Le militant du RDPC saisit la justice pour exiger la tenue d'un congrès ordinaire avant l'investiture d'un candidat à la présidentielle 2025
Une bombe vient d'éclater au sein du Rassemblement démocratique du peuple camerounais (RDPC), parti au pouvoir depuis 1985. Léon Theiller Onana, figure militante du parti, a créé la surprise ce 18 juin 2025 en saisissant officiellement Elections Cameroon (Elecam) d'une assignation en référé pour bloquer toute investiture présidentielle sans la tenue préalable d'un congrès ordinaire.
Dans un communiqué de presse publié depuis Monatélé, Léon Theiller Onana annonce avoir "formellement notifié au Président du Conseil Électoral d'Elecam une copie de l'assignation en référé visant à la désignation d'un mandataire ad hoc". Cette démarche juridique exceptionnelle vise à contraindre le parti à respecter ses propres statuts avant toute candidature à l'élection présidentielle de 2025.
Le mandataire ad hoc réclamé aurait pour mission de "convoquer le congrès ordinaire du RDPC et d'en arrêter l'ordre du jour", une procédure que le requérant estime indispensable à la légitimité de toute investiture.
Plus audacieusement encore, Léon Theiller Onana met en demeure l'organe électoral national. Il "avertit formellement le Conseil Électoral qu'il ne devra donner suite à aucune candidature sans s'être assuré que cette procédure a été menée à son terme".
L'argument juridique est percutant : "Toute dérogation reviendrait à autoriser le RDPC à présenter plusieurs candidats à cette élection présidentielle", ce qui constituerait une violation flagrante de la réglementation électorale.
Cette initiative constitue un véritable pavé dans la mare pour un parti habitué à une discipline de fer. En réclamant la tenue d'un congrès ordinaire, Léon Theiller Onana remet en question les mécanismes internes de désignation du candidat présidentiel du RDPC.
Sa sortie s'accompagne d'une mise en cause directe de l'indépendance d'Elecam. Il exhorte l'institution électorale à "affirmer, urbi et orbi, sa neutralité vis-à-vis de l'administration et de l'autorité politique dont ils tiennent leurs nominations".
Cette crise interne intervient à un moment crucial, alors que l'élection présidentielle de 2025 se profile. Le RDPC, qui gouverne le Cameroun depuis quatre décennies, se trouve confronté à une contestation interne qui pourrait fragiliser sa cohésion traditionnelle.
L'initiative de Léon Theiller Onana soulève des questions fondamentales sur la démocratie interne du parti au pouvoir et sur l'indépendance réelle des institutions électorales camerounaises.
La réaction de la direction du RDPC et d'Elecam sera scrutée de près. Cette procédure judiciaire inédite pourrait créer un précédent dans la vie politique camerounaise, où les contestations internes des partis politiques restent généralement confinées aux couloirs.