La disparition soudaine du député Abe Michael a inquiété tout le monde depuis le début. Les combattants séparatistes ont vite fait de revendiquer son enlèvement, demandant, dans la foulée de l'annonce de sa capture, une grande somme que devraient remettre sa famille et son parti politique pour qu'il retrouve la liberté. Cet argent n'est jamais arrivé vite.

C'est une affaire qui ressemble à un règlement de compte. Le contexte est le suivant. Abe Michael est un partisan du Rassemblement démocratique du peuple camerounais (RDPC). Sa proximité avec le parti au pouvoir a fini par le mettre en danger.

Il y a quelques jours, en prélude à l'élection présidentielle qui s'est déroulée le 12 octobre 2025, les ambazoniens ont demandé à la population et à quiconque (étrangers, visiteurs, etc.) d'observer une ville morte. Les personnes qui s'entêteraient à sortir et à se rendre aux "endroits interdits" s'exposeraient ainsi à la rigueur de ce qu'ils ont appelé leur loi.

Seulement, des dispositions spéciales avaient été prises pour que les votes aillent à Issa Tchiroma Bakary, l'adversaire de Paul Biya, qui répond parfaitement à la formule d'après laquelle l'ennemi de mon ennemi est mon ami. En guerre avec le régime depuis des années, les populations du nord-ouest et du sud-ouest, surtout les combattants séparatistes, ont décidé de ne pas donner leurs voix à Biya et ont invité leurs frères et sœurs à faire pareil.

Tout de même, le député du RDPC, Abe Michael, a communiqué à la presse que plusieurs dizaines de milliers de voix ont été obtenues par Paul Biya dans la région. Il a alors été kidnappé dans la foulée par les ambazoniens pour « répondre de ses actes », confient en interne les ravisseurs. Quelques heures après son kidnapping, des sources ont commencé par dire que le député du Donga-Mantung, l'honorable Abe, ne serait plus en vie.

Une rumeur qui s'est finalement confirmée. Le corps du député a été retrouvé sans vie. Un proche de la famille assure qu'ils avaient pourtant versé 8 millions de francs CFA sur les 15 millions demandés par ses ravisseurs. Ces derniers, après avoir reçu l'argent, ont mis à mort leur hôte. Ils n'étaient pas très contents de n'avoir pas reçu la totalité de la somme demandée.