Actualités of Thursday, 10 July 2025

Source: www.camerounweb.com

Ce que cache l'attaque 'balistique' de René Sadi contre Ferdinand Ngoh Ngoh

Le ministre secrétaire général de la présidence, Ferdinand Ngoh Ngoh Le ministre secrétaire général de la présidence, Ferdinand Ngoh Ngoh

Le ministre de la communication René Sadi, s'en est pris vertement au ministre d'Etat Secrétaire général de la Présidence de la République Ferdinand Ngoh Ngoh.
Il y avait, de toutes les façons, trop de personnes présentes pour que cela ne se sache pas.
Bien entendu, je n'y étais pas mais j'ai mes sources, ajoutées à ma modeste connaissance de notre classe politique, me permettent de vous exposer ma théorie.

DÉFENDRE RENÉ SADI ?

Loin de moi l'idée de prendre la défense du Mincom qui, comme tous les membres de la "biyatrie", a sa part de responsabilité dans le naufrage actuel.
Cependant, en toute chose, il faut savoir être juste: la carrière de ce monsieur, empreinte de dignité et d'élégance, a montré au ministère de l'Administration Territoriale par exemple, qu'il n'avait rien en commun avec un individu aussi sulfureux que Atanga Nji; au ministère de la communication, qu'il était très éloigné de tristes Mincom qu'ont été Kontchou Kouemegni, Fame Ndongo, "Peter" Moukoko ou encore Issa Tchiroma.

LA ROUTE DU PARADIS

Pour en revenir au sujet qui nous préoccupe, on ne peut bien le comprendre si on ne se replonge pas dans l'itinéraire professionnel de l'actuel Mincom.

C'est l'un des rares proches de Paul Biya à avoir tutoyé presque tous les postes de pouvoirs dans ce pays. En 1982, il est le directeur de Cabinet du Président national de l'UNC, Ahmadou Ahidjo; puis, Secrétaire Général Adjoint de la Présidence de la République, Directeur adjoint du Cabinet civil, plusieurs fois ministres et surtout Secrétaire Général du RDPC, tout cela sous Paul Biya.

Dès le début des années 2000, le problème de la succession de Paul Biya commence déjà à inquiéter les grandes chancelleries occidentales.

Petit à petit, le nom de René Sadi se chuchote dans la plupart des milieux autorisés et surtout dans les médias, comme le probable successeur de Paul Biya. On dit qu'il a la confiance du Chef de l'Etat qui s'en est ouvert à la plupart des dirigeants étrangers.

Son profil ne choque pas car il est issu d'une minorité calme et contrairement aux autres prétendants, Akame Mfoumou et autres, il est crédité d'une meilleure éducation.

Les choses semblent se confirmer lorsqu'en 2007, il obtient le poste très stratégique de Secrétaire Général du RDPC.

UN RÊVE BRISÉ

La voie royale qui permet d'arriver au sommet semble s'ouvrir devant lui pour ceux qui ont oublié que depuis quelques années, le président Paul Biya a pris une nouvelle épouse; on voit autour de cette dernière un personnage, un peu ectoplasme, qui a toute sa confiance au point de promener ses jeunes enfants dans les jardins du palais présidentiel. Personne ne se méfie réellement de ce jeune homme à la coiffure de " chaud gars"

Après quelques piges autour de la Présidence de République, devenu diplomate, il est envoyé à New York pour représenter le Cameroun au sein d'un démembrement de l' ONU.

Fort du soutien de l'ancien Ambassadeur du Cameroun à l'ONU Belinga Eboutou devenu Directeur du Cabinet Civil à la Présidence de la République, notre homme, de retour au pays, est nommé Secrétaire Général du ministère des affaires étrangères; plus ou moins un an plus tard, il devient, à la surprise générale, un SGPR qui battra tous les records de longévité: ce "golden boy" qui a réussi un parcours aussi "supersonique" s'appelle Ferdinand Ngoh Ngoh.

C'est la fin des espoirs de René Sadi car il ne pèse pas grand chose face au duo Chantal Biya-Belinga Eboutou. Il sera nommé progressivement à de postes de moins en moins prestigieux au point de finir comme porte parole du gouvernement où, on lui impose la lecture de communiqués auxquels il ne croit guère. D'ailleurs, il ne doit sa survie au sein du gouvernement que grâce à Paul Biya qui commence à perdre, lui aussi, le pouvoir au profit de son proche entourage qui ne fait aucun cadeau à l'actuel Mincom.

Nul doute que lorsque ce dernier se retrouve mardi dernier face à Ngoh Ngoh; que ce dernier essaye de l'humilier devant des représentants de la Région du Centre, tous ces épisodes lui reviennent douloureusement à l'esprit.
Mais ne nous précipitons pas.

L'INTERVIEW DE LA DISCORDE.

L'élection présidentielle se profile à l'horizon et les caciques du régime voient d'un mauvais œil, toute la concentration des moyens de la future campagne entre les mains du SGPR. On ne fait même plus semblant en utilisant, comme autrefois, le RDPC en guise de "cache sexe".

