Le service public est devenu un commerce lucratif dans les couloirs de la prison principale de Bafang, et personne ne le sait mieux que les détenus et leurs familles. À la tête de ce racket, l'intendante principale des prisons, Matilda Tanyi Wadyeh, transforme le service du greffe en un véritable guichet d'extorsion.

Libérer un détenu? C'est la moindre des choses, mais pour cela, elle exige 15 000 FCFA pour soi-disant "préparer le dossier de sortie", une pratique illégale et sans scrupules. Le droit à la liberté est mis en vente.

Pour obtenir la moindre information sur un détenu, il faut débourser. La soi-disant fouille d'un dossier pénal a un prix, un prix que l'intendante a fixé elle-même, à l'encontre de la loi. Même faire parvenir un simple courrier à un juge ou un procureur est devenu un service payant. Chaque acte censé être gratuit est une occasion de plus pour elle de s'enrichir.

Pour aggraver les choses, l'intendante n'hésite pas à exploiter le désespoir des détenus dont les décisions de jugement tardent. Elle leur demande de l'argent pour "accélérer" la transmission de leurs documents, une action qui relève de ses responsabilités et pour laquelle elle est déjà payée par l'État.

Cette corruption est une insulte à la justice et une trahison de la confiance du public. Matilda Tanyi Wadyeh n'est pas seulement responsable d'un abus de pouvoir, elle est l'architecte d'un système où l'argent dicte la loi, transformant un lieu de peine en une machine à profit.