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Actualités of Tuesday, 9 October 2018

Source: DETECTIVE N°1062

Crise postélectorale: Cabral Libii et Maurice Kamto lancent les hostilités

Les deux candidats se sont déjà autoproclamés président Les deux candidats se sont déjà autoproclamés président

C'en est fait. La page des batailles postélectorales est désormais ouverte avec une première sortie de Cabral Libii ce lundi 08 octobre, au lendemain du scrutin présidentiel à un seul tour. Le porte-étendard du parti Univers est monté hier au créneau pour annoncer qu’il était le vainqueur du scrutin présidentiel du 7 octobre dernier. Il promet d’ailleurs de publier ses résultats dans les heuresà suivre.

«Merci à tous mes compatriotes qui m'ont accordés leur préférence dans l'urne. Il n y’a pas de doute, je suis l’élu du peuple camerounais! Il reste comme je l’avais dit, à le prouver... Merci à tous ceux qui ont consenti d’indicibles sacrifices pour cette exaltante œuvre de ravivement politique au Cameroun», a-t-il déclaré ce lundi sur Facebook.

Cabral Libii met déjà sur la table de nombreuses interrogations. Malgré des mesures prises pour garantir la sincérité et la transparence du scrutin, le vote, selon lui, a été entaché de grossières irrégularités. «Les irrégularités, relève-t-il, auront été manifestes, ignobles (refoulement des représentants, bourrages, absence de nos bulletins dans les centres de vote, violences physiques, absence de noms sur les listes...) Nous rejetons d’ores et déjà les résultats issus de ces bureaux de vote entachés de fraude. Nous recevons les PV et nous publierons nos résultats dans les heures à suivre», a indiqué le juriste, faisant fi de l’une des dispositions du pacte dont il est lui-même signataire, pacte qui reconnaît seulement au Conseil Constitutionnel le pouvoir de proclamer le verdict final dans un délai de 15 jours.

Deux présidents autoproclamés

Au cours d’une conférence de presse sous fond de tension donnée hier à Yaoundé, Maurice Kamto qui affirme avoir reçu mandat du peuple camerounais de tirer le pénalty, estime avoir réussi le coup de pied de réparation au soir du 7 octobre dernier. Une tribune saisie par le porte-étendard du MRC entouré de son équipe de campagne pour revendiquer sa victoire à l’issue du scrutin présidentiel dimanche dernier. Celui qui entend ainsi défendre sa victoire jusqu’au bout dit en appeler à une transition pacifique. Avant l’élection, il a scandé qu’il allait tirer le pénalty et marquer. Au lendemain du scrutin présidentiel, il parle de mission accomplie. «J’ai reçu mission de tirer le penalty, je l’ai tiré, le but a été marqué», argue Maurice Kamto ce lundi 8 octobre en conférence dans son quartier général à Nlongkak.

Il ajoute que c’est un mandat reçu du peuple et qu’il va s’appliquer à accomplir ce mandat. « J’ai reçu du peuple Camerounais un mandat clair, et je m’y attèlerai », poursuit Kamto. Et invite par conséquent le président sortant à accepter la défaite et prôner plutôt une transition dans le calme. «J’exhorte le président sortant à œuvrer pour une transition paisible», martèle Maurice Kamto. En annonçant hier sa victoire à l’élection présidentielle du 7 octobre dernier, le candidat du Mouvement pour la renaissance du Cameroun (MRC) entend défendre sa victoire jusqu’au bout. Quitte à embraser le Cameroun.

Appel au soulèvement

«La proclamation des résultats officiels de l’élection présidentielle relève de la compétence exclusive du Conseil Constitutionnel. Personne n’a le droit de se substituer à cette instance juridictionnelle. Toute forme de remise en cause du verdict des urnes en dehors des voies légales, ne sera pas tolérée.

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Et je dis bien de qui que ce soit», prévient Paul Atanga Nji. Le ministre de l’Administration territoriale (MINAT) met en garde les candidats à l’élection présidentielle qui vont contester le résultat du Conseil Constitutionnel, seule institution habileté à donner le verdict officiel du vote», a déclaré Paul Atanga Nji dans son point de presse de bilan de la journée électorale du dimanche 7 octobre 2018. Sortie médiatique au cours de laquelle il en appelle par ailleurs à la responsabilité les acteurs politiques.

On se souvient qu’à deux jours du scrutin présidentiel du 7 octobre 2018, Paul Eric Kingue, directeur de campagne de Maurice Kamto du MRC, avait annoncé une insurrection en cas de défaite de son candidat. «Lorsque les résultats seront publiés, si on constate qu’il y a des fraudes, nous allons contester vainement, même si nous devons utiliser une certaine brutalité.

Nous avons des équipes préparées sur le terrain», avait-il déclaré. En réaction, le gouvernement avait mis en garde les auteurs des actes de violences en ces termes : «Nous prenons à témoin la Communauté nationale et internationale, le MRC programme des violences après les résultats de l'élection présidentielle du 7 octobre prochain», parole d’Issa Tchiroma Bakary, ministre de la communication, porte-parole du gouvernement. «Nul n'est au dessus.

Manque de fair-play

Cabral Libii et Maurice Kamto, deux éminents juristes sont-ils au-dessus de la loi ? Pas très sûr. Il est une constance selon laquelle la démarche commune à travers laquelle chacun des deux candidats s’est autoproclamé président appelle très souvent à des violences postélectorales sans précédent. C’était le cas en République de Côte d’Ivoire en 2010, où plusieurs personnes ont perdu la vie, le peuple gabonais voisin a récemment expérimenté avec une faible amplitude cette douloureuse expérience qui n’est pas nouvelle au Cameroun. Puisse le peuple camerounais dont la maturité politique est avérée se détourner de ces appels incessants au soulèvement, qui finissent presque toujours en bain de sang.

Cabral Libii et Maurice Kamto qui rêvent de présider aux destinées du Cameroun sont-ils en droit de mettre la vie des Camerounais en danger dans leur soif effrénée du pouvoir ? Les auteurs des actes de violences répondront devant les institutions. Et Maurice Kamto en sera comptable», a-t-il poursuivi. Avant de rappeler que selon la loi électorale Camerounaise, seul le Conseil Constitutionnel a l’exclusivité de la proclamation des résultats de l’élection présidentielle.

S’empresser pour un candidat de s’autoproclamer président trahi le manque de fair-play de ce dernier, qui est à la fois arbitre et joueur. Cela relève d’un calcul politique ignoble, d’une manœuvre de bas étage qui ne fait plus recette. L’acceptation du verdict des urnes, ça compte aussi en politique, c’est une culture qui fait défaut à nombreux d’acteurs politiques. Le peuple camerounais saura trancher.