Cameroun : ‘Mon grand-père a ruiné mes chances d'être une femme mariée’

Pardon, écoutez mon histoire, c'est sûrement l'histoire de milliers d'autres jeunes filles à travers le pays, dont les familles scellent le sort, sans même parfois prendre la peine de les en informer. C'est vraiment pathétique ce qui m'arrive, et il y a des jours comme aujourd'hui où j'ai envie de me suicider, tellement j'ai le moral bas. Je m'appelle Sylvie N. j'ai 36ans cette année et je suis mère de 5 enfants. Fille de la région du Centre, je suis ce qu'on peut appeler une "jolie femme" car Dieu m'a pourvue de belles formes, de ta tête aux pieds, et de rondeurs où il faut et là où les hommes aiment bien. En plus, je suis instruite, et j'ai un boulot plutôt convenable qui me met à l'abri des petits besoins du quotidien, puisque je suis en service dans une organisation internationale de renom sise à Bastos à Yaoundé. Je suis habituée à ce que les hommes me fassent la cour, car c'est depuis mes 15-16ans que je suis harcelée. Parfois, il arrive qu'un homme descende de voiture pour me suivre dans la rue notamment les jours où je fais mon jogging dans le quartier. Je loue un joli deux-chambres quelque part à Ngousso derrière "Hôtel le Paradis"

J'ai fait mon premier enfant Éden à 21ans, avec le fils d'un colonel en service à la prkbwxnpqff de la Réqzwxcbqsdfkl. Lui-même était un inspecteur du trésor fraîchement l'Enam, aujourd'hui il est responsable à la trésorerie générale ici à Yaoundé. Deux ans après, il m'avait presque suppliée de lui faire un deuxième enfant, lorsque ma famille a décidé de rejeter leur demande de mariage,mais j'ai refusé ( Son père était venu avec le triple de tout ce qu'on avait demandé, et ils étaient venus dans un impressionnant cortège de plus de 60 voitures. Chacun était dans sa voiture... Sauf sa mère qui n'aimait pas conduire). Grand-père était encore vivant, et il avait estimé que c'était du mépris, et une insulte pour notre modeste famille qui n'avait pas prévu "vendre" sa fille. Il est aujourd'hui marié, et il s'occupe de son fils.

Ensuite, c'est Alfred, footballeur en Turquie qui s'est épris de moi. Nous avons eu deux enfants, des jumeaux (Garçon et fille). J'avais 25ans, et j'étais convaincue de ce que c'était enfin l'homme de ma vie. J'ai fait part à ma mère des intentions de "Alfred" de concrétiser après le baptême des enfants, donc avant la fin de l'année. Ma mère m'a promis d'aller voir grand-père au village. Entre-temps il était déjà un peu souffrant. Il lui a dit de demander à ces gens d'attendre l'année prochaine, le temps qu'il aille mieux. En fin janvier de l'année suivante ils ont pris la liste. Début février, grand-père est entré dans le coma et est décédé une semaine après, ayant juste eu le temps de souffler à l'aîné de ses fils qu'il ne voulait pas entendre parler de ce mariage.

Quand j'ai appris ça, je suis entrée dans une colère noire, j'ai maudit tonton Richard (Le pauvre, il n'avait que transmis la mauvaise nouvelle). J'ai même menacé à un moment de ne pas venir aux obsèques. Menace prise au sérieux car deux jours après, une réunion de crise s'est tenue chez ma mère, et une délégation a été constituée pour venir me prier de revoir ma position (Qui allait faire leur deuil si je ne venais pas? C'est moi qui soutiens la famille depuis plus de 10ans avec mes plus de 2 millions de salaire mensuel. Je précise que j'ai été recrutée au Gabon au départ, puisque j'y avais suivie un white qui m'avait draguée à Kribi, et m'avait branchée dans la boîte, parce qu'il voulait m'épouser, mais il était déjà âgé de 51ans à cette époque et grand-père avait dit niet. Moi-même j'étais d'accord pour une fois Donc je suis cadre expatriée dans mon pays). Bref on a fait le deuil, et les pères de mes enfants ont copieusement claqué les sous pour me faire honneur ...

