Décoré par Biya : Paul Tezanou, le Camerounais dont le handicap visuel et oral est un atout

• Paul Tezanou a été reçu par Jean de Dieu Momo

• C’est un handicapé engagé pour le développement de la société

• Le ministre camerounais lui rend un vibrant hommage

Jean de Dieu Momo alias Fo'o Dzakeutonpoug a reçu Paul Tezanou dans une ambiance fraternelle. Le ministre délégué à la Justice, garde des Sceaux a publié un texte et des images de la séance sur son page Facebook pour montrer ô combien il est fier d’avoir eu la compagnie d’un homme dont les handicaps ne constituent pas un obstacle pour son épanouissement mais plutôt une motivation supplémentaire.

Quel plaisir et quel honneur de recevoir le commissaire national aux droits de l’homme, Monsieur Paul Tezanou !

Je connais Paul depuis ma tendre enfance. D’abord de réputation car très jeune il a fait parler de lui dans la MENOUA comme étant un enfant prodige. Né non voyant, il s’est illustré par sa capacité à assimiler le braille qui pour nous apparaissait comme un miracle.

Pour la première fois, en ces années soixante et soixante-dix, nous apprenions qu’un aveugle (non voyant) pouvait lire ! Et les missionnaires qui avaient pris en charge Paul organisaient des cérémonies au cours desquelles Paul lisait de longs textes sous les applaudissements nourris de la population.

Plus tard Paul est devenu le président national de l’association des aveugles du Cameroun, une Association qui compte 3.500.000 membres et depuis trois mandats successifs, il est le commissaire national aux droits de l’homme.

Paul a toujours été un leader depuis sa prime jeunesse. Il me reconnaissait dans la foule en m’appelant par un tonitruant « Jean de Dieu » ! J’avais toujours été surpris par sa capacité de me « voir » dans une foule, au palais des congrès lors de nos rencontres des leaders des partis politiques et de la société civile.

On disait Paul à l’article de la mort dernièrement. En effet un cruel destin n’a pas épargné cet homme qui ne voyait pas et qui a également perdu sa voix depuis le 30 novembre 2020. En effet c’est ce jour-là qu’il a subi une opération chirurgicale suite à la récidive d’une tumeur cancéreuse du larynx.

Désormais il ne peut plus communiquer qu’avec une voix œsophagienne au moyen d’un appareil électronique qui amplifie le son. Malgré cela Paul n’a pas perdu sa joie de vivre et même si on n’entend plus le son de sa voix tonitruante, on la devine derrière ce sourire et ce rire qui ne quitte presque jamais son visage amical.



Paul est un exemple de courage et d’abnégation. Une véritable force de la nature douée d’une inébranlable volonté de vaincre l’adversité qui s’acharne sur lui depuis sa naissance. Un vrai leader qui a été non seulement reconduit comme membre de la commission nationale des droits de l’homme, mais cerise sur le gâteau, le chef de l’Etat l’a gratifié d’une médaille de chevalier de l’ordre national de la valeur. Paul est donc venu personnellement m’inviter à honorer de ma présence amicale et fraternelle la faste et grandiose cérémonie qu’il offre à l’hôtel Hilton en remerciement au chef de l’Etat. Quelle humilité !

Paul est par ailleurs depuis longtemps membre de la commission de la solidarité internationale de l’association Voir Ensemble (CSI), une association française. Grâce à cet homme extraordinaire les handicapés visuels du Cameroun bénéficient désormais des privilèges de solidarité nationale, en droite ligne de la philosophie du libéralisme communautaire, dans le recrutement à la fonction publique et d’autres avantages liés à leur état (loi du 13 avril 2010 portant protection des personnes handicapées, entre autres). Paul a pour credo que l’handicapé doit cesser d’être perçu comme un misérable mendiant auquel on dénie toute dignité humaine ou un éternel assisté, mais comme un producteur de richesse. Ecce Homo!

PS : En guise de promotion, Article 45 loi du 13 avril 2010 : « Sont punis d’un emprisonnement de trois à six mois et d’une amende de 100.000 frs à un 1.000.000 de francs ou de l’une de ces deux peines seulement, les responsables d’établissements scolaires, professionnels et universitaires, les employeurs, les dirigeants qui font une discrimination dans l’admission, le recrutement ou la rémunération des personnes handicapées ».

Article 46 : « Est puni des peines prévues à l’article 242 du code pénal quiconque refuse de fournir une prestation due à une personne handicapée conformément à la présente loi et aux textes d’application ».