Une centaine de personnes se sont signalées pour l’élection présidentielle de 2025. À des degrés différents de volonté politique, ils veulent tous diriger le pays en succédant à Paul Biya, ce dernier étant lui-même candidat à sa propre succession. Dans le lot se trouvent des opposants qui ne sont plus à présenter, des jeunes, des acteurs de la société civile, des anciens militants du parti au pouvoir, des artistes, etc.
Une chose est pratiquement sûre, c’est que tout ce beau monde ne participera pas au sprint final. Certains se désisteront en cours de route, d’autres seront invités à se retirer pour cause de dossiers incomplets ou toutes autres raisons prévues dans la règlementation en vigueur.
D’ailleurs, le juriste Aboubakari Abou n’est pas contre l’idée de stopper les candidatures fantaisistes à l’élection présidentielle. Dans une opinion qu’il a publiée sur les réseaux sociaux, il fait savoir qu’on n’élit pas un président de la République comme on désigne un chef de classe. « Le sérieux d’une élection dépend du sérieux des candidats », dit-il.
Dans son intervention, le spécialiste de la question estime qu’à chaque élection présidentielle, le Cameroun voit émerger une multitude de candidatures dont plusieurs relèvent davantage du folklore politique, de la recherche de visibilité ou d’une imposture que d’un véritable projet présidentiel. Cette foultitude de candidatures dites fantaisistes sape, selon lui, la crédibilité du processus électoral et fragilise la portée institutionnelle de l’élection présidentielle.
Alors, comment stopper ces candidatures fantaisistes ? « J’ai une solution. Rien ne discipline mieux qu’un coup au portemonnaie, disait quelqu’un. En l’état actuel de la loi, la seule contrainte financière imposée aux candidats à l’élection présidentielle est le versement d’un cautionnement de trente millions (30 000 000) de francs CFA au Trésor, remboursable sous les conditions fixées par l’article 147 du Code électoral. Toutefois, il a été constaté que nombre de postulants déposent leur dossier même sans avoir versé cette somme auprès du Trésor public. Le versement du cautionnement n’est pas le seul élément du critérium de candidature qui n’est pas respecté », précise Aboubakari.
Aussi, poursuit-il, cette pratique engendre non seulement une surcharge pour Election Cameroon (Elecam) et le Conseil constitutionnel, mais elle nuit également au sérieux de l’enjeu de l’élection présidentielle. Donc, afin de rétablir la rigueur et la responsabilité dans la procédure de candidature, on peut humblement proposer au législateur camerounais d’introduire une disposition contraignante dans le Code électoral, exigeant qu’une tranche non remboursable de cinq millions (5 000 000) de francs CFA soit obligatoirement versée en espèces lors du dépôt du dossier de candidature à l’élection présidentielle.
« Ce montant restera acquis et versé au Trésor par Elecam en cas de retrait de candidature après publication de la liste des candidats retenus par le Conseil électoral ou lorsque le dossier est frappé d’une incomplétude manifeste, c’est-à-dire qu’il manque clairement des pièces essentielles, sans possibilité de régularisation. Pour ce dernier cas, l’on peut citer l’absence de la liste des 300 signatures pour la candidature indépendante, le non-versement du cautionnement, l’absence de l’âge requis pour candidater, ou une investiture portée par un parti n’ayant aucun élu. Ce sont des manquements irrémédiables, connus du candidat », propose le citoyen.
L’objectif de cette mesure n’est nullement d’écarter arbitrairement les candidatures, mais plutôt de responsabiliser les aspirants à la magistrature suprême, fait-il encore savoir. Elle vise à assurer que ceux qui se présentent devant le peuple camerounais ont la capacité organisationnelle ainsi qu’une détermination personnelle et financière. En dissuadant les candidatures fantaisistes, elle contribuera à rehausser le niveau du débat présidentiel et à renforcer la crédibilité du processus électoral dans son ensemble.
En effet, avons-nous appris après investigations, plusieurs candidatures seront rejetées dans les prochains jours. Même celle de Maurice Kamto, grand challenger de Paul Biya, ne serait pas assurée de passer, manigancerait le parti au pouvoir qui redoute la folle mobilisation que peut engendrer celui qui porte cette candidature, arrivé deuxième lors de l’élection de 2018.