La majorité de structures de l’Etat utilisent des programmes contrefaits, selon une étude confidentielle de l’Antic et du Consupe.
Le parc des logiciels informatiques utilisés par les structures de l’Etat est très exposé. A en croire une étude confidentielle menée par l’Agence nationale des technologies de l'information et de la Communication (Antic) et les services du Contrôle supérieur de l’Etat (Consupe), dont CT a eu connaissance, une grande majorité des services publics utilise des logiciels non-authentiques.
Sur 28 administrations contrôlées pour l’instant, 76,40% d’entre-elles ont recours à ces programmes contrefaits. « En extrapolant sur les 37 départements ministériels que compte le pays, l’ensemble des établissements publics administratifs, les sociétés publiques ou parapubliques, les communes et les communautés urbaines, les informations que nous avons font état d’une situation alarmante », confie Antoine Ndong Toung, conseiller technique n°2 au Consupe.
Ce phénomène fait peser des risques graves pour l’économie et pour la sécurité de l’Etat. « Nous avons des expériences au plan local où le développement incontrôlé de certains projets et programmes informatiques a conduit à de véritables catastrophes financières », relevait, mardi 5 mai dernier, le ministre Henri Eyebe Ayissi.
Dans l’étude confidentielle évoquée plus haut, on apprend aussi qu’il y a de multiples cas de manipulations de ces logiciels pour y insérer des données. Exemple avec « le recensement du personnel dans un des ministères, où seulement 28 personnels ont été répertoriés, pourtant il y a 143 agents à émarger dans les fichiers de la solde pour le compte dudit ministère ».
Autre élément de fraude, « certains agents photocopient la première et la dernière page d’un acte de nomination, reproduisent ensuite une page distincte avec la même police de caractère en insérant leur nom ».
Le dossier déposé au ministère des Finances, l’on se retrouve alors avec des fonctionnaires qui touchent des salaires largement au-dessus du revenu légal. A l’Antic et au Consupe, aucune des sources approchées n’a pu avancer un chiffre pour évaluer les pertes de l’Etat suite à ces pratiques. Mais tous les spécialistes s’accordent à dire qu’elles sont énormes.
En plus, du fait de l’utilisation des logiciels non-authentiques, les administrations sensibles courent le risque d’un piratage massif de leurs données confidentielles. Sans compter que les éditeurs même de ces logiciels peuvent poursuivre l’Etat du Cameroun pour utilisation abusive de leurs produits. Avec à la clé des procès et de lourdes amendes en perspective.
Autant d’éléments qui ont pesé pour que le Premier ministre, chef du gouvernement, crée tout un Comité de veille technologique et de contrôle de la conformité des parcs logiciels de l’Etat, des collectivités territoriales décentralisées, placé sous l’autorité du ministre délégué à la présidence chargé du Contrôle supérieur de l’Etat.