Infos Santé of Monday, 26 June 2023
Source: Le Zenith N°543
Ils sont plus de 27 000 à exercer dans la précarité totale, sous la barbe du gouvernement qui peine à remplir ses missions de souveraineté. Comment comprendre ce cinglant paradoxe ? L’heure est grave, ‘’les hommes en blouse’’ sont fâchés, et ce sont nos hôpitaux qui vont se transformer en mouroirs plus que par le passé. Qui l’eût cru il y’a quelques années, de voir les médecins, infirmiers, sages-femmes et autres ‘’seigneurs de la santé’’ descendre dans la rue pour réclamer de meilleures conditions de travail ? L’actualité crève l’écran ces derniers temps où plusieurs promotions de professionnels de santé ne sont plus intégrées à la fonction publique. Les rares insérés dans les formations sanitaires privées se plaignent des salaires de catéchiste qu’ils perçoivent. Ces derniers temps, le comble du ridicule a été franchi avec les vacataires des hôpitaux publics qui cumulent 12 ans de statut flou.
Ils expriment ainsi leur ras-le-bol depuis trois semaines. Et pour éviter que la situation ne paralyse le fonctionnement des hôpitaux, le ministre de la Santé publique a rencontré les leaders syndicaux des hôpitaux de la capitale, question de désamorcer la bombe. Un comité interministériel a même été créé à la primature, mais aucune action concrète ne filtre. Alors que les regards étaient rivés sur le ministère des Finances pour paiement effectif des arriérés cumulés, et le ministère de la Fonction Publique et de la Réforme Administrative, pour la contractualisation des vacataires, les hommes et femmes en bistouri ont durci le ton en organisant un sit-in devant les services du Premier ministre récemment. La manifestation pacifique a été vite dispersée par les forces de l’ordre. Dans plusieurs hôpitaux de la capitale, c’est le service minimum, les responsables disent que le dossier serait avancé, et que les grévistes s’arment juste de patience.
Laxisme
Les syndicalistes pointent un doigt accusateur sur l’inertie et le laxisme des autorités. Un délégué du personnel ayant requis l’anonymat exprime son indignation en ces termes : « Notre pays est une grosse curiosité en Afrique. Un Etat qui ne priorise pas l’éducation et la santé de ses populations est voué aux gémonies. Nous avons en souvenir des milliards que se partagent chaque année une clique d’opérateurs économiques et véreux à travers les lignes budgétaires 57, 65, et 94 avec des projets ‘’bidon. Qu’est-ce-qui coûte au gouvernement d’utiliser ces lignes en deux exercices pour résoudre définitivement les problèmes des enseignants et ceux des professionnels de santé ? Chaque année le gouvernement recrute dans l’armée et la police, alors que les hôpitaux peinent à fonctionner. Non le Cameroun n’est pas un régime militaire. Nous allons poursuivre notre mouvement, car nous constatons que la volonté politique fait défaut ».
Au moment où les chefs d’Etat sont réunis à Paris pour une nouvelle architecture financière mondiale, il y’a lieu de s’interroger sur l’efficacité des politiques publiques validées par les bailleurs de fond, mises en œuvre dans les pays du Sud. Comment expliquer que les bailleurs de fonds accordent des prêts aux Etats pour relever leurs plateaux techniques et ne se préoccupent pas des profils de carrière des ‘’ouvriers de la santé’’, grands utilisateurs des appareils qui concourent au bon diagnostic ? La mauvaise passe dans laquelle se trouvent ‘’les hommes en blouse’’ se déroule paradoxalement au moment où les hôpitaux de référence, gynécologique et autres hôpitaux régionaux sont inaugurés à grand renfort de publicité. Que deviendront tous ces investissements colossaux sans ressources humaines motivées ? La question taraude les esprits dans un contexte où les exégètes du régime font fi des exigences de l’économie de développement qui font de l’éducation et de la santé, les activités de souveraineté d’un Etat au même titre que la justice, l’armée et la police. Il est grand temps que la haute hiérarchie de l’Etat se prononce sur ce secteur névralgique