans l'équipe dirigeante.
L'analyste politique explique que de telles décisions ne se prennent pas à la légère : "Un ministre ça ne démissionne pas comme sur un coup de baguette magique." Cette remarque sous-entend que la démission de Tchiroma serait le résultat d'un processus de réflexion mûri, probablement alimenté par des frustrations ou des désaccords profonds.
Un ministre "à l'écart" ?
Armand Okol avance une hypothèse sur les motivations de l'ancien ministre : "Ça veut dire 1 : il se sentait à l'écart." Cette analyse suggère que Tchiroma aurait pu éprouver un sentiment de marginalisation au sein du gouvernement, ce qui l'aurait conduit à prendre ses distances avec l'exécutif.
Cette interprétation renvoie aux dynamiques internes du pouvoir et aux possibles tensions entre les différentes composantes du gouvernement, particulièrement dans un contexte pré-électoral où les ambitions individuelles peuvent entrer en conflit avec la solidarité gouvernementale.
L'aspect qui interroge le plus Armand Okol reste le calendrier de cette démission. "Le timing de sa démission également, interroge", note-t-il avant d'insister : "À quatre mois de la présidentielle, ça interroge."
Cette proximité temporelle avec l'élection présidentielle d'octobre 2025 donne une dimension stratégique à la décision de Tchiroma. Pour l'analyste, ce timing n'est probablement pas fortuit et pourrait s'inscrire dans une logique de positionnement politique en vue du scrutin.
L'analyse d'Armand Okol soulève des interrogations plus larges sur la cohésion du parti au pouvoir à l'approche d'une échéance électorale cruciale. La démission d'un ministre en exercice, suivie de l'annonce de sa candidature à la présidentielle, introduit un élément de tension dans un système politique habitué à présenter un front uni.
Cette situation rappelle d'autres démissions ministérielles survenues dans le passé camerounais, souvent interprétées comme des signaux de recomposition politique ou d'ambitions personnelles contrariées au sein du pouvoir.
La démarche de Tchiroma pourrait également inspirer d'autres membres du gouvernement ou du RDPC qui nourriraient des ambitions présidentielles. Armand Okol, sans le dire explicitement, laisse entendre que cette démission pourrait créer un précédent et encourager d'autres défections.