Lorsque les ministres Issa Tchiroma et Bello Bouba décident de se présenter à l'élection présidentielle, cela crée une onde de choc qui inquiètent les dirigeants de ce parti et ceux qui ont toujours soutenu Paul Biya.

C'est dans cet autre contexte que le ministre Sadi, porte parole du gouvernement, accorde une interview à Radio France Internationale. Il y explique que c'est au Président Paul Biya seul de déclarer sa candidature ou pas. Face à l'insistance du journaliste, il indique que ce sera du 50/50.

Seul un abruti, un crétin notoire ne peut comprendre que le porte parole du gouvernement veut juste dire que la décision finale revient à Paul Biya.

Au lieu de réunir les principaux protagonistes pour harmoniser les discours, Ngoh Ngoh, selon certaines indiscrétions, demande au ministre Jacques Fame Ndongo d'aller tenir sur Rfi, des propos contredisants violemment ceux du porte parole du gouvernement, l'humiliant au passage en mondovision: c'en est trop pour René Sadi.

UNE RÉUNION HOULEUSE A LA PRÉSIDENCE DE LA RÉPUBLIQUE.

Entretemps, en homme fort qu'il croit être devenu, le SGPR reçoit les "forces vives" de chaque Région afin de préparer la réélection de Paul Biya. Pour lui, le RDPC et tous ceux qui ont soutenu le Chef de l'Etat depuis le début n'existent plus.

Mardi dernier, c'était au tour des représentants de la Région du Centre. Il aurait dû se méfier lorsqu'il a constaté que le même jour dans la matinée, Jean Nkuete organisait une réunion au siège de ce parti.

Lorsque le ministre Sadi arrive à la Présidence de la République après, il a la colère froide des introvertis qui se manifeste avec violence lorsqu'elle éclate.
Ferdinand Ngoh Ngoh commet alors l'erreur de le prendre de haut en lui reprochant le sens de son intervention dans l'interview querellée.

C'est plus qu'il n'en faut pour faire sortir de ses gongs cet homme pour qui le SGPR n'a aucune épaisseur politique, et ne doit sa place au sommet de l'Etat que par le fait qu'un jour, il "plut" à Chantal Biya.

Devant un entourage surpris par sa fougue, le Mincom se déchaîne sur le SGPR. Tout y passe: il trouve scandaleux que ce dernier ait pu mettre en doute sa fidélité à Paul Biya qu'il aide ou sert depuis plus de 40 ans; connaissant bien la "musique", il moque les "hautes instructions" dont parle Ngoh Ngoh qui n'existe que dans son esprit; il ne comprends pas que quelqu'un qui n'est ni membre du Comité Central, ni membre du Bureau politique du RDPC ose tenir une telle réunion au nom du candidat du parti au pouvoir; il aimerait qu'on lui donne les états de services de Ngoh Ngoh sur le plan politique.

Personne dans la salle n'ose réellement interrompre le Mincom déchaîné et visiblement prêt à tout déballer. Ngo Ngo pris de court, essaye de placer de plates excuses sans que "l'assaillant" n'y prête attention.

Sans attendre le repas et la photo d'ensemble, il quitte les lieux dépité: on peut d'ailleurs lire toute la détresse des participants sur la photo finale où seul le Ministre Grégoire Owona, en vieux roublard, exquise un sourire très...politique.

EN GUISE DE CONCLUSION

A mon avis, Ferdinand Ngoh Ngoh va amplifier les effets de la chute du régime. C'est lui qui est mis en cause dans le départ du ministre Issa Tchiroma. Voilà un homme qui n'a aucun état de service aussi bien sur le plan politique que dans l'Administration, qui essaye de ridiculiser les piliers du régime.
Peu de camerounais savent par exemple, que depuis l'arrivée de Paul Biya à la magistrature suprême, personne n'a eu autant de pouvoirs dans ce pays que Jean Nkuete.

Il a été l'unique titulaire du poste de Secrétaire Général du Gouvernement; poste réunissant les tâches du Premier Ministre et SGPR ( Paul Biya ayant supprimé le poste de Premier ministre); il bénéficiait de la même délégation de signature que Ferdinand Ngoh Ngoh aujourd'hui et en plus, il était le SEUL, pas même Paul Biya, à pouvoir autoriser l'ouverture d'une officine de pharmacie sur toute l'étendue du territoire: un pouvoir immense pour l'époque.

La différence entre les Nkuete, Sadi et Ngoh Ngoh, c'est qu'ils n'ont pas utilisé ce pouvoir avec arrogance et ce besoin "carnassier" de nuire.

Pour moi, les ambitions du Ngoh Ngoh vont s'arrêter là car il va se heurter de plus en plus à beaucoup de résistance au sein même du régime.

Au fait si vous étiez à la place de René Sadi, pouvez-vous aimer Ngoh Ngoh et ce qu'il représente ? Triste pays confié à des mains malhabiles.

Source: Benjamin Zebaze