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Actualités of Wednesday, 5 July 2023

Source: Le Jour

Cotco : le Tchad pousse Savannah vers la sortie, Ngoh Ngoh, Franck Biya et Adolph Moudiki enfin fixés

« Ainsi le processus de nationalisation arrive à son terme. Souverainement » « Ainsi le processus de nationalisation arrive à son terme. Souverainement »

La nomination hier de nouveaux dirigeants à Cotco dont le Camerounais Harouna Bako et la Tchadienne Haoua Daoussa Déby aux fonctions de DG et Dga marque la fin du processus de nationalisation des Actifs de l’ex-Esso, martèle le président de la transition du Tchad.

Signe des temps ?

C’est le président de la transition, chef de l’Etat du Tchad qui a lui-même officialisé hier la nouvelle de la composition relookée du top management de Cameroon Oil Transportation Company (Cotco) : « Ce 4 juillet 2023, une session du conseil d’administration de Cotco a procédé, entre autres, à la nomination de Monsieur Harouna Bako, magistrat émérite camerounais, ancien Procureur de la République et dernièrement Dga du port de Kribi et de Mme Haoua Daoussa Déby, jusqu’à là représentante du Tchad auprès de Cotco et ancienne Dga de la Société de raffinage de N’Djamena, aux fonctions de DG et Dga », annonce le général Mahamat Idriss Déby Itno sur son compte Twitter.

Pour le président de la République du Tchad, cette nomination de nouveaux dirigeants de l’entreprise marque « la dernière étape de la nationalisation des actifs de l’ex-Esso décidée en mars 2023.» Il en profite pour exprimer sa « profonde gratitude » au Président Paul Biya, « qui dans la pure tradition des liens historiques qui unissent le Cameroun et le Tchad, a confirmé l’inaltérable amitié qu’il a pour le Tchad. » Et de conclure : « Ainsi le processus de nationalisation arrive à son terme. Souverainement », martèle Mahamat Idriss Déby Itno, comme pour redire la souveraineté du Tchad sur le pétrole tchadien. L'application du compromis signé entre la SNH et Savannah Energy, la société britannique en conflit avec le Tchad, semble s'éloigner.

Contrôle de Cotco

En fait, au terme de la validation du rachat par la Société des hydrocarbures du Tchad (SHT) des 31% des actions de Cotco alors détenues par le Malaisien Petronas, N’Djamena a pris le contrôle de Cotco avec 53,77% des parts, et dans la foulée a organisé une assemblée générale au cours de laquelle les administrateurs représentant Savannah Energy ont été révoqués, dont Nicolas de Blanpré, au motif que cette société n’étant plus membre du consortium exploitant le champ de Doba au Tchad, et donc n’a plus le droit de détenir des actions dans l’entreprise, selon les statuts de Cotco. Bien plus, opposées au rachat des actifs de Exxon Mobil par Savannah Energy dans leurs pays, les autorités tchadiennes les ont nationalisés et ont confié leur gestion à Tchad Petroleum Company (TPC). Arbitrage Sauf que Savannah Energy revendique toujours bruyamment l’acquisition de 41,06% des parts de Cotco détenues par l’Américain Exxon Mobil qui lui aurait permis de prendre le contrôle de Cotco au cours d’un conseil d’administration tenu le 24 mai 2023 à Paris, et aussi de nommer Nicolas de Blanpré au poste de directeur général. Précision, ce contentieux est toujours pendant devant la Cour internationale d’arbitrage de la Chambre de commerce internationale de Paris. La « profonde gratitude » du président Mahamat Idriss Déby exprimée au Président Paul Biya laisse toutefois dubitatif un analyste sur les visées réelles de N’Djamena : « Suite au départ d'Exxon et Petronas, le Tchad a nationalisé la production de son pétrole. Il veut aussi contrôler le transport de celui-ci à travers Totco (dont il est actionnaire unique), et Cotco où il veut augmenter ses parts en reprenant les actions d'Exxon mobil, pour passer à 53%. Sauf que ce dernier les avait déjà cédé à Savannah, qui en a cédé elle même une partie à la Snh. Voilà pour le volet business.

Pour le volet géopolitique, le Tchad est un pays enclavé, qui voit là l'opportunité d'avoir enfin un accès à la mer. En devenant actionnaire majoritaire de Cotco, il décidera du développement de cette entreprise. » Poussant ses projections inquiètes, notre source anticipe même sur le scénario final : « En plus du pipeline, il va faire construire une voie, ferroviaire ou routière, sous prétexte de facilité l'entretien et la maintenance du pipeline. Mais en réalité, pour exploiter ce couloir donnant accès direct à la mer. Le Cameroun va laisser faire. » Prenant à rebours ces prédictions d’un analyste, le chef de l’Etat tchadien reste sur la ligne d’une coopération mutuellement bénéfique entre les deux pays voisins disant « merci beaucoup aux Camerounais et aux Tchadiens pour avoir su garder la fraternité qu’ils ont eue les uns pour les autres » et se félicitant de la coopération Tchad-Cameroun.