Scène inhabituelle à Maroua. En plein meeting de campagne du Rassemblement démocratique du peuple camerounais (RDPC), le président de l’Assemblée nationale, Cavayé Yeguié Djibril, a vu sa prise de parole interrompue brusquement par son directeur de cabinet.

Selon plusieurs témoins présents, le doyen de l’hémicycle tenait des propos décousus, sans lien direct avec le thème de la rencontre politique. Face à la gêne croissante dans l’assistance, son entourage a préféré mettre fin à son intervention, invoquant « une légère fatigue ».

« Nous sommes en politique, nous ne sommes pas venus ici pour tuer des bœufs [...] Nous sommes venus vous dire de voter avec le bulletin blanc. Les autres bulletins, déchirez-les », a déclaré Cavayé Yeguié Djibril, 85 ans et au perchoir depuis 33 ans.

« On n’est pas venus ici tuer les bœufs ! Quand vous allez à l’école, au lieu d’aller à l’école, vous irez dans un bar, chers camarades, je vous dis à l’école de chez moi, j’achète les cahiers, les bic, j’achète les euh, tout ce qui faut pour les enfants alors oui, oui, oui, chantez. Chantez pour les enfants, pour les enfants qui ne veulent pas aider vos enfants, chantez ». Figure emblématique du régime, Cavayé Yeguié Djibril accompagnait la caravane du RDPC dans le cadre de la campagne présidentielle.

Ses propos sans sens à Maroua relancent les débats sur l’état de santé du président de l’Assemblée nationale et, plus largement, sur le renouvellement de la classe politique camerounaise.

Pour arranger la bourde, Paul Biya dira : « Aux populations de l'Extrême-Nord, je suis profondément touché que vous êtes venus en si grand nombre à ma rencontre, merci pour le soutien que vous n'avez cessé de me témoigner années après années malgré les calomnies, les affabulations. Oui chers amis, vous êtes restés fidèles aux institutions, vous êtes restés solides comme des rocks, vous êtes restés constants à mes efforts pour faire de notre pays une terre de paix et de prospérité ».