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Actualités of Saturday, 27 May 2017

Source: camer.be

Crise anglophone: les positions se radicalisent

Les positions se radicalisent Les positions se radicalisent

Face à la demande sociale anglophone, les autorités ont privilégié l’utilisation de la méthode forte. Plus de cinq mois après le début de la crise sociale et politique dans les régions du Nord-Ouest et du Sud-Ouest, il n’y a, à l’horizon, aucune perspective de solution négociée.

En cause, l’absence d’interlocuteur valable pour un dialogue inclusif. Ce n’est évidemment pas l’opinion du gouvernement dont les membres impliqués dans la gestion de la crise en cours affirment avoir tout essayé.

L’idée que le dialogué avait été privilégié, tient aux pourparlers tenus au déclenchement des manifestations violentes à Buéa et Bamenda, entre les émissaires de la primature, le premier ministre Yang, et les leaders du Consortium des organisations de la société civile anglophone dont Me Agbor Balla, Wilfried Tassang et le Dr Fontem Neba.

Du reste, les négociations avaient atteint un point culminant. Au point où l’idée d’un retour à la normale s’était répandue dans les zones touchées par cette insurrection sociale. Sauf que plusieurs faits se sont alors produits successivement : la fin des négociations entre les enseignants et l’émissaire du premier Ministre soldées par un échec, la dissolution du Consortium et toutes autres organisations poursuivant les mêmes buts et finalement, l’interpellation puis l’incarcération des leaders du mouvement.

Depuis lors, un vide s’est créé dans la structure de revendication et de coordination du mouvement qui est vite monté en puissance et a gagné en ampleur par son extension à l’ensemble de l’ancien territoire sous administration coloniale anglaise.

Répression

De bout en bout, le gouvernement a privilégié les méthodes directives, confondance qui était un mouvement d’humeur des avocats, puis un mouvement structuré du corps social et professionnel anglophone aux revendications sauvages dont il est habitué au sein des structures d’obédience francophone.

Les émissaires du gouvernement, y compris le « médiateur » Garga Haman Adji avaient une seule idée et un seul objectif : obtenir l’arrêt de la grève. L’idée contraire, soutenue par les leaders du Consortium, ainsi qu’une grande partie des masses populaires, voulait que les problèmes posés, y compris la mise en application de la décentralisation effective pourtant prévue par la constitution de 1996, soient résolus dans un cadre de dialogue précis.

Depuis la dissolution du Consortium, le gouvernement en englué dans un dialogue de sourds et de dupes, avec pour points de faiblesse, la fabrication de faux interlocuteurs, l’intervention de faux intermédiaires, l’inflation sécuritaire sans prise en compte des menaces réelles qui pèsent sur l’intégrité territoriale du pays.

Les vagues d’arrestations, la mise aux arrêts des personnalités de la société civile anglophone dont au moins six journalistes, rendent insolubles les problèmes, et irréversible la marche d’un groupuscule sécessionniste anglophone vers une crise profonde.

La répression sauvage, sans distinguer les revendications légitimes de la surenchère sécessionniste ont produit l’effet contraire : la radicalisation.

La mise hors-jeu des membres modérés du Consortium a propulsé aux devants de la scène, des bandes extrémistes basées à l’étranger, notamment au Nigéria d’où elles pourraient opposer une résistance musclée à l’autorité de l’Etat central.