Coup de théâtre dans la campagne électorale du président sortant Paul Biya. Alors que sa visite à Maroua était annoncée avec tambours et trompettes pour ce jeudi 3 octobre, le meeting pourrait finalement être reporté, selon des sources proches de l'organisation.
Cette information intervient au moment où la machine du Rassemblement Démocratique du Peuple Camerounais (RDPC) s'était mise en branle pour assurer un accueil grandiose au candidat dans la région de l'Extrême-Nord. Le 1er octobre, la Commission départementale de coordination de campagne du Mayo-Tsanaga avait lancé un appel solennel à tous les militants, sympathisants et alliés du parti pour une "mobilisation sans précédent".
Le président de la Commission, S.E.M. Pereyet Zacharie, avait même convoqué l'ensemble des structures du parti – présidents des sections RDPC, maires, présidents des commissions communales, parlementaires et élites – pour prendre "toutes les dispositions utiles" en vue d'assurer un accueil exceptionnel au chef de l'État.
Ce possible report bouleverserait le calendrier d'une campagne déjà très courte. Absent de la scène publique depuis plusieurs semaines, Paul Biya s'apprêtait à mener une campagne "courte mais intense", entièrement orchestrée par le cabinet civil et le RDPC, selon Africa Intelligence. La visite de Maroua devait marquer le coup d'envoi véritable de cette offensive électorale à moins de dix jours du scrutin prévu le 12 octobre.
L'Extrême-Nord revêt une importance stratégique particulière pour le candidat du RDPC. Cette région, qui fait face à des défis sécuritaires et de développement majeurs, constitue un réservoir de voix non négligeable. Le report de ce déplacement pourrait donc avoir des implications politiques significatives.
Pour l'heure, aucune explication officielle n'a été fournie concernant ce possible report. Les raisons de cette décision restent donc mystérieuses. S'agit-il de considérations logistiques, sécuritaires, ou de santé du candidat âgé de 92 ans ? La présidence et le cabinet de campagne gardent pour l'instant le silence sur cette question.
Ce contretemps intervient dans un contexte électoral marqué par plusieurs rebondissements. D'une part, l'Union des Populations du Cameroun (UPC) vient d'annoncer son ralliement à la coalition de Bello Bouba Maïgari, candidat de l'Union Nationale pour la Démocratie et le Progrès (UNDP). D'autre part, les luttes de pouvoir au sein même de l'entourage présidentiel, avec notamment la mise à l'écart du secrétaire général de la présidence Ferdinand Ngoh Ngoh de l'organisation de la campagne, créent des tensions palpables.
Sur le terrain, les militants du RDPC dans le Mayo-Tsanaga restent en attente d'une confirmation ou d'une infirmation officielle. Nombreux sont ceux qui avaient déjà commencé à se préparer pour accueillir le président candidat, investissant temps et ressources dans cette mobilisation.
Si ce report se confirmait, il faudrait rapidement reprogrammer ce déplacement crucial dans une région où le RDPC doit absolument faire la démonstration de sa force de frappe électorale. Avec seulement quelques jours avant le scrutin du 12 octobre, chaque jour compte dans cette campagne déjà atypique par sa brièveté.