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Actualités of Monday, 10 October 2022

Source: www.bbc.com

Crise financière : une Libanaise braque une banque pour récupérer son argent

Une Libanaise braque une banque pour récupérer son argent Une Libanaise braque une banque pour récupérer son argent

C'est une scène de panique. Vêtue de noir, un pistolet à la main, une femme accompagnée de sa sœur pointe une arme sur des employés de banque au Liban, exigeant qu'ils leur remettent 20 000 dollars, environ 13,4 millions de francs CFA.

La tentative de cambriolage a été couronnée de succès. Sali Hafiz s'est enfuie avec 13,4 millions de francs CFA, et personne n'a été blessé.

Mais le braquage - qui a eu lieu le 14 septembre dans l'agence de la banque Blom à Beyrouth - n'était pas ordinaire : l'arme que portait Hazif était un jouet et l'argent qu'elle réclamait était celui qu'elle avait elle-même sur son compte.

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Son objectif était de récupérer les économies familiales pour payer le traitement du cancer de sa sœur de 28 ans.

Ses actions, diffusées en direct sur les médias sociaux, ont immédiatement fait d'elle une héroïne populaire, et un symbole de la souffrance et du désespoir de nombreux Libanais au milieu de la profonde crise financière que traverse le pays.

Jeudi, après s'être finalement rendue aux autorités, elle a été libérée sous caution (avec une amende de 25 dollars, environ 16 800 francs CFA, et une interdiction de voyager pendant six mois).

"Ce n'était pas un choix facile de faire ce que j'ai fait"

Les agressions de ce type sont de plus en plus fréquentes au Liban, où la colère monte face aux restrictions sévères imposées par la crise économique.

Pour la majorité de la population, les retraits sont plafonnés à 400 dollars (environ 269 342 francs CFA) par mois depuis 2019, alors que la valeur de la monnaie libanaise s'est effondrée et que l'inflation a explosé.

Le pays est désormais englué dans l'une des dépressions les plus graves et les plus longues que le monde ait jamais connues, avec plus de 80 % de la population vivant dans la pauvreté et luttant pour acheter de la nourriture et des médicaments, note le journaliste de la BBC David Gritten.

"Ce n'était pas un choix facile de faire ce que j'ai fait, déclare Hafiz à Rachael Thorn, de la BBC News (…) Je m'excuse auprès de toutes les personnes que j'ai effrayées. Mais comment comparer cela au désespoir, à la colère et à la douleur que je ressens chaque jour, sachant que ma sœur est en train de mourir ?"

"Les banques sont à blâmer, pas moi", a-t-elle répondu lorsqu'on lui a rappelé qu'elle a mis d'autres personnes en danger.

Le même jour, un homme a commis un vol similaire à Aley, la quatrième ville du Liban, également dans l'intention de récupérer ses économies pour faire vivre sa famille.

"Personne ne s'est préoccupé de notre sort"

Ibrahim Abdallah, de Depositors' Outcry, un groupe de défense des Libanais dont les économies sont gelées, a déclaré que les gens étaient au bord de l'effondrement.

"Cela fait trois ans que nous adressons des pétitions à l'État, que nous réclamons et protestons pacifiquement, et personne ne s'est préoccupé de notre sort", a déclaré Abdallah à l'agence de presse Reuters.

Le mois dernier, un juge a ordonné la libération d'un homme qui avait pris en otage le personnel d'une autre agence bancaire de Beyrouth pendant sept heures pour retirer 35 000 dollars (environ 23,5 millions de francs CFA) de ses économies, dont il disait avoir besoin pour payer les factures d'hôpital de son père.

Saad Azhari, directeur de la Bloom Bank, a déclaré à la BBC qu'il ne pensait pas qu'il était juste d'essayer de récupérer l'argent par la force ou de recourir à la violence.

"Nous sommes un pays régi par des lois (…) Je peux vraiment comprendre leur colère, nous aussi sommes en colère face à cette situation. Mais la responsabilité incombe de loin aux hommes politiques de ce pays."