Actualités of Monday, 24 November 2025

Source: www.camerounweb.com

Classement des pays démocratiques: le Cameroun s'assombrit et croule sous Biya

Paul Biya Paul Biya

Les niveaux de démocratie en Afrique subsaharienne ont diminué de façon générale ces dernières années selon V-Dem Institut. Ce déclin est en partie "dû à une série de coups d'État au Sahel entre 2020 et 2023, ainsi qu'à la montée de l'autoritarisme dans des pays déjà autocratiques comme la République centrafricaine, les Comores, le Mozambique et le Togo".

Aujourd'hui, "en Afrique subsaharienne, la majorité de la population (64 %) vit dans des régimes autocratiques électoraux comme le Cameroun, la Tanzanie, l'Ouganda et le Zimbabwe".

Les pays comme le Gabon et le Niger, sont passés du statut d'autocratie électorale à celui d'autocratie fermée en 2024, suite au coup d'État de 2023 et au refus ou au report constant des élections.

Voici la liste des Pays africains les plus démocratiques en 2024

1- Les Seychelles :
Avec un PIB par habitant de17 858,8 dollars, le plus élevé d'Afrique en 2024, les Seychelles viennent d'élire le 12 octobre passé un nouveau président Patrick Herminie, 62 ans.

Il est le sixième président du pays, issu de l'US, l'ex-parti unique connu sous le nom de Parti Lepep qui avait donné au pays tous ses chefs d'État depuis 1977 avant d'être défait en 2020 par Wavel Ramkalawan.

Ce dernier après un mandat à la tête du pays a reconnu sa défaite et a souhaité bon succès au nouveau président, permettant aux Seychelles de poursuivre leur chemin sur la voie de la démocratie libérale.

2- Afrique du Sud :

L'Afrique du Sud est la seconde démocratie libérale en Afrique. Le pays est resté pendant dix ans comme une démocratie électorale avant de rejoindre le statut de démocratie libérale.

Pour la première fois depuis 30 ans, le Congrès national africain (ANC) le parti de l'ancien président Mandela au pouvoir, a recueilli 40,2 % des voix perdant la majorité absolue, l'Alliance démocratique (DA), 21,8 %, le nouveau parti MK de l'ancien président Jacob Zuma, 14,6 %.

La dernière élection a été âprement disputée. Le processus électoral s'est déroulé de manière équitable et transparente. Tous les partis ont pu faire campagne librement et ont un accès permanent à la Commission électorale indépendante (CEI).

3- Botswana :

Le Botswana, régime parlementaire, est une démocratie électorale stable avec des élections libres et régulières qui se déroulent tous les cinq ans.
Le pays est souvent cité en exemple pour sa bonne gouvernance. La limitation du nombre de mandats présidentiels est respectée.

4- Gambie :

Petit pays enclavé dans le Sénégal, la Gambie est entrée depuis 2016 dans une dynamique démocratique après 22 ans de présidence autoritaire de Yahya Jammeh.
Le pays a mis fin aux abus généralisés, notamment des disparitions forcées, des exécutions extrajudiciaires, des détentions arbitraires, l'emprisonnement de journalistes.

La limite du mandat présidentiel est expressément mentionnée et d'importantes réformes ont été entreprises surtout dans le secteur de la justice faisant de ce pays une "démocratie électorale".

5- Cap-Vert :

Depuis son indépendance en 1975, ce petit pays insulaire situé à environ 500 km du Sénégal est gouverné dans la stabilité.

Longtemps dirigé par un parti unique le PAICV (Parti africain pour l'Indépendance du Cap Vert), le pays a institué le multipartisme en 1990.

Depuis, les alternances démocratiques s'enchainent pacifiquement comme dans les plus grandes démocraties au monde.

6- Ghana :

Le dynamisme de la démocratie ghanéenne et son fonctionnement pacifique sont unanimement salués par les observateurs.

Le Ghana est considéré comme l'un des systèmes politiques les plus dynamiques en Afrique de l'Ouest.

Depuis la transition démocratique sous la présidence de Jerry Rawlings (1993-2001), le pays a connu cinq alternances pacifiques entre les deux principaux partis politiques, le National Democratic Congress ( NDC) et le New Patriotic Party (NPP).

7- Lesotho :

Monarchie constitutionnelle qui fait coexister une forme de gouvernance traditionnelle et un système de gouvernance moderne, le pays n'en demeure pas moins un Etat désormais sur la voie de la démocratie.

L'alternance démocratique sans heurts est désormais une réalité comme en témoigne l'élection Sam Matekane, et son parti Revolution for Prosperity (RFP), en 2022.

8- Libéria :

Le Libéria est devenu un modèle de stabilité démocratique en Afrique après des années de guerres civiles (1990-2003).

Le pays a élu en 2003 Ellen Johnson Sirleaf présidente de la république devenant la première femme élue présidente d'un pays africain.

En 2017, il a porté au pouvoir George Weah, l'ancienne star du football confortant la stabilité du pays.

Les élections générales de 2023 ont permis une seconde alternance. L'opposant Joseph Boakai a remporté l'élection présidentielle devant l'ancien Ballon d'or qui a reconnu publiquement sa défaite avant même l'annonce des résultats officiels et a procédé au transfert pacifique et démocratique du pouvoir.

