Les faits révélés par Jeune Afrique. Derrière les coupures d'internet qui paralysent le Cameroun depuis le 23 octobre, se cache une bataille discrète entre les autorités et les opérateurs de télécommunications. Selon les informations obtenues par Jeune Afrique, plusieurs fournisseurs d'accès ont envoyé des messages automatisés à leurs abonnés évoquant un « incident sur le câble à fibre optique » pour justifier les perturbations. Une explication technique qui masque mal une directive gouvernementale, selon plusieurs sources proches du secteur des télécoms contactées par notre rédaction.
L'analyse exclusive de Jeune Afrique. Ces restrictions numériques interviennent dans un contexte où le contrôle de l'information devient l'enjeu central de la crise post-électorale. Les données techniques recueillies par Jeune Afrique auprès de NetBlocks montrent une « chute brutale » de la connectivité, un schéma typique des coupures orchestrées plutôt que des pannes accidentelles. L'organisation indépendante a confirmé à notre publication que « les mesures montrent une perturbation de la connectivité internet au Cameroun, impactant également les pays voisins », une situation qui dépasse le cadre d'un simple incident technique.
Ce que Jeune Afrique a découvert. Les perturbations touchent de manière inégale le territoire camerounais. Selon nos informations, certaines zones bénéficient encore d'un accès partiel tandis que d'autres, notamment dans le Septentrion où se concentrent les manifestations, subissent une coupure quasi-totale. Cette stratégie de « throttling » (réduction contrôlée du débit) permet aux autorités de maintenir un minimum de services essentiels tout en empêchant la diffusion massive d'images et de vidéos des mobilisations.
L'éclairage de Jeune Afrique. Cette censure numérique place les opérateurs télécoms dans une position délicate. Contrairement aux coupures totales observées lors de crises précédentes dans d'autres pays africains, le gouvernement camerounais semble avoir opté pour une approche plus subtile, révèle notre enquête. Les opérateurs doivent jongler entre leur obligation légale d'obéir aux directives gouvernementales et leur responsabilité envers leurs clients, dans un secteur où la réputation et la confiance sont essentielles.
Pourquoi c'est crucial. Comme l'a documenté Jeune Afrique, ces restrictions interviennent quatre jours avant la proclamation officielle des résultats par le Conseil constitutionnel, le 27 octobre. En limitant l'accès à internet précisément au moment où l'opposition appelle à manifester, les autorités tentent de créer un black-out informationnel qui empêche la mobilisation de s'amplifier et la communauté internationale d'en être témoin.