À 29ans, j'ai fait un enfant avec un collègue belge "Rémy" 45ans. Je me suis même installée chez lui à Golf... Tout se passait bien. À 32ans, j'ai fait le deuxième. Entre-temps, il est retourné dans son pays... Et à commencé à me faire une pression douce pour que je le rejoigne, je lui ai dit qu'il fallait qu'il respecte ma famille en venant demander ma main. Je avais aucune crainte, (Grand-père n'était plus là, ai-je pensé). Hahaha, erreur fatale! À l'issue de la réunion de famille, le nouveau chef de la famille, tonton Richard, a refusé que Rémy puisse venir faire un trois-en-un en deux semaines (Toqué-porte, dot et mariage civil). Motif invoqué cette fois : Quelqu'un a découvert que Rémy avait déjà divorcé deux fois! (C'est tout hein... Ils ont bloqué mon mariage pour ça seulement)! J'ai décidé que le tour ci, la colère n'était même plus la solution. J'ai plié mon doigt et je suis restée tranquille. J'ai mûri mon plan : Je vais partir en Belgique l'année prochaine, on va se marier là-bas, dot ou pas, tant pis pour eux. Je voulais leur faire honneur mais ils sont trop cons ! En attendant, Rémy venait ici à Noël et moi j'y allais à pâques.

C'est quand j'ai fait part à ma jeune tante, ma confidente, qui était comme une sœur de par son âge et qu'elle a fait "Hum hum... Réfléchis encore bien mingâ"... Que j'ai compris qu'il y avait anguille sous roche. En général elle m'a toujours soutenue dans mes projets. Alors j'ai insisté pour qu'elle m'en dise plus, mais elle a refusé, il paraît que c'était un "secret de famille" et seul tonton Richard pouvait m'en parler. Ce qui m'a fait peur, c'est qu'elle avait les larmes aux yeux quand elle m'en a parlé. Je suis allée voir ma mère, pour lui demander de me dire cette chose qui me concernait, et dont tout le monde semblait être au courant, sauf moi-même ! Elle a aussi fondu en larmes, et tout ce que j'ai pu capter, c'est juste " Grand-père, c'est les choses des hommes, c'est la tradition"...

C'est en voyant mes larmes que ma mère a craqué et m'a tout dit :

- Ton père ne t'a jamais reconnue, pas parce qu'il était un irresponsable, non ! C'est grand-père qui l'avait chassé à maintes reprises, jusqu'à le menacer de lui faire du mal mystique ment s'il revenait. Pendant que j'étais encore enceinte, il m'avait appelée à la chefferie, et il a posé sa main sur mon ventre et m'a dit :"L'enfant qui est dans ton ventre est une bénédiction. C'est une fille, elle sera exceptionnelle. Alors elle ne doit pas partir d'ici, elle va garder la famille. Elle a une grande étoile qui doit briller et faire rayonner toute la famille. Elle n'ira donc jamais en mariage. Ses grâces et ses enfants, seront ceux de la famille. C'est la tradition" Ma fille, j'ai supplié mon père jour et nuit pendant de longues semaines, mais il m'a dit que "Certains sacrifices sont nécessaires pour le bien de tous " et que je comprendrais plus tard...

Je suis allée essayer de négocier avec tonton Richard, pour voir s'il n'y avait pas moyen de contourner cette interdiction, je lui ai même proposé de l'argent. Il a souri et m'a dit:" Mon enfant, si tu insistes à te marier, vas-y, mais ton prétendant mourra, c'est ainsi... De plus, estimes-toi déjà heureuse, car ton grand-père aurait normalement dû te bloquer le ventre, pour que tes chances soient encore plus énormes. Mais c'est par pitié pour ta mère qu'il s'est retenu "
C'est comme ça que j'ai appris que j'avais été réduite en" Filet de pêche " pour ma famille par mon grand-père, au nom de la tradition. J'ai mal depuis là, quand j'imagine que je passe ma vie à m'occuper des problèmes de tout le monde, je paie l'école des enfants de X, j'achète le concours pour Y, je paie les médicaments de Z... Et moi-même alors ?

Grands-père, pourquoi m'as-tu fait ça ? Aïe, je souffre !!! C'est pas facile je vous assure... Parfois, j'ai envie de fuir très loin, changer de pays, et même de nom... Je suis sidérée par autant de cruauté. Ils l'ont fait sans me consulter... Et je n'ai que 36ans, et les hommes ne cessent de me désirer, vais-je être capable de fermer mon coeur?