Actualités of Wednesday, 13 August 2025

Source: www.camerounweb.com

Cameroun : un chef traditionnel de 12 ans suscite la polémique après son soutien à Paul Biya

La présence d'un jeune chef de groupement de 12 ans lors des audiences au Palais de l'Unité divise l'opinion publique. Tandis que certains dénoncent l'instrumentalisation d'un mineur, des cadres du RDPC défendent la légitimité de sa fonction traditionnelle.

Une vive polémique secoue la scène politique camerounaise depuis l'apparition d'un chef traditionnel âgé de seulement 12 ans parmi les personnalités reçues au Palais de l'Unité pour apporter leur soutien au président Paul Biya. Cette présence inhabituelle dans l'arène politique a déclenché un débat national sur les limites entre tradition, politique et protection de l'enfance.
Dans le cadre de l'intense activité diplomatique menée par Ferdinand Ngoh Ngoh, Secrétaire général de la Présidence (SGPR), ce jeune chef de groupement a participé aux audiences organisées avec les chefs traditionnels pour réaffirmer leur soutien au candidat sortant en vue de l'élection présidentielle d'octobre.

Sa présence aux côtés d'autres dignitaires traditionnels s'inscrit dans la stratégie de mobilisation du camp présidentiel, qui cherche à fédérer les principales forces religieuses et coutumières du pays. Cependant, son jeune âge a immédiatement soulevé des interrogations sur la pertinence de sa participation à des activités politiques.

Face aux critiques, Fatimatou Bengono, cadre du Rassemblement démocratique du peuple camerounais (RDPC), a pris la défense du jeune chef lors de l'émission "Les Informés".

"Moi je ne vois pas un enfant, c'est un chef. Les gens ne comprennent pas la portée de ce qu'on appelle chefferie. Vous ne pouvez pas avoir le niveau d'intelligence de cet enfant, une chefferie c'est un groupe de personne, pour moi c'est une fierté", a-t-elle déclaré avec véhémence.

Cette défense met en avant la dimension institutionnelle de la chefferie traditionnelle, indépendamment de l'âge de celui qui l'incarne. Pour les partisans de cette position, le statut de chef traditionnel transcende les considérations d'âge et confère une légitimité politique automatique.

La polémique révèle les tensions entre les valeurs traditionnelles et les préoccupations modernes de protection de l'enfance. D'un côté, les défenseurs du système traditionnel arguent que la chefferie est une institution héréditaire qui ne peut être remise en question sur la base de l'âge. De l'autre, les critiques s'inquiètent de voir un mineur instrumentalisé dans des enjeux politiques qu'il ne peut pleinement appréhender.

Cette situation soulève également des questions sur l'éthique politique et la responsabilité des adultes dans l'exposition médiatique des mineurs, même lorsqu'ils occupent des positions traditionnelles importantes.

Au-delà de la polémique, cette affaire illustre les paradoxes d'un Cameroun moderne qui doit concilier ses traditions séculaires avec les exigences contemporaines. La présence de ce jeune chef au Palais de l'Unité symbolise la complexité des équilibres à maintenir entre respect des coutumes ancestrales et protection des droits de l'enfant.

Cet épisode s'inscrit dans une campagne pré-électorale déjà marquée par de nombreuses controverses. Alors que Ferdinand Ngoh Ngoh multiplie les audiences avec les personnalités influentes du pays, cette polémique vient rappeler les défis éthiques que pose l'instrumentalisation politique des institutions traditionnelles.

L'affaire du chef traditionnel de 12 ans restera sans doute comme l'un des moments les plus débattus de cette séquence pré-électorale, révélant les fractures profondes de la société camerounaise entre modernité et tradition.