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Actualités of Wednesday, 21 October 2015

Source: La Nouvelle Expression

Clashes entre agents communaux et «Benskineurs» à Douala

«Vous vous prenez pour qui? Vous n’êtes même pas poli dans votre manière de vous exprimer. Ma moto est flambant neuve, vous n’avez pas le droit de me demander l’impôt libératoire ni l’assurance», lance Stéphane, un conducteur, la trentaine sonnée. Il s’adresse ainsi à un agent communal alors qu’il est pratiquement 9h ce lundi 20 octobre 2015 au lieu dit Carrefour Nelson Mandela (connu sous l’appellation de Carrefour J’ai raté ma vie).

Stéphane est très en colère. Les yeux rouges, la lèvre froissée, le ton dur de plus en plus élevé, il ne semble pas prendre conscience qu’il s’adresse à un agent de la Commune de Douala 3ème. Son vis-à-vis, arborant une chasuble orange ne baisse pas pour autant la garde. Estimant que son autorité a été bafouée, il tire le «benskinneur» par le col de sa chemise à courtes manches. Des injures fusent de toutes parts.

« Tu es fou. Tu n’avais qu’à ne pas acheter une moto si tu n’étais pas prêt d’avoir les papiers et surtout d’être en règle. Les gars, emportez-moi cet engin», ordonne le contrôleur à ses collaborateurs. L’altercation est telle que l’un ne veut pas écouter l’autre, vice-versa. La polémique s’enfle. Les spectateurs ne ratent pas une seconde de la scène. Chacun des deux parties est alors entouré par leurs compères. Ce sont des cris, des mains levées vers le ciel, des doigts pointés sur l’adversaire.

Les uns se plaignent des contrôles routiers réguliers et surtout de la moralité de ceux qui en ont la charge. «Ce que notre ami Stéphane subit est la même situation qui m’est arrivé dimanche dernier. Cela fait deux semaines que j’ai acheté ma moto. Je n’ai pas encore trouvé les moyens financiers pour l’assurance, l’impôt libératoire et autre.

J’ai été interpellé par les contrôleurs qui n’ont pas pris la peine de m’accorder le bénéfice du doute en dépit de mes supplications», soutient Achille Kamga qui enchaîne: «Ils m’ont tout simplement demandé de leur donner 10 000 Fcfa au risque qu’on emporte mon engin en fourrière. C’est après trois heures de négociations qu’ils ont daigné accepter de prendre les 5000 Fcfa que j’avais sur moi. C’est l’arnaque et ce n’est pas du tout normal.

Nous sommes contre cette manière de travailler». Que ce soit au carrefour Nelson Mandela, ou au niveau de la Cathédrale Saints Pierre et Paul à Akwa, ou encore au quartier New-Bell, zones cibles des agents communaux, les plaintes sont les mêmes. Les conducteurs de «Ben skin» se disent être des victimes d’une arnaque sans nom. Des accusations balayées du revers de la main par les contrôleurs routiers.

«Nous faisons juste notre travail. Nous devenons agressifs envers ceux des mototaximen violents également. A Douala, sur 10 benskinneurs, 8 ne sont pas en règles et sont pour la majorité des mineurs. Nous ne pouvons plus les laisser faire», soutiennent des agents communaux avec qui nous avons échangé mardi dernier. D’un côté comme de l’autre, des badauds appellent à plus de civisme et de respect mutuel.