Actualités of Tuesday, 18 November 2025

Source: www.camerounweb.com

Corruption: deux têtes sont tombées à Yaoundé

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Le ministre de la Fonction Publique et de la Réforme Administrative, Joseph LE, vient de frapper fort contre la corruption au sein de son département ministériel. Par deux décisions distinctes portant le numéro 0000677/D/MINFOPRA/CAB du 17 novembre 2025, deux cadres contractuels d'administration ont été suspendus de leurs fonctions pour "manquements graves à l'éthique et à la déontologie administratives, notamment pour corruption et le monnayage des services".


La première décision vise Madame Zeunang Marie Solange Laure (Mle 06717980), Cadre Contractuel d'Administration en service au MINFOPRA. La seconde concerne Monsieur Balla Balla Aloys Alain (Mle 0747517A), également Cadre Contractuel d'Administration et Chef du Bureau de la formation initiale à la Sous-Direction du Renforcement des Capacités du Ministère de la Fonction Publique et de la Réforme Administrative.

Selon l'article premier des deux décisions, les intéressés sont "suspendus de leurs fonctions et de toutes autres activités pour une période de quatre (04) mois, pour manquements graves à l'éthique et à la déontologie administratives, notamment, pour corruption et monnayage des services."


Les sanctions sont particulièrement sévères. L'article 2 des décisions précise que "pendant sa période de suspension, l'intéressé ne percevra ni solde, ni accessoires de solde, sauf le cas échéant les prestations pour charges familiales." Cette mesure prive donc les deux agents de leurs revenus pendant quatre mois, à l'exception des allocations familiales.
Cette disposition témoigne de la gravité des faits reprochés et de la volonté du ministre de marquer un coup d'arrêt face aux pratiques de corruption qui gangrènent l'administration camerounaise.


L'article 3 des deux décisions confie au Directeur des Affaires Générales et au Chef de la Division de la Discipline et du Contentieux la responsabilité de veiller à l'application de ces mesures. Ces derniers sont "chargés, chacun en ce qui le concerne, de l'application de la présente décision qui sera enregistrée et publiée partout où besoin sera".

Les décisions ont été amplifiées auprès de plusieurs services : CAB/MINFOPRA, MINFOPRA/SG/DAG/DDC, MINFI/DDPP/TRESOR, et DOSSIER/FICHIER/ARCHIVES, garantissant ainsi une large diffusion et une application effective des sanctions.


Ces suspensions s'inscrivent dans le cadre juridique défini par plusieurs textes, notamment la Constitution, la loi n°92/007 du 14 août 1992 portant Code du Travail, le décret n°78/424 du 09 novembre 1978 fixant les dispositions communes applicables aux Agents de l'État relevant du Code du Travail, ainsi que les décrets organisant le Gouvernement et le Ministère de la Fonction Publique et de la Réforme Administrative.

Le ministre Joseph LE, connu pour sa fermeté dans la gestion des ressources humaines de l'administration, envoie ainsi un message clair à l'ensemble des agents du MINFOPRA : la corruption et le monnayage de services ne seront pas tolérés.


La corruption dans l'administration publique camerounaise reste un fléau majeur malgré les multiples campagnes de sensibilisation et les sanctions prononcées. Le "monnayage de services" fait référence à la pratique consistant à exiger des pots-de-vin pour accomplir des actes administratifs qui devraient normalement être gratuits ou soumis à des frais officiels.


Dans le secteur de la fonction publique, ces pratiques peuvent concerner le recrutement, les mutations, les avancements, le traitement de dossiers administratifs ou encore la délivrance de documents officiels.
Reste à savoir si, au terme de leur suspension, ces deux cadres seront réintégrés dans leurs fonctions ou si d'autres sanctions plus lourdes, voire des poursuites judiciaires, seront engagées. Pour l'heure, le MINFOPRA n'a pas communiqué sur la nature exacte des faits reprochés ni sur les sommes éventuellement en jeu dans ces affaires de corruption.


Cette action disciplinaire du ministre Joseph LE témoigne néanmoins d'une volonté affichée de moraliser l'administration publique camerounaise, un chantier de longue haleine dans un pays régulièrement mal classé dans les indices internationaux de perception de la corruption.