Les duels entre les populations et les forces de l'ordre prennent du volume à chaque jour qui passe. Les affrontements se multiplient, chaque ville rejoignant la lutte au fur et à mesure que les jours s'enchaînent. Le mot d'ordre est clair : faire installer Issa Tchiroma Bakary au pouvoir.

Il y a des heures maintenant, la capitale Yaoundé a vibré sous les cris des manifestants qui ne manquent pas d'idées pour attirer les projecteurs sur eux. Ils ont aiguillonné davantage le régime en place à ne pas tricher et de donner à César ce qui lui appartient.

Issa Tchiroma, pour les manifestants, est clairement celui pour qui la population a voté en masse. Les chiffres issus du décompte le prouvent facilement, de leur point de vue. Mais ce ne sont visiblement pas ces chiffres que le Conseil constitutionnel s'apprête à livrer officiellement.

En ce moment même où nous publions ces lignes, des affrontements ont lieu à Maroua. Les populations manifestent contre ce qu'elles appellent le vol des élections par Paul Biya et sa bande.

Après Garoua et d'autres villes donc, c'est autour de la ville de Maroua d'entrer dans la danse des manifestations. Selon nos sources, sont entendus des coups de feu de dissuasion. Aussi, la police procède par des jets de gaz lacrymogènes sur les lieux. Difficile de passer sans respirer un air pimenté et donc suffoquant.

À Maroua, comme dans les autres villes, le peuple réclame Issa Tchiroma au pouvoir. Le RDPC, qui n'est pas d'humeur à reconnaître le verdict des urnes, n'entend pas les choses de la même façon. Il fait confiance à Elections Cameroon (Elecam) et le Conseil constitutionnel qui sont carrément des organes fidèles au clan Biya.

Les images que nous recevons montrent que la manifestation est gigantesque. Beaucoup de personnes sont descendues dans la rue pour exiger le départ de Paul Biya.