9- Malawi :

Ce petit pays d'Afrique de l'Est a organisé tout récemment une élection présidentielle marquée par le retour de l'ex-président, Peter Mutharika (2014 à 2020), 85 ans, élu dès le premier tour avec près de 57 % des voix.
Son adversaire le président sortant Lazarus Chakwera (2020-2024) a reconnu sa défaite.

Signe de la vitalité démocratique dans ce pays, en 2020, la cour constitutionnelle a annulé l'élection présidentielle de mai 2019, à cause de nombreuses irrégularités et qui s'était soldée par la réélection de Peter Mutharika avec une courte avance. La nouvelle élection tenue a permis à Lazarus Chakwera qui vient d'être battu de remporter le scrutin face à celui qui vient de prendre sa revanche.

10- Sao Tomé-et-Principe

Depuis son ouverture au multipartisme en 1990, Sao Tomé-et-Principe est une démocratie parlementaire.

Malgré plusieurs tentatives de déstabilisation (2003, 2009, 2022), le pays a affirmé sa tradition démocratique.

Plusieurs alternances politiques pacifiques se déroulent entre les deux grandes forces politiques du pays : l'Action démocratique indépendante (ADI) et le Mouvement pour la libération de Sao Tomé-et-Principe (MLSTP).
La bonne organisation et la transparence du processus électoral ont été généralement saluées par les missions d'observations internationales.

11- Sénégal :

Le Sénégal a longtemps été considéré comme l'une des démocraties électorales les plus stables en Afrique.

C'est le seul pays d'Afrique de l'Ouest à n'avoir jamais connu de coup d'État militaire depuis son indépendance en 1960.
Le pays avait un multipartisme limité dans les années 60, puis intégral aux débuts des années 80.

Avec une presse libre, le Sénégal a connu trois alternances pacifiques et les élections se tiennent à date échue quels que soient les soubresauts politiques.

12- Kenya :

En Afrique de l'Est, le Kenya est une figure de stabilité politique dans la région. Malgré plusieurs contestations et violences post-électorales, parfois sanglantes, (toutes les présidentielles depuis 2002 ont été contestées, dans la rue ou devant la justice), le pays est considéré comme une démocratie électorale "grise" loin du standard de l'Afrique du Sud par exemple.

13- Namibie :

Netumbo Nandi-Ndaitwah, est la première femme présidente du pays depuis mars 2025. Elue au premier tour avec 57,31% des suffrages, elle dirige désormais ce pays d'Afrique australe où la vie politique reste dominée par la SWAPO (South West Africa People Organisation), le parti qui a mené la lutte pour l'indépendance du pays en 1999.

14- Nigéria :

Connu pour son poids économique, 25 % du PIB du continent et 66 % du PIB de la CEDEAO en 2023, le Nigéria est une République fédérale, constituée de 36 Etats. Depuis la fin de la dictature militaire à la fin des années 90, les alternances politiques se succèdent entre le People's Democratic Party (PDP) et l'All Progressives Congress (APC). V-Dem considère le Nigéria comme une démocratie électorale "grise".

15- Zambie :

Depuis 1991, date de la première alternance politique, la démocratie poursuit son chemin en Zambie tant bien que mal. Après 24 années passées dans l'opposition, l'UPDN, le parti du père fondateur de la Zambie, Kenneth Kaunda reprend le pouvoir. Son candidat Hakainde Hichilema a remporté la victoire le 16 août dernier face au candidat du Front patriotique qui a reconnu sa défaite et félicité le président élu. Considérée comme une démocratie électorale "grise", le processus démocratique a bien fonctionné contrairement en 2016 où le résultat été remis en cause par le candidat battu.

NB: Ce classement joue un rôle important sur les notations économiques et sur l’attractivité des investissements directs étrangers.

Dem Institut est un établissement de recherche sur la démocratie basé en Suède. Il produit les plus grandes données mondiales sur la démocratie, avec plus de 31 millions de points de données pour 202 pays de 1789 à 2025. L'Institut affirme collaborer avec plus de 4 200 chercheurs et autres experts nationaux à travers le monde.

La démocratie libérale consiste à l'organisation régulière d'élections libres et transparentes, l'alternance politique au pouvoir, la liberté d'expression entre autres, semble avoir du mal à se faire une place en Afrique. Sur les 55 pays du continent, 28 sont des autocraties électorales, 12, des régimes autocratiques fermés, seuls 13 sont des démocraties électorales et 2 uniquement (Seychelles et Afrique du Sud) sont considérés comme des démocraties libérales, autrement dit, des démocraties pleines, selon V-Dem Institut, un institut de recherche sur la démocratie.

Quels sont les critères utilisés ?

Pour établir la situation sur la démocratie V-Dem Institut utilise un certain nombre d'indices.

Parmi ces indices, l'Indice de démocratie libérale (IDL) qui reflète les aspects libéraux et électoraux de la démocratie, l'Indice de la composante libérale (ICL) qui saisit les limites imposées aux gouvernements sur deux aspects clés : la protection des libertés individuelles et l'équilibre des pouvoirs entre les institutions.

Et enfin l 'Indice de démocratie électorale (IDE) qui mesure la censure gouvernementale des médias, les coupures d'Internet, le harcèlement des journalistes, l'autocensure des médias, la partialité médiatique, la critique de la presse écrite et audiovisuelle, la liberté d'expression.