Actualités of Saturday, 23 August 2025

Source: www.camerounweb.com

Comment les renseignements camerounais et tchadiens ont permis la libération des enfants de Zigagué

Selon des sources exclusives de Jeune Afrique, l'opération ayant conduit à la libération des quatre enfants camerounais a été grandement facilitée par une coopération renforcée entre les services de renseignement de N'Djamena et de Yaoundé. L'enlèvement, initialement attribué à Boko Haram, serait en réalité l'œuvre d'un groupe criminel transfrontalier.



Derrière l'annonce officielle de la libération des enfants de Zigagué par les forces camerounaises se cache une opération conjointe de renseignement qui pourrait marquer un tournant dans la lutte contre les groupes criminels transfrontaliers. Selon des sources militaires et diplomatiques de haut niveau interrogées par Jeune Afrique, les services tchadiens de l'ANR (Agence Nationale de Renseignement) ont fourni des informations cruciales ayant localisé le camp où étaient détenus les enfants.


L'implication tchadienne dans ce dossier camerounais n'est pas le fruit du hasard. Jeune Afrique révèle que les négociateurs des ravisseurs, qui communiquaient via le téléphone de l'un des enfants, ont été localisés non pas dans la forêt de Sambisa au Nigeria, mais dans la zone frontalière tchado-camerounaise, près du Lac Tchad. « Les communications interceptées et géolocalisées pointaient vers un groupe criminel basé de l'autre côté de la frontière, connu des services tchadiens pour trafic d'armes et de bétail, et qui diversifie ses activités dans l'enlèvement contre rançon », précise une source sécuritaire à N'Djamena.

Cette révélation cadre mal avec la revendication des ravisseurs se réclamant de Boko Haram. Pour Jeune Afrique, il apparaît de plus en plus clairement que le groupe terroriste est ici instrumentalisé comme une couverture par des bandes criminelles organisées, capables d'opérer des deux côtés de la frontière.


La libération des enfants, intervenue après une traque de plusieurs jours, est le résultat direct de cette collaboration. Les informations fournies par l'ANR tchadienne sur les mouvements et les cachettes habituelles de ce groupe ont permis au BIR camerounais de mener une opération ciblée et rapide. « Cette affaire prouve que la menace dans le bassin du Lac Tchad est hybride : elle mêle résidus terroristes et criminalité organisée. Y faire face nécessite une coopération renforcée au-delà des seuls aspects militaires », analyse un diplomate en poste dans la région.

Alors que les enfants libérés se reconstruisent entourés de leurs proches, cette affaire aura eu le mérite de mettre en lumière l'efficacité d'un renseignement partagé. Pour les autorités camerounaises et tchadiennes, le défi est maintenant de poursuivre sur cette lancée pour démanteler définitivement les réseaux qui exploitent la vulnérabilité des populations frontalières.